Captive d'un alien

Chapitre 9 : Serais-je à ton goût ?

Kôga

La journée a été longue pour tout le monde et je suppose que ma mauvaise humeur apparente n'a pas arrangé les choses, loin de là. Je quitte la passerelle après un bref salut à mes subordonnés et surprends un soupir de soulagement collectif que je ne relève pas. Je ne peux pas vraiment leur en vouloir. Je regagne mes quartiers d'un pas raide, me demandant si ce soir encore, la femme qui hante mes pensées restera indifférente à ma présence et plus distante qu'un orkal sauvage, ces petites créatures ressemblant à de gros chats terriens, en bien plus retors et bien plus mortels pour celui qui tenterait d'en approcher un de trop près.

- Décidément, je ne sais pas comment réagir avec elle, grommelé-je.

Je me sermonne intérieurement. Elle ne pourra pas m'ignorer jusqu'à la fin du voyage. Je suis certain d'avoir senti du désir en elle ce matin-là. J'ai simplement été trop impatient et elle a pris peur, voilà tout. Mais qui aurait pu résister à un tel regard ? Je n'ai pas vraiment pour habitude de me laisser submerger par mes émotions. Encore moins par celles des autres. Pourtant, je dois bien avouer que cette situation me frustre énormément, au point même d'affecter mon comportement au quotidien.

Je ne veux pas la brusquer, mais je refuse de laisser les choses telles qu'elles sont. J'estime lui avoir laissé suffisamment de temps pour appréhender la question. Tout ce que j'espère, c'est qu'elle ne me repoussera pas une nouvelle fois...

Ma décision prise, je réajuste le col de mon uniforme et me dirige vers ma cabine avec une détermination renouvelée. Je veux cette terrienne et je l'aurais !

Arrivé à destination, j'entre dans la pièce sans plus tergiverser, m'attendant à la trouver étendue sur la couchette, dos à la porte. Quelle n'est pas ma surprise lorsque je l'aperçois debout, le regard braqué sur moi et les joues légèrement rosies.

- Bonsoir Maya, la salué-je.

Valor m'a dit qu'elle commençait à maîtriser les rudiments de notre langue, autant le vérifier tout de suite.

- Bonsoir...

Elle baisse les yeux une seconde d'un air gêné. Ses longs cils soyeux formant une ombre sur ses pommettes. Mais au contraire des jours précédents, elle les replonge presque tout de suite dans les miens, comme mue par une détermination farouche.

Je souris malgré moi.

- Heu... Tu as passé une bonne journée ? demande-t-elle.

Je suis comme électrisé par son soudain intérêt pour ma personne, quand bien même il ne s'agit que d'une question de rhétorique banale. Je ne laisse toutefois rien paraître, referme la porte derrière moi d'un geste assuré et m'avance vers elle. Maya sursaute légèrement, sans me lâcher des yeux, mais ne recule pas. Voilà qui est plus qu'encourageant !

Elle semble attendre ma réponse en se tordant les mains, sans doute inconsciemment. Je penche la tête de côté, comme je le fais toujours lorsque je m'interroge sur quelque chose. Quel peut bien être la raison de son revirement d'attitude ? Hier encore, elle m'évitait comme la pire des maladies contagieuse, alors qu'aujourd'hui, elle agit comme si elle avait peur que je lui refuse mon attention. Étrange... Et étrangement excitant !

- Ma journée être normale, comme tous les jours.

Je crois percevoir une légère déception dans son regard et j'ajoute :

- Je être content que tu accepter de me parler enfin. Je ne pas savoir comment me comporter avec Maya ces derniers jours.

Ses yeux papillonnent puis elle fronce les sourcils. Elle semble réellement surprise par mes paroles.