LA RIVALE

14 0 1
                                    

La rivale

Je l'ai épousé en secondes noces.
Ce fût une décision irréfléchie et précipitée.
Frank avait déjà été marié et avait eu deux filles et un garçon de sa précédente union.
Tout nous opposait.
C'était le mec beau, admiré, bien dans sa peau, toujours entouré d'une nuée de filles et surtout, il avait un portefeuille bien garni.
J'étais cette fille-là, empotée, qu'on ne remarque pas souvent et je vivais dans de conditions difficiles.
Je n'avais pas eu de chance en amour.
Je me faisais toujours berner. Je me jetais tête basse dans une relation et j'en ressortais toujours le cœur en miettes.
Ma dernière relation avait été la plus difficile.
J'étais ressortie de là plus meurtrie que jamais.
J'envisageais même sincèrement de rejoindre les ordres.
Jusqu'à ma rencontre avec Frank !
Nous n'étions pas censés nous rencontrer car nous ne fréquentions pas le même milieu.
Était-ce un fait du hasard ou tout simplement le résultat d'une machination ? Je ne saurais le dire sincèrement.
Je servais dans un restaurant lorsque cet homme sophistiqué m'a fait un signe de la main
Mademoiselle, une tasse chaude s'il vous plaît.
Il m'a souri. Son sourire a illuminé ma journée.
Je ne me berçais pas d'illusions. Je ne pouvais que vivre de mes rêves.
J'ai été surprise trois jours plus tard de recevoir un grand carton de chocolat qui m'était destiné.
Outre le fait que j'aie toujours été reconnue comme une fille renfermée, ce cadeau posait tellement de point d'interrogation.
Qui était cet homme ?
Que me voulait-il ?
Le lendemain, c'était des fraises.
Un autre jour encore des pommes.
Ma collègue et amie Amina m'a regardée
Cet homme est fou de toi Carine.
J'ai secoué la tête
Il doit être malade.
Malade, oui, il l'était, de moi.
En fait c'est ce qu'il m'a fait croire durant les mois qui ont suivi.
J'ai été peu à peu prise dans cette toile qu'il tissait autour de moi.
Je ne voyais rien venir.
Pour moi, c'était extraordinaire
Je n'avais jamais cru même dans mes rêves Les plus fous qu'un homme pareil allait s'intéresser à moi un jour.
Il me faisait une cour discrète.
Il me donnait tout sans rien exiger en retour.
Amina trouvait que j'avais de la chance. Je ne devais pas faire la fine bouche et le laisser partir.
Je me suis réveillée un jour avec la bague au doigt
Qu'est-ce qui s'était passé ?
J'avais juste été aveuglée par tout cet argent et cette attention que je n'avais jamais connus.
Cerise sur le gâteau, Frank était charismatique.
Sa présence à elle seule exigeait le respect.
Il m'a parlé sincèrement de son précédent mariage qui avait été un fiasco. Son ex-femme l'avait trompé avec leur Cuisinier.
J'ai eu un haut le cœur, comment pouvait on tromper un homme pareil ? C'était inimaginable et même impossible.
C'était le mec parfait.
Je vivais mon idylle désormais sans me poser plus de questions.
Six mois plus tard, nous étions devant monsieur le maire.
Les choses étaient allées tellement vite que j'ai eu de la peine à croire que quelques mois s'étaient écoulés depuis notre rencontre. J'avais toujours eu cette impression de l'avoir connu depuis toujours.
Je n'avais jamais rencontré ses enfants. Il me disait que la présentation allait être faite au moment venu.
Ses enfants vivaient à l'autre bout de la terre avec leur mère, du moins c'est ce qu'il me disait.
Nous nous sommes installés dans sa grande maison après le mariage.
La pauvre servante avait désormais des personnes à ses ordres. C'est moi qui étais servie.
Quitter du caniveau au sommet, tel était désormais mon destin.
Je profitais pleinement de ma nouvelle vie.
Frank est revenu un soir
Liliane sera là demain.
J'ai sursauté
__ Liliane ?
__ Ma fille, je t'en ai parlé pourtant !
Il parlait rarement de ses enfants si bien que j'avais fini par me demander si ils existaient vraiment.
J'étais enfin contente de faire la connaissance de ma belle-fille.
J'ai mis les petits plats dans les grands pour son arrivée.
J'ai vite déchanté.

