Au lac de Grangis

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Etienne et Claire sont jumeaux. Ils ont 13 ans.


Deux heures du matin, Etienne ne dort pas encore. Soudain il bondit de son lit et court réveiller sa sœur qui dort à l'autre bout de la chambre :

- Claire, réveille-toi ! J'ai une idée brillante ! Monumentale ! Géniale !

- Etienne, il est deux heures du matin ! Ton idée brillante peut attendre le matin, non ?!!

- Non, non, Claire, c'est maintenant qu'on doit agir. J'ai eu l'idée qu'on allait faire une expédition nocturne ! Imagine toutes les aventures qu'on pourrait vivre !

- Maintenant ?? Mais tu ne vas pas bien ! Il est deux heures du matin et...

- Nan mais imagine toutes les aventures qu'on pourrait vivre ! On irait au Lac de Grangis voir les petites cabanes de chasseurs !

- Etienne, c'est une idée un peu... énergique pour une heure aussi tardive. Mais... ça m'intéresse quand même là...

- Ah tu vois ! s'exclama-t-il triomphant.

- Mais chut ! On va se faire prendre ! Heu attends, on y va maintenant ?

- Bien évidemment ! Alors d'abord, on a besoin d'une lampe de poche pour nous éclairer. Hé hé... c'est l'heure de fouiller les placards du manoir, ajouta-t-il d'un air malicieux et rempli d'idées de bêtises.

- Une lampe de poche à deux heures du matin, vraiment ?

- Absolument ! On n'y vois rien du tout. Ah oui, et aussi un couteau, au cas où on se retrouverait face à des sangliers et des cerfs. C'est une expédition donc on doit être prêts à tout.

- Mais quelle mouche t'as piqué à deux heures du matin, fit Claire, soupirante mais assez contente. Allons trouver cette lampe de poche et ce couteau si important. Mais faisons vite avant que les adultes et les grands ne se réveillent.

Ils se glissent hors de leurs lits, descendent au rez-de-chaussée et commencent à fouiller discrètement les placards du salon et de la salle à manger. Soudain Etienne pousse un cri de victoire rapidement étouffé par une sœur furibonde :

- J'ai trouvé la lampe de poche ! Mission accomplie !

- Parfait, mais arrête d'hurler, abruti ! On va se faire prendre et bonjour les disputes après ! Moi j'ai pris mon Opinel, et j'ai trouvé la petite dague de Bon-Papa. Oh je pense ! Il nous faut des encas et de la ficelle au cas où on sera emmené par des brigands !

Très sérieusement, les deux garnements recherchent tout cet attirail pendant dix bonnes minutes pour finalement se souvenir que la ficelle se trouve dans l'établi du grenier et les encas dans la chambre. Dans la chambre car ils ont été victimes d'un mystérieux kidnapping assez improbable. Jamais ce ne seraient les deux complices de la fugue nocturne ! Jamais !

- Et bingo ! J'ai trouvé la ficelle. Elle fait parfaitement l'affaire. Et toi, tu as les encas, chuchote Etienne. Super ! Il ne manque plus que nos chaussures de randonnée.

- Et nos supers pyjamas de dinosaures, on les garde ? Parce que ça ne fait pas trop sérieux, ajoute sa sœur en riant.

- Bien sûr, c'est une expédition aux multiples facettes, dit Etienne avec un sourire malicieux. Bon, go, en route pour une super fugue !

Ils se dirigent vers la cuisine, lampe de poche au front, couteau à la ceinture, manteau sur les épaules, le courage dans l'âme prêts à affronter de multiples personnages fictifs de leur imagination.

Etienne et Claire avancent silencieusement à travers la forêt, leurs pas bruissant sur la couche de feuilles mortes étalées sur le sol. La lueur pâle de la lune crée des ombres assez terrifiantes à travers les branches des arbres qui se posent sur le sentier obscur. Ils utilisent peu leurs lampes frontales car la lune éclaire suffisamment leur chemin et ça préserve l'ambiance nocturne et mystérieuse de la nuit.

Les bruits de la forêt prennent une toute nouvelle dimension la nuit. Les cris lointains d'animaux nocturnes et le froissement des feuilles sous une brise légère les font frissonner légèrement, ajoutant une atmosphère irréelle à leur fugue. Éclairés par la lueur de leurs lampes, ils aperçoivent par moments des yeux brillants dans l'obscurité, témoignant de la présence d'animaux.

Après un moment, ils atteignent enfin les rives du Lac de Grangis. La surface de l'eau est calme, reflétant la clarté de la lune et des étoiles au-dessus. La tranquillité de l'étendue de l'eau, combinée au mystère de la forêt nocturne, crée une scène saisissante.

Étienne et Claire décident de s'installer au bord de l'eau, rangent leurs lampes frontales et profitent pleinement de l'obscurité apaisante. Ils écoutent le doux murmure de la nature nocturne, observent les reflets argentés dans le lac, et savourent l'expérience unique de cette expédition nocturne.

Ils restèrent ainsi pendant 2h. Puis Etienne se leva :

- J'ai trop froid, chuchota-t-il. Je rentre à la maison, tu viens aussi ou tu restes ?

- Je reste, je veux voir les canards et les cerfs boire l'eau. J'en profiterai pour les photographier car j'ai pris l'appareil.

- D'accord. Reviens avant 7h, sinon tu vas te faire prendre par les grands. Ils ont décidé de faire une course d'orientation avec les cousins dans la plaine jusqu'au lac, en passant par la forêt de Grangis.

- Pas de problèmes ! A toute à l'heure alors !

- Salut !

Etienne partit en courant légèrement. Sa silhouette se fondit avec la nuit encore bien présente et disparut aux yeux de sa sœur. Restée seule avec la couverture laissé par son frère, elle s'y emmitoufla et alla se mettre sous un buisson pour se préserver de la rosée matinale qui tombait. L'appareil photo autour du cou, elle était prête à photographier les animaux.

Mais soudain, un bruit de pas alerte, un cri d'enfant qui disait : "Je ne suis pas l'Aurore du Lac ! Laissez-moi, je vous en supplie !!! Laissez-moi partir ! Laissez m...", un coup de feu qui retentit, une galopade de deux personnes assez chargées auditivement parlant, et le silence. Le silence, la pire chose qui puisse exister durant ces moments-là. La jeune fille regarda autour d'elle, surprise, indécise, un peu apeurée mais se maîtrisant au maximum. Et brusquement...


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Le souffle des Etoiles - Un triple jeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant