Chapitre 8 - Rêveries rouges

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trigger warning : la première scène de ce chapitre est un peu gore et il y a peut-être certaines personnes que ça pourrait heurter donc faites attention à vous et si vous pensez que ça pourrait vous concerner alors n'hésitez pas à la passer !


***

Tout était noir. Il l'avait trouvée allongée, inerte, exhalant l'odeur putride de charogne, baignant dans son propre sang. La vue de son corps pâlissant l'avait glacé. Il peinait à respirer, sans savoir s'il fallait blâmer le traumatisme de la scène, ou bien l'idée de mort qui l'intoxiquait dans ses fumées noirâtres.

Quelques heures plus tôt, Blanche s'était endormie, seule, dans la chambre qu'elle partageait depuis de longs mois avec Sting. Cette nuit-là, la lune avait pâli, sans que quiconque ne le remarque encore. Les étoiles avaient été englouties par le vide noir du ciel. C'était, dirait-on, le début de la fin, le commencement d'un malheur inéluctable qui abattrait sa fatalité sur l'avenir d'Ishgar. La jeune femme avait fermé les yeux sans s'en douter, et s'était volontiers perdue dans les rêveries de son lit qui lui avaient toujours été amicales. Ce soir cependant, dans cette pénombre nouvelle, elle ne rêva pas.

Tout était très vrai.

On ne sut jamais ce malheur qu'elle avait vu, mais on en témoigna de tous les ravages. Incapable de se réveiller de cette torture, elle s'était débattue entre les draps, avait vainement hurlé son chagrin entre les murs vides de sa chambre, dans des cris étranglés qui n'avaient servi qu'à lui faire perdre la voix et lui brûler la gorge.

Alors pour fuir le châtiment injuste dont elle était le martyre, et qui lui serrait la poitrine au point qu'elle crut ne plus pouvoir respirer, noyée dans les larmes qu'elle ne sentait plus lui déchirer le visage, elle ne trouva qu'un seul remède.

Ainsi motivée par la force du désespoir, elle planta ses ongles dans ses yeux, en exhalant un rugissement de douleur qui acheva de l'étouffer.

Ses mains lui arrachèrent les étoiles de son visage, elles déchirèrent le ciel et le firmament qu'on y voyait dans ses prunelles claires. Les nuages s'y teintèrent de rouge, et plus jamais n'y verrait-on le bleu serein qui les logeait ; plus jamais ne verrait-elle.

C'est ainsi que Blanche avait perdu la vue, qu'elle avait énucléé d'elle-même ses deux yeux dans un dernier cri de détresse, et c'est ainsi que, quelques heures plus tard, Sting la trouva, exsangue.

On ne sut jamais rien de cette scène macabre, ni des raisons qui l'avaient provoquées, il fut seulement conté que Blanche avait perdu la vue en mission.

La seule chose qu'elle partagea était d'avoir vu, en tout dernier, une étincelle rouge l'aveugler.

***

Blanche s'éveilla de ce douloureux songe d'un sursaut inquiet. Elle leva les yeux vers le ciel, où se pâmaient les bras roses du soleil alangui. Les couleurs chaudes de l'aube la réconfortèrent tout de suite. Elle voyait toujours. Elle avait pourtant cru vivre ce cauchemar qui s'apparentait bien plus à une illusion. Elle secoua la tête, sans paraître trop s'étonner, et s'étira avant d'entreprendre de se relever.

Elle avait couché dans l'herbe, sous les étoiles pour seules amies. Celles-ci l'avaient vue verser quelques regrets après avoir rompu son baiser avec Sting pour tenter de l'agresser. Mais ces regrets ne suffirent pas à la dériver de sa quête première : Blanche devait trouver la clef, car il n'y avait dans la chambre du bandit de la taverne qu'une carte, ce qu'elle s'était gardée de partager.

Sting Eucliffe x OC : Le Trésor InterditOù les histoires vivent. Découvrez maintenant