6. Carter

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Le soir venu, j'enfile un jean, un t-shirt noir et mes rangers avant de prendre mon sweat à capuche. La nuit est un peu fraiche et même si je sais que je n'aurais pas froid, il me permettra de rester dissimulé. Les membres de la fraternité ont redonné de sa splendeur à la maison quand j'ai passé le reste de la journée à dormir. Je la quitte sous leurs regards interrogateurs, mais aucun d'eux n'osera jamais poser la moindre question sur mes agissements nocturnes, me craignent bien trop pour avoir ne serait-ce la pensée de s'immiscer dans ma vie privée.

Après une bonne trentaine de minutes à rouler dans les rues bondées de Cleveland pour sortir de la ville, je gare mon 4x4 noir à l'adresse que j'ai mémorisée ce matin. Je me retrouve au milieu d'usines désaffectées, dans un endroit complètement désert que seule quelques vieux lampadaires en fin de vie éclairent, quand certains d'entre eux clignotent, et je souris.

Mason ne pouvait pas choisir un meilleur en endroit que celui-là. Des flaques d'eau éparses jalonne le sol bitumeux, aucun vis-à-vis, une désagréable odeur de métal rouillé pour accompagner la nuit.

J'éteins mes feux, coupe le moteur et sors de la voiture. La zone est, silencieux calme. Trop calme. Je récupère ma batte de baseball en bois qui a déjà prouvé sa valeur plus d'une fois dans le coffre avant de me poser avec nonchalance sur le capot de ma voiture. Et j'attends, une clope entre les lèvres, la fumée compacte pour seul source de distraction quand j'observe ses volutes s'étiré dans le ciel nocturne, avant d'être chassée par la brise fraiche.

Cinq minutes, quinze minutes, trente minutes... Et enfin, une vieille berline s'avance vers moi dans désagréable brut de ferraille et m'éblouit avec ses phares. Je tire une dernière taffe sur la troisième clope que j'ai allumée en attendant mon rendez-vous, jette le mégot un peu plus loin. L'homme d'une trentaine d'années sort de sa voiture et amorce avec prudence un pas après l'autre dans ma direction.

— J'allais justement appeler Mason pour le prévenir que j'aurais bientôt l'argent. m'informe-t-il avec une assurance feinte.

Il peut se la jouer cool, son comportement ne trompe pas. Sa voix tremble comme une feuille morte tout comme son corps. Il comble bien trop lentement la distance qui nous sépare avec crainte, et il a bien raison. Aucun retard n'est toléré et je suis ici pour le lui faire comprendre. Je fais tourner ma batte devant moi, joue avec ses nerfs déjà bien trop soumis à rude épreuve, avant de me redresser d'un coup quand j'ai assez perdu de temps, l'homme s'immobilise.

— Ah, mon petit Diégo. Tu as déjà trois jours de retard. je lui annonce d'une voix calme, me rapproche lentement de lui.

Je le domine de toute la hauteur, ma batte sur l'épaule, mon regard froid braqué sur lui quand la terreur s'imprime sur son visage, qu'il commence à transpirer à grosse goutte. Répugnant, aucun courage, aucune fierté qui s'est fait la malle bien avant de se retrouver face à moi

— Je sais, mais... J'ai eu quelques problèmes et...

Il essaie de s'excuser, mais je le coupe dans sa tirade. D'un seul coup puissant, ma batte s'écrase sur sa vitre qui explose en milliers de morceau. Le bruit du verre rompt le silence de la nuit, la colère s'empare de moi. Je frappe sur son capot, m'acharne sur chacune des vitres que je réduis en miette, détruis ses phares ainsi que ses rétroviseurs. Diégo est pâle, mais il sait qu'on ne plaisante pas dans ce milieu. Alors, il me regarde réduire sa voiture en épave, sans broncher, même s'il sursaute à chaque coup que sa voiture reçoit.

Lorsque j'ai finis de lui donner une leçon, un sourire carnassier et satisfait plaqué sur le visage, je reviens vers lui, retrouve mon calme apparent malgré mon cœur qui tambourine plus fort dans ma cage thoracique par l'effort que je viens de fournir

1. Et après ça, se relever.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant