L'italienne

Chapitre 9

Au travail je ne tiens pas en place, toutes les cinq minutes je regarde l'heure. Je n'ai de cesse de penser à mon Adé qui doit se ronger les sangs, toute seule dans son studio. J'aimerais tant être à ses côtés, mais bon je dois prendre mon mal en patience. A plusieurs reprises, je me trompe dans la commande de clients et je leur fais répéter ce dont ils ont besoin, une première pour moi. Un manager qui me surveille du coin de l'œil depuis ma prise de service, me propose de changer de poste. En cuisine, je manque de me couper un doigt et fais brûler une tournée de petits pains. A bout de nerf, le manager me conseille de rentrer chez moi me reposer, avant de déclencher une autre catastrophe. Je saute sur l'occasion et cours me changer. Une heure plus tard, je sonne à la porte d'Adélaïde. Quand elle ouvre, j'entonne une de mes compositions originales :

* Joyeux moiniversaire, Adé, Joyeux moiniversaire, Adé, Joyeux moiniversaire, Adélaïde Joyeux moiniversaire.

* Moiniversaire ?

* Ben oui je trouve ça plus moignon que moisiversaire. Souffle vite avant que je me brûle les doigts.

* A trois : un, deux, trois.

Et nous soufflons ensemble sur une petite bougie plantée dans un cupcake volé dans le fastfood où je travaille. Elle mord dedans avec appétit et gratifie mon initiative d'un sourire éclatant. Elle m'embrasse et m'attire à l'intérieur, je résiste. Elle me regarde inquiète et demande :

* Qu'est-ce qui ne va pas ?

* Rien, il faut juste que je te dise quelque chose avant d'entrer. Elle prend l'air grave, je souris pour la rassurer. C'est à propos de ce midi mais pas seulement. Je ne veux pas que tu crois que tu n'es pas importante pour moi parce que tu l'es. Notre relation compte pour moi, c'est ce qui me fait tenir au quotidien. Si je ne t'avais pas mon existence serait bien terne, tu es mon rayon de soleil, elle glousse en reconnaissant l'allusion à une chanson d'amour un peu niaise. Je suis heureuse à tes côtés et c'est tout ce qui compte pour moi ,alors je profite de chaque instant et puis c'est tout. C'est pour ça que je ne compte pas les jours, les mois, les semaines qui passent. L'important c'est d'être avec toi ici et maintenant. Mais si c'est important pour toi alors JOYEUX MOINIVERSAIRE !! Et je brandis les courses que j'ai faites pour l'occasion. En plus, j'ai programmé mon téléphone pour ne plus oublier.

Elle me saute au cou, la larme à l'œil.

* Merci ma puce, moi aussi je m'excuse pour ce midi. C'était idiot de m'énerver comme ça.

* Autre chose, j'ai décidé de te présenter à mon petit frère. Je connais toute ta famille et tout ton univers à moi de m'ouvrir un peu. J'ai décidé de commencer par la personne dont je me sens la plus proche, Anthony.

Cette nouvelle semble la combler. Elle prend mes sacs et les dépose dans la cuisine. Lassée par tant d'émotions, je m'assois dans le canapé. Depuis le coin cuisine, elle me raconte sa journée et comment elle a envoyer paître une cliente un peu tatillonne, je ris. Elle débouche la bouteille de vin italien que j'ai apporté et viens me rejoindre avec deux verres, nous trinquons. Je finis mon verre en lui racontant mes prouesses en cuisine. Elle se moque de moi. Passant du coq à l'âne, elle me pose tout un tas de questions sur Anthony, elle a vraiment hâte de le rencontrer. Mes réponses sont entrecoupées de bâillements. Ne souhaitant pas abréger notre soirée, je me lève pour m'étirer. Oh j'ai la tête qui tourne, je me rassois aussitôt. Je n'ai pas l'habitude de boire, ça plus la fatigue de la journée : je ne tiens plus debout. Elle me propose de poser ma tête sur ses genoux, je m'exécute. tout en me caressant les cheveux elle me fait part de ses projets pour le mois prochain, je ne tarde pas à m'endormir, heureuse d'être ainsi blottie tout contre ma bien-aimée.