Grondement du tonnere
Si le signe des adieux sonne dans le ciel étoilé ; une lumière éternelle y brillera et qui nous mènera sur le chemin de nos faibles vies un jour pour que l'on puisse se revoir je penserai à toi ! tu t'en iras bien loin un jour. Je t'ai contemplé de ta gauche ; je t'ai contemplé d'en face, de ta droite. Était-ce des larmes ou bien des rires. T'es longs cheveux m'empêchaient de savoir, Yiwalo.
J'ai toujours pensé qu'un peu de bonne volonté et de persévérance ont tout réglé, que l'attachement ou l'amour pour une personne suffisait à faire grandir la relation et que les deux personnes impliquées suffisaient à faire d'elles une famille. J'ai toujours pensé qu'une mauvaise communication pouvait être corrigée, que les blessures, que les coups durs doivent être oubliés ou du moins compensés par les moments de complicité et de confiance. J'ai toujours pensé qu'on pourrait voir en moi mes réelles intentions, que le temps passé ensemble rendrait clair ma volonté de m'accrocher et mes efforts pour le faire. J'ai toujours pensé que deux personnes bien intentionnées, bien que différentes, pourraient donner le meilleur d'elles-mêmes et construire quelque chose de plus grand, de plus beau.J'avais tort. Toute la bonne volonté du monde ne suffit pas à réparer et à accorder les cœurs brisés. Tout l'amour qu'on porte pour quelqu'un ne peut le libérer de ses chaînes et tous les mots prononcés ou écrits ne suffisent pas toujours à exprimer le ressenti, la colère, l'impuissance, la déception de voir une personne proche s'éloigner. Je me suis battue. Mon arme a été l'acharnement, l'endurance, les remises en question. Aucune déception, aucune souffrance ne pouvait justifier pour moi le prix du lâcher, ce prix-là pour cette personne qui avait si souvent touché mon âme et chaque repli de ma vulnérabilité. Tant d'idées, de peine, de bonheur, de détails insignifiants partagés, tant de sourires échangés. Je n'ai jamais réussi à le faire, je n'ai jamais abandonné, je n'ai jamais réussi à être en colère bien longtemps et j'ai toujours sincèrement cru que mes efforts et ma volonté suffiraient, que c'était mieux ainsi. Que c'était ma façon d'exprimer mon amour, ma façon de dire : « Je tiens à toi, je tiens à nous, peu importe comment est le nous. » Ma façon de dire : « Peu importe les événements, nous sommes là pour l'autre et ça me suffit. »
Je n'ai pas été celle qui a coupé les ponts. Je n'ai pas été celle qui a tranché. Je n'ai pas eu ce courage. Et quand j'y pense, je me suis accrochée par amour tant de fois, voulu toucher son âme encore et encore et de tellement de façons, me disant que je nous devais bien ça. À lui et à moi. Mais peut-être qu'il était fond, l'acte d'amour était effectivement de choisir de prendre un chemin différent, d'évoluer, d'avancer séparément et de combler nos failles respectives autrement. Sainement, aujourd'hui, j'arrive à y croire et j'espère que ça sera toujours le cas demain. La blessure restera. Je me rassure et j'essaie de me consoler en me répétant que chaque expérience nous apporte quelque chose, que chaque personne qui entre dans nos vies à une influence sur celle-ci, qu'elle peut nous permettre d'en apprendre plus sur nous -mêmes, de dépasser nos limites et de nous rendre plus forts et résilients. Mais j'ose croire, malgré tout, que si des chemins se séparent, ils peuvent tout aussi bien se recroiser davantage et que les personnes qui les emprunteront ne seront plus la version pâle d'elles-mêmes. J'ose croire qu'il ne restera alors que ce qui les a unis, soit la complicité, la confiance, la simplicité. Lisez entre les lignes et vous comprendrez mieux la douleur de lire une peine.
C'était un soir ou je revenais du champ. Chantant les louanges du cultivateur aguerri j'aperçu une lumière resplendissante devant moi. Elle était si souriante que je me croirais dans un conte, elle était devant le grand puit du village. Je m'arrêtai pour me rafraichir un tout petit peu. Je n'arrivais pas à la fixer des yeux tellement ils brillaient comme des rayons du soleil. Après dégustation de l'eau fraiche portée par ses douces mains nous fîmes de plus amples connaissances. Elle se nommait Yiwalo. Bien heureux par la suite je me mis en route pour la maison. Cette nuit-là je ne cessais de penser à elle si gracieuse comme une bohémienne. Mais bon demain je repasserai au même endroit pour me rassurer si ce n'était pas un génie. Le lendemain soir à la période que la veille je passai pour encore me rafraichir. Mes doutes se sont levés, j'ai constaté quand je l'ai vu cette fois-ci puiser l'eau avec une tante maternelle. Enfin il le fallait bien. Des jours se sont passés et nos liens se serrèrent. Nous n'avions pas mal de choses en commun tous les deux ; nos rêves et ambitions. Je suis tombé sous ses charmes et l'idée de la faire mienne me hantait de jour en jour. Elle n'était pas en reste car moi aussi je l'intéressais de plus en plus. Un destin commun ; on se croirais dans une histoire d'amour. Mais nous étions loin de nous imaginer que ce qui nous attendait chamboulerait notre histoire d'amour.
