Chapitre 7

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C'était l'été de mes cinq ans, j'allais dans peu de temps – en début automne – avoir mes six ans

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C'était l'été de mes cinq ans, j'allais dans peu de temps – en début automne – avoir mes six ans.

Je me trouvai dans une petite rue. Il y avait peu de gens aux alentours, mais personne ne m'accorda un regard. Personne ne fit attention à la jeune enfant de cinq et demi que j'étais, seule dans la rue. Je trouvai cela étrange, mais je n'allait voir aucun adulte pour son regard. Je profitai de cette première fois où je me sentais vraiment libre, sans parents constamment dans mon dos.

Je courrai, filai dans les rues. Je me savais petite mais ce jour-là, les passants me paraissaient étrangement immense. Sans plus y penser, je me baladai dans la ville au grès de mes envies. Allant toujours vite, je sentais le vent contre moi. J'aimais cette sensation. Non, j'adorais cette sensation.

De temps à autres, je remarquais de jeunes enfants me pointer du doigt. Je ne comprenais rien à ce qu'ils disaient. Je les observait seulement de loin, les yeux dans les yeux. Je ne bougeais pas et eux tiraient la manche du haut ou le pantalon de leur mère. Une fois que l'adulte accordait au bambin l'attention qu'il demandait, je fuyais en courant.

Ce jour-là, je ne doutais pas qu'il resterait à jamais dans ma mémoire comme le plus beau jour de ma vie.

Ma mère disait souvent que la joie et la bonne humeur rendait jolie. Malheureusement, j'étais encore trop petite pour voir mon reflex dans les vitres des maisons ou les vitrines des magasins. Pour autant, je n'avais pas besoin de cette preuve pour être sure d'être la plus jolie des petites filles, durant cette journée.

La tête haute, je bombai mon petit torse en trottinant sur le large trottoir. Mes membres commençaient à me faire mal à force de marcher encore et encore. Je me décidai alors à chercher un endroit où me reposer au moins un temps. J'étais encore jeune et bouger autant ne m'était pas habituel.

Je trouvai bien vite un banc vide. Je sautai dessus avec difficulté - je ne me rappelais pas que les banc était si haut - avant de m'assoir et de profiter de ce temps de pause.

Le soleil tapait sur moi et j'appréciai cette chaleur. Elle devint malheureusement vite moyennement supportable et je me décalai sur la parti à l'ombre du banc. L'arbre à proximité était si grand et si feuillu qu'il donnait un abris presque parfait de l'astre tapant sur une large zone.

Je le regardai des mes petits yeux émerveillés quelques secondes avant que les mouvements répétitifs des feuilles bruissant an rythme du vent ne me lassent.

Ma vue s'évada à nouveau sur les passants ignorants de ma présence. Tous marchait à des allures modérées et détendues, alors la prudence et la rapidité des mouvements du jeune enfant attira mes yeux.

En effet, un garçon se trouvait, plusieurs mètres nous séparant, dans l'ombre d'un grand immeuble. Il essayait de se cacher dans la pénombre que le bâtiment créait mais il était beaucoup trop visible pour être réellement caché.

Malgré tout, les adultes ne lui accordaient pas non plus de regard. Étonnant au vu des maigres talents du garçon pour se camoufler. Et ce n'était pas avec ses cheveux bicolores qui allait réellement s'améliorer.

Il regardait partout avant de se déplacer, ce qui faisait que son avancée était lente bien qu'il se précipitait de cachette en cachette. Il semblait avoir peur que quelqu'un ne trouve. Il devait surement jouer à cache-cache.

Je souris. J'aimais jouer à cache-cache avec Mimura. Je me levai et descendis du banc. Doucement, je me dirigeai vers l'étrange garçon.

Sur mon chemin, il posa les yeux sur moi. Je lui rendis son regard sans pour autant m'arrêter.

Il ne bougea pas d'un cheveux et mon allure ne ralentit pas. Comme elle ne s'accéléra pas non plus.

