Chapitre 6 :

97 9 6
                                    

Quand Shoto arriva devant la chambre d'hôpital de sa mère, un bouquet de fleurs acheté à la dernière minute dans les mains, son uniforme de Yuei négligemment jeté par-dessus ses épaules, il sentit un étrange malaise le prendre par les tripes. Après tout, ça allait faire au moins sept ans que sa famille n'avait pas été réunie au complet.

Il déglutit, regardant le chiffre de la chambre, essayant de trouver un indice, n'importe lequel, qu lui prouverait que tout ceci n'était qu'un rêve ; mais non, rien. Il était dans le bon couloir, dans le bon bâtiment, dans le bon hôpital, dans la bonne ville, dans le bon pays, sur le bon continent, sur la bonne planète.

Rien de tout ceci n'était factice. Il fallait juste qu'il se montre courageux.

Alors, il tendit nerveusement le poing, et toqua fermement à la porte.

Celle-ci s'ouvrit immédiatement sur Natsuo, qui semblait soulagé de le voir apparaître. Ses cheveux blancs étaient en pagaille, son teint pâle, des cernes monstrueuses entouraient ses yeux et...n'était-ce pas un suçon, sur son cou ? En fait, Shoto ne voulait rien en savoir.

- T'es là ! Enfin, on t'attendait plus, frérot ! Rit grassement Natsuo en s'écartant pour le laisser passer.

- Il y avait des bouchons sur la route principale, on a fait pas mal de détours, oui, admit Shoto en regardant la chambre de sa mère.

Il n'y avait rien de nouveau. Ce constat l'attristait un peu : à la fois, il montrait que sa mère n'avait pas changée d'un pouce, de l'autre, qu'elle ne voulait pas changer. Elle semblait...coincée dans un passé, que tous voulaient oublier, mais pas elle. Des vieux jouets qu'elle avait offert à ses enfants, des photos vieillottes, bon sang, il y avait même des photos de son mariage !

Sa mère avait toujours été une belle femme, tout le monde s'accordait à le dire, et elle était encore plus belle depuis qu'elle reprenait des couleurs dans l'hôpital. À moitié avachie sur le lit d'hôpital, dans une robe de haute couture simple et élégante, elle rayonnait de bonheur, même si ce n'était explicitement exprimé, à cause de ses traits tombant et de sa mine abattue.

Mais Shoto le ressentait jusque dans son âme : sa mère était ravie de le voir.

Assise à ses côtés, il y avait Fuyumi, qui tenait un livre entre ses paumes et qui semblait raconter une histoire. Shoto savait que c'était ce qu'elle aimait faire le plus au monde, raconter, faire rêver...Elle était comme d'habitude, habillée simplement, avec des vêtements civils. Mais même comme ça, elle respirait honneur et fierté.

Et, loin, presque caché par la seule partie de la pièce moyenne qui était privée de lumière, se tenait son père, qui regardait la scène avec un regard impassible, comme si il ne savait plus où se placer. Shoto eut une pensée méprisante à son égard et se tourna vers Natsuo, ignorant délibérément la personne qui les avait fait venir.

- Comment vas-tu ?

- Grosse forme, session cardio avec ma copine et...

- Natsu' ! Protesta Fuyumi, dont les joues étaient devenues rouges de gêne.

- Quoi ? 'Faut qu'il sache comment faire, pour plus tard !

- Shoto, tu as une copine ?!

- Je suis perdu, à quel moment la conversation a-t-elle dérapé ? Demanda le jeune homme, complètement perdu.

Seul son père ne disait rien, jusqu'à ce que sa mère ne décide d'arrêter ses enfants et de se tourner vers son ex-mari, le regard froid. Même avec son alter de glace, Shoto ressentit le froid qui s'abattait sur eux. Ce froid, reflet de leur famille détruite.

Un nom n'est qu'un nom ( Todomomo )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant