Chapitre 2: Les mystérieux visiteurs

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De nos jours 

Alana 

La sonnerie de mon téléphone retentit. Je quitte mon oreiller pour tenter de l'attraper. 06:00. Comme d'habitude, je suis déjà réveillée, et chaque nuit, je continue de faire le même cauchemar. Je me dirige vers la salle de bain. Ça ne s'arrange pas, à ce que je vois : mon reflet dans le miroir est minable. Entre les poches sous les yeux, mes cernes plus sombres chaque jour, et mes cheveux qui semblent n'en faire qu'à leur tête, ne serait-il pas mieux de rester dans mon lit pour éviter ce carnage à tout le monde ?

Aujourd'hui, je vais voir une nouvelle dame qui a besoin de moi pour le ménage. La société pour laquelle je travaille m'a envoyé mon planning du trimestre. Je le fais défiler, et mes lèvres s'étirent quand je vois le nom de Madame Coraline Back. Je suis contente de terminer la semaine avec elle. Mon téléphone bippe, c'est Gary qui me demande de venir faire un extra ce soir. Je lui réponds avec un pouce. Pour me changer les idées, je range un peu le salon où j'ai laissé mes paquets de chips d'hier et des miettes. Pendant que je prends mon café, je sens une petite boule de poils se frotter autour de mes jambes.

— Chaussette, te voilà ! chuchotai-je. Où étais-tu passé ?

Je me baisse pour le caresser.

Je suis contente qu'il soit revenu ; cela faisait une semaine qu'il était parti, et ça m'a fait bizarre de rester dans cette maison toute seule. J'avoue que j'apprécie la solitude, mais j'ai mes limites, surtout à la campagne. J'ai bien compris qu'il n'est pas là pour moi, mais pour son pâté.

Je regarde l'heure, j'ai encore trop traîné. Je donne vite à manger au chat, et je file dans la salle de bain pour finir de me préparer.

Mon vélo à la main, je vérifie que tout soit fermé. Cette maison est vraiment grande, trop grande. Tous les mois, je dois faire le ménage complet dans les pièces inoccupées. Je n'en profite même pas, je suis tout le temps au travail.

Quelle idée t'est passée par la tête, maman... Une semaine après mes 18 ans, je suis sortie du couvent. J'ai accepté l'héritage de mes parents, et c'est la seule chose qu'elle m'a laissée après sa mort, alors j'essaye de la conserver au mieux. Quant à mon père, tout ce qu'il m'a laissé, ce sont des dettes, et j'essaye de m'en débarrasser le plus vite possible. Plus que 2 ans et 6 mois de travail acharné, et je pourrai voir la couleur de mon argent.

Je vais vraiment être en retard si je reste là. J'enfile mon casque et je me laisse pousser par le vent matinal.

Cette journée a été épuisante. Je pose mon sac sur le bar.

— Salut, Gary !

— Alana !

Il arrive en trombe.

— Tu me sauves la mise. Laurent m'a appelée, il a fait une intoxication alimentaire, j'allais être seul en salle ce soir.

— Ne t'inquiète pas, ça devrait être une soirée tranquille, lui répondis-je.

— Merci, tu es la meilleure !

Il me donne une petite tape sur l'épaule et repart.

Je souffle. Allez, c'est parti, mais je ne pense qu'à une seule chose : mon lit !

Il n'y a pas trop de monde ce soir, comme prévu. Il n'y a surtout pas les gros lourds qui forcent jusqu'à la fermeture pour aller boire un verre avec eux alors qu'ils ne tiennent presque plus debout. Je me rappelle qu'une fois, Gary m'avait escortée en voiture jusqu'à la sortie de la ville pour être sûr que personne ne me suive. Je me revois sur mon vélo, lui dire toutes les cinq minutes « c'est bon, Gary, merci, il n'y a personne qui nous suit », et lui qui ne faisait mine de rien entendre.

Entre les mondesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant