Dans 9 mois, j'ai 17 ans, "On n'est pas sérieux quand on a dix-sept ans" a dit Rimbaud alors qu'il n'en avait que 15. Je commence à comprendre ce que cela veux dire, je n'ai rien vécu. Je dirai même que de mes 13 ans à aujourd'hui, je n'ai existé qu'environ un an, je n'ai assez de souvenir que pour une année. Dix-sept ans est mon âge le plus redouté, celui du presque adulte, celui du presque responsable.
Je me persuade à me dire que 17 ans est un âge comme un autre, mais le monde me laisse à croire que tout va changer, que tout sera différent. Dans neuf mois, je parlerai différemment, j'agirai bizarrement, j'aurai grandi.
Pourtant, de mes 13 ans à aujourd'hui, je n'ai pas changé, le même visage, le même sourire, les mêmes cheveux, les mêmes pensées. J'ai bien du mal à croire que dans neuf mois, je sois quelqu'un de différent.
Je ne doute pas que ce sera une meilleure version de moi-même, mais comment puis-je en être sûr si je ne sais pas moi-même si je suis une bonne personne. À 17 ans, ma sœur était amoureuse, elle vivait ailleurs, loin de moi et de mes pensées encore enfantines. Peut-être dans neuf mois, je serai cette personne mentalement loin derrière le monde terrifiant, plongé dans les tranquillisant de l'amour.
Ou peut-être serais-je ce presque adulte, presque déprimant, presque comme la société lui demande d'être. Je doute que cela sois possible, mais qui sait tout ce qui peut arriver en neuf mois.
Je place en mon idéal de 17 ans plusieurs personnages qui m'ont captivé dans certain roman. J'y pense bien souvent, se plaire, c'est devenir ce qui nous plait, et ce qui me plait, c'est vivre à travers l'existence des personnages non palpable.
Alors à mon moi de 17 ans, mon moi 9 mois plus vieux qu'il ne l'est déjà, je dirai "Bonne chance, nous ne sommes pas sérieux quand nous avons 17 ans."
