Chapitre 51

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Lettre à Harper

Cher Harper Hayes

Oui je t'écris une lettre, et oui tu ne dois rien comprendre à ce qu'il t'arrive. Je ne sais pas exactement ce qu'il s'est passé, tu me le diras en temps voulu. Tout ce que je devine, c'est mon père y est pour quelque chose.

Je t'ai trouvé, gisant sur ton lit dans un sale état, mais tu respirerais. Tu respirais et tu respires toujours, tu es même en vie à l'heure où je te parle même dans un lit d'hôpital. Alors Harper, ne m'en veux pas pour ce qui va suivre, je t'en supplie.

Liam ne sait pas où tu vas. Il ne sait pas où tu es, ni ce que tu deviens pour le moment. Si je peux utiliser ma notoriété pour une fois, tu pourras suivre tout dans les journaux. Actuellement, je ne peux pas te dire ce qu'il va se passer. Je sais faire beaucoup de choses, mais lire dans le futur... Non, désolé.

Nate et moi sommes venu te voir avant ton départ. Mon départ de quoi, tu dois te demander. À ton réveil, tu vas être transférée en France sous la protection d'Eden, qui souhaite faire le voyage avec toi. Elle a prévu un tour du monde une fois que tu seras rétablie. Je crois qu'elle va mal, très mal, mais elle a besoin d'être seule. Elle m'a dit que Gareth n'aurait pas voulu qu'elle ne vive pas, alors elle va vivre pour lui.

En attendant son départ, elle va veiller à ton bon rétablissement. Quand tu seras comme neuve, tu iras à la faculté, en France, dans un cursus international. Tu te souviens de notre conversation ? Et bah tout pareil, mais pas dans le même pays. Là-bas, tu obtiendras ton diplôme en cinq ans, c'est ce qu'on appelle un master. J'ai réglé l'argent en avance, Henriette et Isaac me rembourseront au fil des années.

Quand tu auras ton diplôme, libre à toi de faire ce qui te chante. Ne crois pas que je t'arrache à ta famille, c'est faux. Pendant les vacances françaises, je te payerai tous les billets d'avions dont tu as besoin pour revenir voir tes parents et tes amis, ou les faire voyager jusqu'à toi pour que tu leur fasses découvrir Paris.

Je sais que tu ne comprends pas, que tu m'en veux peut-être, que tu es perdue, mais c'est normal. Liam veut faire un coup de pub sur ton accident dont il a l'air de bien connaitre les détails, utilisant nos fiançailles comme prétexte, mais je ne le laisserai pas faire. Je te protégerai, je ferai tout pour qu'on te laisse tranquille, quitte à devenir la marionnette de mon père en acceptant tous ces journaux de télévision ou ses interviews à la con.

En vérité, j'ai envie que tu m'en veuilles. J'ai envie que tu me détestes et que tu ne veuilles plus entendre parler de moi. Parce que je veux que tu vives ce que tu mérites de vivre, que tu repartes de zéro. Si tu savais comme je m'en veux. Sans mon enquête de merde qui ne m'a mené à rien de plus qu'à de la douleur, tu n'en serais pas là.

Je dois te dire ce que je te cache, même si maintenant je me trouve ridicule de ne pas te l'avoir dit. Peut-être que j'ai honte, au fond ? Mais est-ce que c'est vraiment ma faute au final ? Je ne sais pas, je suis tout autant perdu que toi.

Je crois que j'aimais Kabir. Ou alors, à force de se côtoyer, nous étions déjà plus ou moins ensemble. C'était inattendu, refoulé, mais c'est arrivé. Quand l'enquête a commencé, cette part toujours en deuil d'un amour impossible que je déteste a ressurgi, me rappelant Kabir et le désir que je me cachais, tout comme le désir que j'éprouvais et éprouve pour toi.

C'est malsain, c'est bête, mais Kabir comme toi, vous êtes deux personnes qui me sont interdites. Que je me suis interdit ? Je ne sais pas vraiment. Tout ce que je sais, c'est que j'ai embrassé Kabir. Et quand je t'ai embrassé plus tard, ça m'a rappelé le mal que ce simple geste a causé, et la tristesse que ça m'a coûté.

Je ne sais pas si je l'ai aimé ou si c'était de l'attirance purement physique à force. Je ne sais pas si je t'ai aimé ou si c'était de l'attirance purement physique. Mais là, en te voyant allongée dans ton lit d'hôpital tout en écrivant de la merde qui ne veux rien dire et que je n'arrive même pas à exprimer, je crois que je t'aime mais je fuis, comme toujours.

Parce que j'ai peur.

Mon cœur a cessé de battre en te voyant allongée sur ton lit. Mon cœur a cessé de battre quand j'ai reçu un coup de fil pour la mort de Kabir. Tout ce que je touche finit en tas de cendre.

Alors je considère la lutte que j'ai mené à chaque instant contre mon désir pour toi, je le considère comme une bénédiction, comme ce qui t'a permis d'échapper aux griffes de la mort. Si j'avais su, j'en aurais fait de même pour épargner cette peine à Kabir.

Parce que je t'aime et que je ne veux que le meilleur pour toi, je t'offre cette opportunité. Vis, trouve l'amour, réussis tes études, fais un métier qui te plait. Si tu ne m'en veux pas trop plus tard, ma porte est toujours ouverte et tu es toujours la bienvenue dans mon cœur. Mais avant ça, ne me contacte pas, ne prend pas de mes nouvelles, oublie-moi et mon connard de père. Trouve la paix, chéris tes souvenirs de Noah.

Cette lettre ressemble à un adieu, je le conçois, mais ce n'en est pas. Relis-la plusieurs fois pour comprendre ma démarche, et si tu ne comprends toujours pas, demande-le-moi dans quelques temps.

Je te souhaite le meilleur,

Greyson Myers.

The Embers -T2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant