Chapitre 8 : Partenaires compatibles

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Maya

Plusieurs jours ont passé et j'avoue que je m'ennuie un peu. Kôga ne revient dans la cabine que pour prendre des vêtements de rechange, déposer des documents, en prendre d'autres ou se coucher en me tournant le dos. Nous n'avons pas abordé le sujet du baiser et je n'ose pas engager la conversation, de peur de le contrarier davantage.

De fait, j'attends avec impatience l'arrivée de Valor qui ne devrait plus tarder. La première fois que nous nous sommes rencontrés, il m'a assuré qu'il passerait tous les jours jusqu'à notre arrivée sur At Jhak'an et j'avoue apprécier sa compagnie. Sans oublier ses leçons. Curieuse de nature, je ne peux pas m'empêcher de vouloir en savoir plus sur eux. Ça passe notamment par l'apprentissage de leur langue et quelques notions d'Histoire. Si on ajoute à ça le défi qu'il m'a insidieusement opposé quant à mes capacités linguistiques, je suis plus que décidée à me surpasser. D'ailleurs, ce n'est pas comme si j'avais mieux à faire dans l'immédiat. Autant dire que j'attends ses visites avec impatience. Sans compter que cela devrait m'aider à comprendre un peu mieux le bel alien dont je partage la cabine.

Rien que de penser à Kôga et au baiser torride que nous avons échangé, je rougis. Ça suffit ! Arrête d'y penser !

Quelqu'un toque deux coups discrets à la porte.

- Entrez, crié-je.

- Bonjour Maya, me salue le médecin en passant la porte.

- Bonjour Valor. Comment vas-tu ?

- J'ai très peu de patients pendant ce type de voyage, donc j'ai parfois un peu l'impression de faire partie du décor, plaisante-t-il. À part ça, je vais bien, merci de me le demander.

Je ris devant sa mine faussement déconfite et il me sourit, fier de son effet. Il prend la chaise de bureau sur le côté et la place devant la couchette, où j'ai littéralement élu domicile, pour me faire face. C'est devenu un petit rituel entre nous.

- Et toi, bien dormi ?

Je détourne les yeux, rougissante.

- Disons que le sommeil tarde à venir en ce moment, mais ça va.

Je reste évasive tout en sachant pertinemment que le médecin n'est pas dupe. Il a sûrement croisé Kôga depuis ce fameux matin et comprit qu'il s'était passé quelque chose entre nous. Il me regarde avec un sourire ironique et me demande, taquin :

- Cela aurait-il un rapport avec l'humeur massacrante du Capitaine par hasard ?

Capitaine, rien que ça ? J'ignorais que Kôga dirigeait l'équipage du vaisseau, mais je ne suis pas vraiment surprise. Il possède cette aura de puissance qui impose le respect, et ça explique aussi en partie le fait qu'il ait "laissé partir" ma sœur. Je doute qu'un subalterne aurait sciemment pris cette décision, au risque d'en subir les conséquences une fois de retour devant son chef. Je ne suis pas idiote. Je sais très bien qu'il doit y avoir d'autres femmes à bord. D'aussi loin que je me souvienne, même avant d'emménager sur Pegasus, mon père nous a toujours mises en garde contre les Jhak'hal. Les enlèvements étaient monnaie courante et on ne revoyait que rarement les disparues. Toujours des femmes.

J'élude la question de Valor et lui demande, intriguée :

- Pourquoi capturez-vous toujours des femmes lors de vos raids ?

Valor semble surpris par ma question et se frotte la nuque, visiblement embarrassé. Pour ma part, je continue sur ma lancée :

- Bien qu'il me semble que quelques hommes manquent aussi à l'appel, si ma mémoire est bonne.

- Hum, je ne sais pas si je dois te parler de ça.

Il commence l'inspection quotidienne de mes blessures et hoche la tête de satisfaction. Elles sont toutes pratiquement guéries. L'onguent qu'il applique chaque jour fait véritablement des miracles. Je suis à peu près certaines que beaucoup de scientifiques seraient près à tuer pour en obtenir la formule. Les coupures et les bleus ont presque entièrement disparu. Seule ma jambe reste encore un peu douloureuse.

Captive d'un alienOù les histoires vivent. Découvrez maintenant