La première chose que je pourrais dire est que Liliane n'était pas une belle fille ordinaire. Elle n'était pas cet enfant là que je m'attendais à accueillir. J'avais l'image d'une adolescente maladroite, calme et effacée. Je me trompais lourdement. Liliane avait déjà vingt ans, soit huit ans de moins que moi. Elle était grande, avec des jambes interminables, des courbes qui auront rendu fou le plus coriace des eunuques. À ma surprise, Frank m'a dit l'avoir eue à dix-huit ans.
J'étais de plus en plus surprise.
Elle m'a à peine regardée.
Elle s'est accrochée au cou de son père pour lui donner un baiser langoureux.
Gênée, j'ai détourné la tête.
__ Liliane, voici Carine.
C'était tout comme présentation.
Liliane a éclaté de rire et a demandé au chauffeur de monter ses bagages.
__ Elle ne m'aime pas. Ai-je dit à Frank lorsque nous nous sommes retrouvés seul.
__ Je t'en prie Carine. Elle ne te connaît pas encore. Elle t'aimera. Ne t'inquiète pas.
J'ai secoué la tête. Frank ne comprenait pas.
Les jours qui ont suivi n'ont pas été de tout repos.
Sa sœur Camélia était restée avec leur mère, disait Frank.
Liliane, voyageait au gré du vent. Elle posait ses valises où elle était fatiguée.
Elle me dit un jour
__ C'est moi qui dirige cette maison Carine. Tu la fermes et tu observes !
La guerre était déclarée.
Je ne voulais pas de ça.
J'ai essayé de parler à Frank.
Comme à chaque fois, il m'a dit que je me faisais des idées.
Liliane l'avait bien dit : C'est elle qui gérait ma maison.
Elle a tout retourné jusqu'à la décoration.
J'ai voulu protester.
Frank m'a fait savoir que c'était sa fille et elle devait se sentir bien dans sa maison.
De jour en jour, je dépérissais.
Une belle- fille arrivait à me tourner en bourrique.
J'ai voulu faire la paix avec elle
__ Liliane. Je suis chez moi ici et...
__ Non. Non... tu es chez mon père. Pas chez toi. Ta maison est dans ce bidonville que nous connaissons toutes les deux. Reste là et ferme ta bouche !
J'ai hoqueté
___ Je suis sa femme et.
__ Oui officiellement mais tu n'as aucun droit ici. Si tu n'es pas contente, va-t'en !
J'étais très en colère pour me contrôler. Je lui ai appliqué une gifle retentissante. Je l'ai regretté
__ Je suis désolée Liliane, je...
Elle est sortie de la pièce en courant.
Trois heures plus tard, j'étais réveillée par un Frank fou de rage qui me demandait pourquoi j'avais voulu tuer sa fille. Il ne m'a pas laissée m'expliquer.
Il a dit que je n'étais rien et que cette maison était celle de sa fille et non la mienne.
J'ai compris ce jour-là que mon mariage était terminé. Je devais m'en aller.
Il m'a retenue en s'excusant. Non, il était en colère car j'avais blessé sa princesse.
Toute une suite d'excuses qui me laissait songeuse.
Liliane, ne m'a pas adressé la parole pendant plusieurs jours.
__ Je dois partir ai-je dit à Amine
__ Pour où ? Tu es folle ? Tu ne rencontreras plus jamais un homme pareil !
__ Amina, je vis un calvaire chez moi. Ma belle-fille se comporte comme la femme de la maison. C'est elle qui donne les ordres aux domestiques. C'est elle qui dit quoi doit être fait. C'est elle qui autorise qui doit entrer chez moi. Non. Pas chez moi. Chez Elle. Je ne sers que de décoration. Frank prend toujours son parti. Je dis toujours, j'insiste sur ce mot : TOUJOURS ! Pas une fois, il ne m'a accordé le bénéfice du doute. Si sa fille se blesse en respirant, c'est moi la responsable. Si sa fille se cogne l'orteil, c'est moi la responsable. Même ses rêves tordus, j'en suis tenue responsable.
__ Je suis sûre que tu exagères Carine
__ Tu n'as pas idée de ce que je ne peux pas décrire.
Amina ne pouvait pas comprendre.
Et moi non plus, jusqu'à ce fameux soir où j'ai enfin eu toutes mes réponses.
Je revenais de la ville. J'avais dit à Frank que j'allais rendre visite à ma mère pour quelques jours. Malheureusement, ma mère avait un autre programme. Je suis rentrée plus tôt que prévu. J'ai poussé la porte de ma chambre en criant
__ Je suis là chéri !
C'était l'horreur.
J'ai hurlé.
Liliane était dans mon lit avec Frank. Tous les deux étaient nus. Ils ont sursauté à ma vue.
Frank s'est levé en criant
__ Ce n'est pas ce que tu crois. Laisse-moi t'expliquer.
Je suis sortie en courant
Je n'avais pas une seconde à perdre là.
J'ai erré dans la rue durant des heures.
Mon mari couchait avec sa fille.
C'était hideux. Je ne voulais même pas y penser. Je n'avais jamais cru que ceci soit possible un jour.
J'en entendais parler dans les journaux mais pour moi, c'était des montages des personnes en mal de sensations.
J'ai pleuré. J'étais perdue.
Que faire ?
Où aller ?
J'étais consciente que je n'étais pas censé découvrir ce secret familial !
Comment un homme pouvait-il coucher avec sa propre fille ?
C'était inimaginable.
Je voulais me convaincre que j'avais rêvé.
C'était vrai.
J'ai passé la nuit dans la rue.
Je savais que plus jamais, je ne retournerais dans cette maison, mais qu'allais-je faire ?
Allaient-ils me laisser partir ?
Je suis allée chez Amina. Frank m'attendait là-bas.
Il a attaqué
__ Où as-tu passé la nuit ?
Amina, gênée nous a laissés

LES VICESOù les histoires vivent. Découvrez maintenant