CHAPITRE II

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Perplexe, j'avance sans réellement savoir où je vais. Je me demande si je n'étais pas née dans cet aspect-là, aurais-je existé ailleurs ?

Me noyant dans mes pensées, je tourne le regard vers cet arbre bien grand, tout en me demandant son histoire.

Je l'entends crier, d'un cri tellement muet qu'il réussit à briser mon cœur. Il me fait étrangement penser à une personne qui m'est familière. Que c'est étrange, je me vois dans cet arbre.

Je m'assieds auprès de cet arbre, et je me mets à parler. Je lui raconte à quel point cette vie est rude, mais qu'il ne devrait pas s'inquiéter parce que j'étais heureuse.

Je me lève, lançant un dernier regard à mon arbre tout en lui promettant de revenir, puis je continue ma promenade.

C'est étrange, dans la capitale, ils sont tous pressés. Comment vivent-ils leur vie en étant constamment pressés ?

Et d'autres, avec leur partenaire, vivent l'amour avec un grand A. La vie est rude mais belle.

Nous pensons constamment que certains ont de la chance dans ce monde plus que d'autres, et on oublie à quel point cette vie est merveilleuse. Elle te donne ce dont tu as besoin et ce que tu peux surmonter. Il faut juste savoir être heureux. Le suis-je vraiment ?

Je marche, puis je me mets à contempler la Seine, regardant les petits bateaux danser sur celle-ci. J'entends :

- Ces bateaux ne fuient pas, ils sont là à faire le chemin d'un point A à un point B, et toi, tu es beaucoup trop évasive.

Je le regarde d'un air très étonné, pensant que mon imagination me joue des tours. Je tourne les talons et continue ma balade.

- Attends, comment est-ce que tu t'appelles ?

J'étais bien consciente, c'est bien le monsieur du train. Je ne réponds pas, et je marche un peu. Puis je me demande pourquoi il voulait autant connaître mon prénom. Je me retourne et réponds :

- Des fois dans la vie, on veut tellement savoir des choses qui ne sont même pas censées croiser notre chemin. Une fois cette chose dans notre conscience, on regrette d'avoir été autant curieux et on espère ne jamais avoir croisé le chemin de cette chose.

Il répond :

- J'en déduis que tu ne veux pas dire ton prénom ? D'accord. Bonne journée.

Il tourne le dos, déterminé à continuer sa route. Me sentant menacée, j'ai soufflé, puis je lui dis d'un ton très confiant :

- Salma.

Il se retourne, il me sourit :

- Tu étais très philosophe tout à l'heure et là tu parles plus ? Moi, c'est Badr, psychologue sur Paris.

Je ne sais pas, mais un sentiment de sécurité me submerge. J'avais envie de lui parler, mais bon.

- Enchantée, bonne journée.

Dis-je, en reprenant ma balade tranquillement.

C'est étrange comment cette vie nous met des personnes sur notre chemin au moment le plus inapproprié, mais bizarrement ces personnes-là t'inspirent confiance et sont là pour te servir à quelque chose.

Mais lui, j'étais persuadée qu'il ne me servirait à rien. Sérieusement, que vais-je faire d'un psychologue ? Je suis heureuse, non ?

Peu à peu, je commence à ressentir une faim qui me contraint de m'arrêter dans un petit restaurant.

J'essaie d'éviter ces pensées qui me ramènent constamment vers Badr. Comment peut-on être d'une telle assurance, et avoir une telle présence ?

Je continue à manger cette pizza au blanc de poulet, pensant à mon passé. Pitoyable que j'étais, je me rends compte que j'étais seule.

Mais ne vous inquiétez pas, je reste heureuse.

Vivante mais invisible Où les histoires vivent. Découvrez maintenant