𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟑𝟕 | 𝐋𝐀𝐄̈𝐒𝐀

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Sullivan, Missouri,
7:35 am

You could let it all go

Rainbow Kitten Surprise - It's Called: Freefall

*

Un mois est passé depuis qu'on a été affichés dans tout le lycée. J'évite Thomas, l'ignore comme la peste. Maman m'a remarqué, mais a simplement souri quand elle a vu mes yeux rouges lorsque je suis descendue pour petit-déjeuner le dimanche matin après le homecoming. Malgré ses vaines tentatives pour briser la glace, elle a laissé tomber lorsque Thomas lui a craché au visage qu'il ne voulait rien avoir à faire avec une "pute comme moi". j'ai quitté la table, pris mes clés et erré dans la rue. La pluie mitraille mes cheveux et ma courte veste mais je n'en avais rien à faire. Au moins, elle masquait mes larmes.

Le deuil est censé rapprocher les gens pleurant la même perte, mais dans mon cas, elle n'a fait que m'éloigner de ceux qui composaient autrefois ma vie : Janelle, Thomas, Teddy.

D'un commun accord avec le blond, c'est maintenant Lika qui m'emmène au lycée tous les matins. On est très souvent en retard, vraiment à la bourre, mais je préfère ça à me lever chaque matin à cinq heures moins le quart pour choper le bus jaune passant en bas de la rue et d'attendre une heure au lycée que les cours commencent.

On ne se parle que très peu avec Teddy, depuis l'esclandre avec mon frère, et cela me ronge de l'intérieur. J'ignorais qu'il m'avait marquée à ce point juste en étant là pour moi, présent et disponible. C'est moi qui ai tenu à ce qu'on s'éloigne et il a simplement acquiescé à ma décision, il respecté les limites que j'ai fixées sans les franchir tandis que je suis dans un état étrange depuis un mois. Trente-et-un jours, c'est long, 744 heures, un calvaire à surmonter que je nous ai moi-même imposé. Il me manque atrocement, mais peut-être que c'est juste moi qui suis détraquée.

Néanmoins, malgré l'incident, il n'a pas arrêté de déposer des fleurs dans mon casier. Des tulipes, des roses, du lys ou des pivoines, toujours accompagnant son bouquet d'un morceau de papier sur lequel est inscrit un compliment, des gâteaux, des sucreries, des mots d'amour. Sa manière de me montrer que c'est dur pour lui aussi, cet éloignement, est adorable et réchauffe mon être à huit heures cinq, ma nouvelle heure d'arrivée avec Lika Il me donne de ses nouvelles et réciproquement, j'arrive à lui donner des miennes lors des cours.

Nouveauté depuis l'incident, Thomas ne me quitte plus d'une semelle, peu importe le nombre de fois où je lui ai demandé de me lâcher ou tenté vainement de le semer, il reste constamment à mes côtés, avec un air féroce sur le visage. Il a ramené ses potes flippants, des gros bras avec des tatouages, une cigarette fixée au coin des lèvres.

Je termine d'allonger mes cils avec la brosse bleue de mon mascara, ajustant ma tenue que je porte aujourd'hui : un t-shirt noir à manches courtes à dos nu ainsi qu'un pantalon fluide de même couleur. Mes Alexander McQueen aux pieds, je descends les escaliers et grimpe dans la voiture d'Angelika, où la chanson Sparks Fly de Taylor Swift tourne presque en boucle. L'Allemande est en train de retoucher son teint, le poudrant à l'aide du miroir du pare-soleil.

Hallo, schönes Mädchen, me salue-t-elle alors que je m'attache, sans détacher son regard de la glace rectangulaire.

Je lui réponds d'un sourire peu convaincant. J'ai déjà fait mieux, mais je n'y arrive plus. Leur mentir droit dans les yeux évoque trop de souvenirs connotés péjorativement dans mon esprit. Les trajets en voiture n'ont plus la même saveur depuis que c'est mon amie qui m'emmène, mais je tâche au mieux de ne pas le montrer. Elle a été adorable de me proposer de venir me chercher pour m'épargner le bus, alors il serait mal vu de me plaindre.

RENEWAL [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant