Captive d'un alien

Chapitre 7 : (In)certitudes

Maya

La nuit dernière, Kôga est venu me rejoindre sur la couchette. Le plus naturellement du monde, il m'a prise dans ses bras et ramené contre lui d'autorité. Je ne l'avouerais jamais, mais j'étais littéralement terrifiée. Je me suis dit "ça y est, il vient réclamer son dû pour ma capture". Mais non. Il s'est contenté de me serrer dans ses bras puissants en m'ordonnant de dormir. Qui croirait un truc pareil ? Mal à l'aise, j'ai continué d'essayer de me dégager sans pour autant y parvenir, mais il n'a rien tenté.

À mon réveil, j'ai senti ma colère refaire surface. Mais bizarrement, c'est contre moi et non contre lui qu'elle est dirigée. J'aurais pu l'insulter, le frapper, le mordre ou lutter jusqu'à l'épuisement. Malgré tout, lorsqu'il s'est endormi, peu de temps après s'être allongé contre moi, mon corps - ce traître ! - a fini par se détendre de lui-même. Le sommeil m'a emporté à mon tour et je me réprimande intérieurement de ne pas avoir été plus prudente. Pourtant, la chaleur de son corps contre le mien n'est pas désagréable. La preuve : je n'ai aucune envie de bouger. Lui dort encore et son souffle fait voleter quelques mèches de cheveux sur le sommet de ma tête. Son torse monte et descend à un rythme régulier dans mon dos, et je me sens étonnamment en sécurité, enfermée dans son étreinte. 

Le regard fixé sur le mur, je me demande ce que le futur me réserve. Jusqu'à hier, j'étais persuadée que nous avions toujours été en guerre contre les Jhak'hal, qu'ils étaient des guerriers sanguinaires qui écrasent tout sur leur passage et s'arrogent le droit de prendre ce qu'ils veulent. Un peuple libre et fier, sans aucun doute. Mais le reste ? Depuis ma capture, toutes mes convictions sont remises en question les unes après les autres. 

Contrairement à ce à quoi je m'attendais, je n'ai pas été tuée dans l'assaut, mais capturée et emmenée à bord du vaisseau ennemi. Je n'ai pas non plus été jetée au fond d'une cellule sombre et froide. Au lieu de ça, je partage la cabine de l'alien qui m'a traquée. Mais là encore, je n'ai subi aucune perversion ou toute autre forme de violence. Je suis nourrie, vêtue, soignée et visiblement libre de m'exprimer sans crainte de représailles. Et puis, il y a l'histoire de Valor, le médecin. Il avait l'air sincère lorsqu'il m'a parlé de sa mère et de la paix passée entre nos deux peuples. Sans compter le soi-disant ancien nom de Pegasus. Tout cela me perturbe, mais comment être sûre de qui dit la vérité ? Même si jusqu'ici, leurs actions m'amènent à penser qu'ils sont différents de la réputation qu'on leur prête, je ne peux pas négliger les centaines de prisonniers de guerre qu'ils ont déjà fait, ni ma propre captivité, certes confortable, mais bien réelle.

Kôga s'agite légèrement derrière moi, sûrement proche de s'éveiller à son tour. Il resserre un peu plus son étreinte sur moi et je me tortille pour essayer de trouver une position moins contraignante. Il grogne dans son sommeil et quelque chose de dur commence à se presser contre mes fesses. Il enfouit son nez dans mon cou et murmure des mots que je ne comprends pas, à moitié endormi. Je rougis jusqu'à la racine des cheveux, soudain prise d'une bouffée de chaleur, et n'ose plus bouger.

Est-ce que maintenant qu'il m'a attrapé, j'appartiens à Kôga ? Cette simple idée me fait frissonner. Je me suis toujours battue pour mon indépendance et je refuse d'être traitée comme un objet. Pourtant, si l'alien qui m'enlace avec une telle possessivité me le confirmait, comment réagirais-je ? Est-ce que ce serait une si mauvaise chose ? Pour la première fois depuis des années, quelqu'un me parle avec respect et s'occupe de moi avec bienveillance. Il y a bien le facteur physique à prendre en compte, mais après cette nuit, je doute qu'il ait jamais eu l'intention de m'obliger à quoi que ce soit. Ça ne colle tout simplement pas avec la lueur protectrice qui habite ses yeux quand il regarde les marques qui marbrent ma peau, le visage fermé.