Chapitre 14 - La Lune Rousse

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— Quatre cent quatre-vingt-deux millions de joyaux !

— Trois cents, tout au plus ! Bruts et lisses. Épais.

— Bêtises, tu vois ces rayures ? Je peux en tirer une bonne centaine. Deux pour les anneaux !

— Moi, je suis honnête ! Trois cents, et peut-être quelques étoiles.

Ils rirent comme de bons camarades. Assis sous le ciel constellé, Blanche et Lector spéculaient le prix des planètes en grands juges de l'univers. Elles avaient d'ailleurs semblé se rapprocher les unes des autres, mêlées aux étoiles pâlissantes dans le reflet de la grosse lune. L'illusionniste remarqua alors :

— Il fait très noir. Ça fait un moment que Sting est parti, non ?

— Je m'en fais pas pour lui, il y a peu de créatures qui oseraient l'affronter !

— Rappelle-moi pourquoi on est restés ici ? On aurait peut-être mieux fait de l'aider.

— Ah ! fit-il le ton clairvoyant, c'est donc ça. Tu commences à t'inquiéter pour Sting-kun. Je savais que derrière ces montagnes d'or se cachait un cœur.

Elle était tel un grand monarque d'Ishgar, habillée de l'or blanc des anneaux à ses mains, et des boucles à ses oreilles, piquées dans leur candeur par le saphir. Pareille à ces hautes personnalités, elle était vêtue de pierres qui faisaient d'elle le bijou plus que la femme : elle était devenue le collier éclatant que l'on pendait à notre gorge, et le collier s'habilla de rubis quand ses joues rougirent parce qu'elle se trouvait embarrassée.

Elle se souvint alors :

— Nous devions faire un feu !

Ils s'attelèrent. Les flammes commençaient tout juste à naître quand Sting revint, un peu essoufflé.

— On devrait être tranquilles pour la nuit.

— Tiens... fit Lector qui regardait curieusement son compagnon. Quelque chose a changé ?

Le chasseur de dragons arqua le sourcil, tentant de faire sens des propos de son ami.

— Ah ? intervint Blanche qui se pencha sur Sting avec le même regard intrigué. Je ne vois rien, constata-t-elle finalement.

Mis mal à l'aise par ces deux regards intrusifs, le mage blanc changea de sujet :

— Si on entend grogner dans le coin pendant la nuit, ce sera à toi de t'y coller.

— Moi ? s'étonna Blanche. Je ne suis qu'une magicienne « comme on en trouve à tous les coins de rue ». Tu sais, les dragons ont disparu depuis des siècles. Qu'est-ce qu'une vulgaire illusionniste pourrait contre les monstres de la nuit ?

Elle s'essuya le front dans un élan dramatique :

— Je me meurs rien qu'en y pensant ! Pauvre, faible Blanche, dévorée par une créature sombre parce que le chasseur de dragons qui l'accompagnait n'a pas voulu l'aider... J'étouffe !

Elle fit mine de s'écrouler sur l'herbe. Sting roula des yeux.

— Fais ça. Moi, je dormirai.

Elle ouvrit donc un œil pour s'indigner.

— Tu n'oserais pas.

— Tu survivras.

— Je pense que c'est contre tes instincts de chevalier blanc.

— Mes instincts de quoi ? grimaça Sting.

Elle se redressa pour appuyer son discours.

— Oui, de chevalier blanc.

Sting Eucliffe x OC : Le Trésor InterditOù les histoires vivent. Découvrez maintenant