La rentrée approchait à grand pas et je pensais déjà à notre séparation. Mais je garde espoir de la revoir dans un proche avenir. Après mon départ pour la grande ville je lui promis de revenir pour elle car j'y tenais vraiment à notre amour. Quant à Yiwalo, elle promit de m'attendre même si cela prendra une éternité. Ma mère m'avait dit qu'avant de demander une fille en mariage, il me fallait avant cela lui poser trois questions pour ne pas avoir de regrets plus car selon elle, se marier avec une fille n'est pas une décision à prendre à prendre à la hâte, une fois qu'il s'agit de mariage, son fils devrait s'interroger sur sa relation passée, sur ses projets futurs et sur ses parents, son histoire familiale et sa culture. Yiwalo et moi, nous étions comme élu et élue.
La vie en ville additionnée aux études n'était pas de tout repos. J'écrivais des lettres à ma bien aimée qui me répondait avec affection. Me donnant elle aussi de ses nouvelles et ceux du village. Si le temps pouvait suspendre son vol rien qu'un instant je serais le plus heureux des hommes. Mais hélas je ne peux que laisser le temps au temps.
Trois mois se sont écoulés après mon départ pour la grande ville. A partir de ce moment je ne recevais plus les nouvelles de ma bien aimée. Je commençai à me demander ce qui se passa vraiment au village. Je n'attendais vraiment qu'une occasion se présente pour m'y rendre. Pas un moment de répit vu que toutes mes pensées étaient confuses.
Enfin arriva le jour des congés semestriels. Je ne perdis pas une minute de plus et pris le premier car pour le village. Mon arrivé fut une surprise pour ma mère qui se réjouissait de mon retour parmi les siens. J'aurais aimé que mon père soit là lui aussi auprès de ma bonne mère ; mais hélas il est décédé il y'a de cela quelques années de courte maladie. Mais bon je ne dois plus m'attrister car ma mère comble déjà ce vide, ce qui est nous est inconnu nous effraie, mais en commençant par comprendre les autres, nous nous connaitrons nous mêmes. La fierté ne suffit pas à protéger les gens. Et la confiance des autres se gagne sur le terrain. La seule chose que l'on demande à une personne passible, être lui-même. Mais un idiot qui ne se connait pas ne peut fléchir face aux obstacles à ses rêves.
Après m'être installé je demandai d'après les autres membres de ma famille et de Yiwalo. Mère me dit par la suite que Yiwalo s'est fiancée il y'a deux mois avec le fils d'un ami à son père. Et plus grave sans son consentement. Un mariage forcé qui arrangerait seulement son père me dit ma mère. Je décidai moi-même d'aller vérifier cela.
L'idée de retourner à notre premier lieu de rencontre était la bonne. Je la retrouvai auprès du grand puit du village comme pour la première fois. Quand elle me vit elle fondit en larmes que je suis resté sans dire un mot. Après avoir essuyé ses larmes je lui demandais de m'expliquer ce qui se tramait derrière ce mariage.
Un jour interrompu. Reprenons la poursuite de nos rêves. En reliant les étoiles, il serait possible de dessiner une porte dans le ciel. La nouvelle d'un combat, perdre et devenir plus fort. Nous surmonterons cela pour un bonheur des plus merveilleux.
_Yilma, mon père je ne le reconnais plus, il veut me marier au fils de son ami
_Je le sais déjà ma bien aimée, mais que faire !
_Enfuyons nous, amènes moi avec toi et échappons à cette injustice.
_Que ferons-nous une fois échappé à l'échafaud !
_Je sais où trouver des finances, de quoi tenir un ou deux mois en ville !
_Mais tu serais bannie et je ne voudrai pas que tu coures ce risque !
_Si cela me permettait de vivre heureuse auprès de toi, je n'hésiterais pas.
A ses mots, elle posa sa tête sur ma poitrine et versa des larmes de joie. Quelques temps ensuite je la quittai bien plus tôt pour ne pas éveiller les soupçons de quiconque était contre nous. Je parlai de notre fuite à ma mère qui un instant soupira. C'est parce qu'on est imparfait qu'on peut puiser de la force de ses émotions. C'est grâce à ta liberté et à ton imperfection que tu t'épanouiras pleinement.
_Fils, tu es tout ce qui me reste, mais si cela peut te rendre heureux je ne serai pas contre ta décision, prends là et fuyez ce village dont son cœur noircit et se pervertit. Sois heureux, ne t'inquiète pas pour moi, je sais que je te reverrai un jour ou l'autre.
_Merci pour ton soutien mère, je t'aime beaucoup
Après quelques jours je décidai de suivre mon cœur. La fuite était la seule option.
Nous étions au bon milieu de la nuit, pas de clair de lune, il faisait aussi noir que la couleur d'un chat noir. J'attendais patiemment au point de rendez-vous. Après une longue attente, elle finit par arriver et nous voilà en route vers la ville, sans savoir en réalité ce qui nous attendait. Une nouvelle vie, peut-être même une aventure ambiguë nous attendais. Peu importe, nous le surmonterons au nom des liens fort qui nous unira aujourd'hui plus qu'hier et bien moins que demain. Il faut souvent s'accepter tel que l'on est et aller de l'avant. La peur permet de prendre des décisions, mais si elle vous domine, vous domine, vous devenez indécis.
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