Chapitre 10

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A mon réveil, je m'aperçois qu'Adé est lovée tout contre moi, je sens sa respiration dans mon dos. Elle a préféré dormir avec moi recroquevillée sur le canapé plutôt que d'aller dans son lit, cette pensée me remplit de joie. Je profite de ce moment d'intimité avant d'aller préparer le petit-déjeuner. Une demi-heure plus tard, elle est réveillée par les effluves de café et de croissants. Elle s'étire et ouvre les yeux. J'aime la regarder, elle est si belle dans sa chemise trop grande d'où dépasse ses jambes dorées, ses cheveux en bataille lui donnent un air enfantin.
Nous dévorons, littéralement, notre petit-déjeuner : la veille aucune d'entre nous n'a mangé, nous sommes affamées. J'étais censée faire la cuisine mais je me suis endormie, nous condamnant l'une et l'autre au jeun.

Chose promise chose due, dès qu'Adélaïde part travailler, je rentre chez moi pour annoncer à mon petit frère la grande nouvelle. Anthony et moi avons 10 ans de différence : il a 11 ans et moi 21 et les dissemblances ne s'arrêtent pas là. Physiquement, nous n'avons rien en commun : je suis grande et élancée, d'allure sportive alors que lui est tout petit et chétif. Je suis noire, comme ma mère et lui ressemble à un maghrébin avec ses cheveux noirs bouclés et son teint très clair... les joies du métissage, que voulez-vous ? Ça n'empêche qu'il est le seul pour qui je n'ai aucun secret, il est très fort pour percer les gens à jour . Il est le premier à avoir remarqué mon changement d'humeur après ma première rencontre avec Adélaïde et je n'ai pas pu lui cacher bien longtemps notre idylle. Lorsque je lui dis qu'il va enfin la rencontrer il bondit de joie, je lui explique le programme des réjouissances : dégustation de glace puis balade dans le quartier de Montmartre .

Il est 17h, nous attendons Adélaïde à l'entrée de la galerie d'art où elle travaille. Elle ne tarde pas à nous rejoindre, je fais les présentations. Anthony semble conquis par sa beauté, il m'adresse un clin d'œil approbateur. La rencontre, que j'appréhendais un peu, se déroule à merveille. Les mangas et la photographie, les deux passions d'Anthony semblent n'avoir aucun secret pour ma dulcinée. Une fois de plus, je suis soufflée par l'étendue de sa culture, elle semble tout connaître sur tout. Elle fait le guide dans les rues de Montmartre et raconte une anecdote à propos de chaque rue et chaque bâtiment, je la soupçonne d'en rajouter un peu pour épater mon petit frère mais je ne fais aucun commentaire. L'appareil autour du cou, Anthony mitraille, tel un paparazzi. On s'amuse comme des petits fous. Vers 21h, nous nous arrêtons dans un snack pour commander des crêpes que nous mangeons sans cesser de discuter. Anthony interroge Adé à propos de l'Italie. Elle lui parle du petit village où vivent ses grands-parents , du soleil, des repas familiaux, de la convivialité ambiante. J'interviens :

* Comment ça se fait que tu aies choisi Paris plutôt que Milan ou Florence pour étudier l'art ? Elle hésite.

* L'Italie c'est... ma mère patrie, mon enfance, ma famille, mes vancances... Ma vie, elle, est à Paris et je ne l'imagine pas ailleurs. Sauf peut-être lorsque je serais vieille et ridée. Elle rit.

* Et puis si elle vivait en Italie, vous vous seriez jamais rencontrées et ça ça serait trop nul, donc c'est bien mieux qu'elle vive ici plutôt que là-bas ! Là, il marque un point.

Afin de ponctuer ses propos, Anthony glisse sa main dans celle d'Adélaïde et reprend sa marche d'un air décidé. Pour tout réponse, elle lui ébouriffe les cheveux et sourit.

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⏰ Dernière mise à jour : Apr 15 ⏰

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