Finalement, j'arrivai à sa hauteur et nous continuâmes de nous regarder dans les yeux. Je ne l'avais pas remarquer de loin, mais ses pupilles étaient de deux couleurs distingue pour ses yeux.

L'un, son œil droit, était gris comme les cendre suite à un feu de camp. L'autre, l'œil gauche, était bleu turquoise comme l'eau des plages paradisiaques.

Il était plutôt mignon avec cet air bizarre qu'il avait à me regarder. Mais quoi qu'il en soit, je sentais bien qu'il avait peur. Une terrible peur, profonde et dont les racines étaient bien trop enfoncées dans son cœur.

Je voulais le réconforter comme je pouvais, mais je ne sus pas quoi faire. Finalement, dans un élan d'instinct, je me frottai à ses genoux.

Comme estompé, un léger sourire apparut sur ses lèvres. Lentement, me permettant de le voir et de fuir si je le voulais, il avança sa main vers moi. Je ne bougeai pas.

Il posa ses petits doigts sur le haut de ma tête et commença à me caresser. J'appréciai cette sensation. Un étrange son sortit de lui-même de ma gorge.

— Tu t'appelles comment toi ? me chuchota-t-il à l'oreille.

Je le fixai mais ne répondis pas. Devais-je dire mon nom à un inconnu ?

— Je vais t'appeler Neko. Moi c'est Shoto. Ça rime comme ça.

Neko- Soudain, malgré mon jeune âge, je compris. Mon père avait déjà cet alter et je venais de déclencher le mien, qui lui était en tous points similaires.

Je m'étais transformée en chat. Chaton, par rapport à mon âge. Et sous cette forme, comme tout animal, je ressentais les émotions d'autrui plus que lorsque j'étais humaine.

Je ronronnai en retour et continuai à me frotter à ses genoux. Je montai sur ses cuisses collées. Il était accroupi et suite à mon saut, il fut surpris et tomba à la renverse.

Je m'approchai de son visage et lui fit les yeux doux. Je sentais bien qu'il allait mal et je souhaitais faire en sorte qu'il se livre à moi.

Finalement, je croie bien qu'il comprit mes intentions. Il renonça à se rassoir et laissa sa tête retomber sur le sol.

Une larme coula de son œil cendré avant qu'il ne commence son monologue. Couchée sur son torse, le menton posé délicatement sur sa poitrine, je l'écoutai me raconter ce que son père lui faisait subir.

Il parlait. Il parlait encore et encore. Il se livrait en pensant que l'animal que j'étais ne le comprenais pas.

Si jeune... Il avait vécu beaucoup trop de malheurs si jeune. Dès que son alter se fut manifesté, son père avait consacré ses journées à l'entrainement de son fils. Mais ce garçon ne voyait plus ses frères et sa sœur. Il ne pouvait plus jouer. Et tous ces effort étaient trop pour son petit corps de quatre ans encore fragile.

Je gardai mes oreilles ouvertes et ne disais rien. Je ne réagissais pas non plus.

Quelques années plus tard, on me rapprochera ce silence. Mais lui, il semble l'apprécier. Je fermai les yeux, me concentrant sur le son de sa voix qui s'estompait.

Lorsque je relevai mes paupières, un regard unicolore me fixait d'un air de reproche.

— Okan-

— Nohara, la coupai-je. Je dois te parler de-

— Du gamin, encore ?! m'interrompit-elle à son tour. Arrête un peu avec lui ! Il a deux ans de moins que nous, bon sang !

Sa colère me prit de court. Elle ne m'avait jusque là jamais parlé ainsi.

— Il t'a retourné le cerveau, putain !

Je ne l'écoutai plus qu'à moitié. Une silhouette à la chevelure hétérochrome arrivait derrière elle.

— Nohara... derrière toi.

Elle fit volte-face, et aperçut le sujet de toute sa colère.

Il venait à moi de lui-même pour une fois. Je pouvais donc lui parler sans briser la promesse que j'avais faîtes avec la brune.

J'allais enfin avoir des réponses.

Le Jour où J'étais un ChatOù les histoires vivent. Découvrez maintenant