CHAPITRE 29 : FATALITÉ

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Le ciel était gris et ombrageux

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Le ciel était gris et ombrageux. Quelques gouttes tombaient, amenant avec elles l'odeur du pétrichor, ou de ce qu'on pourrait appeler le « sang des pierres ».

Accroupit, les bottes enfoncées dans la terre devenue boueuse, je détaillais la pierre dans laquelle un seul nom avait été gravé, celui de mon père. Juste en dessous, était précisé son grade, ainsi que l'expédition qui lui aura coûté la vie.

Dans ce cimetière géant réservé aux soldats du bataillon, sa tombe était légèrement à l'écart, dans une rangée d'anciens gradés. Les autres étaient presque les unes sur les autres, et peu entretenus. Celle de mon père, en revanche, l'était.

Autour du granite, aucunes mauvaises herbes, que cela soit en son long, ou en son large. De même que les gravures étaient propres, contrairement à la plupart qui étaient brouillonnes et difficilement lisibles.

Lentement, mon bras se leva et mes doigts effleurèrent son nom. J'avais du mal à réaliser qu'il était là, juste en dessous.

Nous n'avions plus été aussi proches depuis plus de neuf ans.

Mon bras retomba lâchement le long de mon corps, tandis que mes yeux, eux, restaient fixés sur cette tombe. Je ne savais plus très bien quoi penser. Quoi ressentir.

J'avais même sérieusement hésité à me rendre ici, mais puisqu'Erwin avait annoncé la veille au soir que nous serions en repos en vue de notre retour d'expédition et de l'hivers qui approche -afin de permettre aux soldats de rendre visite à leur famille, et ainsi renforcer les rangs -je n'avais pas trouvé mieux à faire.

Petra était partie tôt ce matin, un sourire ravageur au visage et une valise à la main, surexcitée à l'idée de retourner à la ferme pour retrouver son père. Auruo, Gunther et Erd en avaient fait de même avec leur famille, comme grand nombre de soldats. La caserne était presque vide, désormais.

Ça me laissait au moins l'avantage d'être seule ici. Seule avec mon père.

Je soupirais, un nuage de brume sortant de mes lèvres gercées et s'élevant dans l'air.

« Il s'est engagé dans l'armée en 840, avant de mourir en héros en 844 ».

Mon père était donc mort durant mes dix-neuf ans. Déchiqueté sur un champ de bataille sans que je n'en sache rien, tandis que je luttais pour ma survie cinquante mètres plus bas. C'était digne d'une grande tragédie mélodramatique. Pourtant, mes yeux restaient secs, et mes sourcils froncés.

Tapotant la poche de mon pantalon, j'en sortit mon paquet de clope. Mes doigts -rougi par le froid et la pluie -sortirent agilement une cigarette de l'étui. Mais je ne l'amenai pas à mes lèvres tout de suite, concentrée sur le bruit de pas distinct qui retentissait derrière moi.

Inconsciemment, je baladais alors la clope entre mes doigts, comme je l'aurais fait avec un poignard, dans l'attente d'une intervention de sa part.

Mais il ne dit rien. Et je le devinais immobile dans mon dos.

[SNK-LEVI x OC] NOS CENDRES NOYÉESOù les histoires vivent. Découvrez maintenant