RENEWAL [TERMINÉ]

𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟑𝟓 | 𝐋𝐀𝐄̈𝐒𝐀

Sullivan, Missouri,
6pm

Yeah, they all say that it gets better, it gets better, but what if I don't?

Olivia Rodrigo - teenage dream

*

Ce soir, c'est homecoming. J'ai acheté une robe dorée à sequins dorés qui se lace dans le dos, mes talons de même couleur allongeant le galbe de mes jambes. La jupe à froufrous bouffe sur mes cuisses alors que je me lève afin de faire quelques pas dans le salon de chez Castille, passant ma main à travers mes cheveux que j'ai bouclé exprès.

Je me suis apprêtée avec la Française, sa host-sister et Lika, depuis quatorze heures. Grâce à nous, le salon impeccable de la famille de Rebecca est sans dessus dessous, avec des vêtements, le maquillage, les ordinateurs étalés sur la table et éparpillés un peu partout dans la pièce. Becca arrête la musique de SZA qui tournait dans la pièce, sa robe bleue de chez Retrofête ondulant au gré de ses mouvements. Castille bat des mains, aussi excitée que moi. Hier, elle et moi avons passé notre nuit devant des comédies à l'américaine mais l'expérience a rapidement été fade. On s'aperçoit que ce n'est pas si génial que ça et surtout, c'est assez mensonger. Par contre, j'ai souri et admiré les idoles de Michelle dans les rôles des pétasses avec un grand sourire aux lèvres.

– Ma' va me tuer, s'inquiète Rebecca en embrassant la pièce du regard.

Je balaie son tracas d'un vague geste de la main.

– Mais non, elle sait que c'est ton dernier hoco, alors elle se montrera compréhensive...

Peu convaincue, l'américaine saisit son téléphone ainsi que son gilet, qu'elle place vivement sur ses épaules, masquant le collier avec les lettres Dior étincelant dans le creux de son cou. La main appuyée sur la poignée de la porte, elle nous jette une œillade anxieuse, tandis que nous hochons la tête. Nerveusement, j'ajuste mes bijoux, vérifie une dernière fois que mon maquillage est intact avant de prendre la main de Castille et de la serrer.

J'ai longuement hésité à prendre cette robe, mais les compliments répétés de mes amies, mêlées aux encouragements de ma mère, ont fini par me convaincre. Dans le miroir du magasin et de celui de la salle de bain de chez les Hayways, il me semble apercevoir un saucisson suintant des pores du vêtement.

Je sais pertinemment que Thomas, Teddy et la date d'Angelika, Delia, se trouvent derrière cette porte. Je crains leurs regards observateurs et critiques. Cette étoffe me met presque à nu mais est si divine... Il n'y a pas l'ombre d'un doute sur le fait que je me ferai juger, scruter et rabaissée. Mon frère y va avec Michelle qui se prêtera volontiers au jeu. Les autres, à partir du moment où je ne capte pas leurs coups d'œil inquisiteurs, ne me perturbent pas. La honte est plus profonde lorsque ce sont des gens que vous connaissez qui vous surprennent en vous avouant que la robe vous boudine, tel que l'a fait Thomas pour le bal de fin d'année de ma seconde.

Cast' s'y rend avec un de ses amis, Gibsy – le linebacker des Eagles, celui qui joue derrière la ligne défensive – et Rebecca avec un Reynolds ne faisant malheureusement pas partie de la famille de l'acteur.

– T'es magnifique, me complimente Castille à l'oreille.

Je lui souris et serre davantage sa main dans la mienne.

– Pas autant que toi.

Elle rigole simplement, puis sa host ouvre la porte. Les corps pivotent rapidement dans notre direction, les boissons offertes par Armando, le papa de Becca, suspendues à mi-chemin entre leurs lèvres et leur position d'origine. C'est Delia qui s'exclame la première :