La dérive ᵗᵏᵏ

Chapitre 7

♪ : Plage coquillage (First Kiss Song) - Tao Mon Amour

Juin 2017

Mon année de première arrivait bientôt à sa fin, et même la tête plongée dans mes livres de cours, il m'était impossible de réviser mes examens terminaux correctement.

Je ne faisais que penser à Taehyung. Il hantait la moindre cellule de mon cerveau, et depuis cette dispute à la plage, je craignais par-dessus tout qu'il finisse par m'éloigner de lui. Dès que cette éventualité se frayait un chemin dans ma caboche, je finissais par souffler, et trop perturbé, je rangeais mes cahiers et mes livres dans mon sac avant de me faire chasser de la bibliothèque.

Je ne l'avais pas vu depuis deux semaines, et d'après les messages qu'on s'échangeait, il préparait lui aussi ses partiels pour l'université. J'essayais toujours de lui poser différentes questions pour le retenir, et je sais, ce n'était pas très cordial... Cependant, le sentir (trop) loin de moi me rendait un peu malade, et ma sœur ne manquait pas de le faire remarquer devant les parents.

Ce n'était rien de bien méchant, et ma mère n'était pas dupe, elle avait été la première à venir à mon chevet pour me faire comprendre que l'amour pouvait parfois vous jouer de drôle de tours, tantôt joyeux, tantôt malheureux. C'est qu'il était malin, celui qui avait inventé ce truc. Enfin bon.

Bien que Taehyung me manquait, j'avais tout de même fini par lui lâcher un peu les baskets, moi-même étant contraint de me reprendre pour éviter de me faire sucrer mon passage en terminale. Je révisais avec Jimin et Hayun, de temps en temps, mais ces deux-là finissaient souvent par se prendre la tête, ou alors, dans les beaux jours, par s'embrasser et se laisser entraîner par des envies irrésistibles de câlins. Alors, ce jour-là, j'avais décidé de réviser chez moi.

C'était sans compter la visite d'une de mes tantes et de son jeune fils, Juki, qui avait 6 ans à ce moment-là. C'était une vraie petite pile électrique et surtout, il adorait qu'on joue ensemble dans ma chambre quand il nous rendait visite. Eh oui, même sous mes airs de mauvais garçon, j'étais un gros nounours qui ne pouvait rien lui refuser. J'étais descendu leur dire bonjour, et aussitôt, Juki grimpa les marches pour me rejoindre. Il me regardait réviser dans le calme, tout en jouant avec quelques feuilles et des stylos que je lui avais donnés.

– Tu as fini quand, Kookie ?

C'était bien le seul que je ne reprenais pas quand il m'appelait ainsi.

– Tu veux que je fasse une petite pause ?

– Oui ! Je veux te raconter un secret, en fait...

– Alors je suis tout à toi, dis-je en lui souriant, avant d'aller m'asseoir sur mon lit, à ses côtés.

Je vis Juki reprendre un stylo, commencer à faire un gribouilli sur sa feuille, et puis...

– En fait... Je crois que je suis un peu amoureux d'une fille à l'école...

–Ah oui ? dis-je, sans pouvoir m'empêcher de sourire. Comment elle s'appelle ?

— Sa-ra, mais elle, elle sait pas si elle est un peu amoureuse de moi.

– Tu as essayé de lui en parler ?

– Non, me dit Juki en secouant la tête. Parce que mes copains, eux, ils disent que j'ai le ssum* avec elle.

– Le quoi ?

– Tu sais pas ce que c'est ? C'est quand tu sors pas avec une fille mais qu'elle te manque et que tu penses à elle tout le temps. C'est ça, le ssum, dit-il en faisant des sortes de cœur étranges sur sa feuille. Tu as pas le ssum pour quelqu'un, toi Kookie ?