Chapitre 16 - La Croisée des Chemins

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Blanche s'était éveillée tout juste avant le soleil. Elle avait trouvé Sting assoupi près d'elle, un bras autour de sa taille. Sous les reflets de l'aube qui rosissaient la grotte, elle s'était prise à le contempler dans l'indolence matinale.

Elle avait, près d'elle, couchée, la Lumière. Elle se rassura de savoir qu'elle y serait toujours si elle venait à se trouver plonger dans le noir, la vue perdue. Mais puisqu'elle voyaiL'or blond qui lui coulait sur le front lui donnait des airs insouciants qui s'oubliaient vite quand il dévoilait son sourire empreint de malice. Mais Sting dormait paisiblement, alors il n'avait que la candeur d'un angelot sur son coussin de nuages. Elle fut prise d'un élan d'attendrissement, et voulut couvrir son visage de baisers, mais se réfréna. Elle se contenterait de lui rendre l'étreinte de son bras, dont elle redessina les muscles du regard, au cas où elle viendrait à ne plus jamais les voir. Alors elle se désola de ne pas voir ses yeux profonds qu'elle aimait tant.

Un sursaut la prit. Malgré ses sens éveillés dans la nuit par la volupté, elle s'inquiéta de ne jamais plus voir son regard. Elle adorait pourtant ce bleu plus noir que le sien, et le violet qui s'y mêlait pour lui rappeler les plus rares améthystes desquelles elle aimait particulièrement s'habiller.

Elle se leva soudain. Elle ne devait pas accepter si facilement que le sort lui dérobât un sens. Elle ouvrit son sac, en sortit l'artefact et les quelques papiers qu'elle avait toujours, malgré la fatigue qui la tenait serve. Un crayon entre les doigts, elle s'affaira en grande érudite : si elle ne pouvait se souvenir, alors elle comprendrait une nouvelle fois.

***

Sting se couvrit le visage d'un bras, dans une tentative ironique d'échapper à la lumière. Il s'agaça de l'insistance du soleil qui lui sembla particulièrement tenace ce matin-là, tant dans son éclat que ses rayons brûlants qui chauffaient même la pierre de la grotte.

Soudain, il s'inquiéta de ne plus trouver Blanche près de lui. Dans un sursaut motivé par le cœur, il s'éveilla brusquement pour examiner les alentours, mais se rassura vite en la découvrant assise, un livre sur les cuisses et un crayon qu'elle mordillait entre ses dents, paraissant se perdre dans de grandes contentions d'esprit. Il se rallongea donc dans un soupir las.

— Tes yeux... marmonna-t-il. Tu vas bien ?

Prise d'un élan vif, elle quitta ses feuilles du regard pour se lever précipitamment, tout en se réjouissant :

— Ah, tu es réveillé ! Oui, tout va mieux.

— ...

— Ne t'endors pas, Sting ! gronda-t-elle. Tu vas vouloir entendre ce que j'ai découvert.

Elle fit sauter l'artéfact dans sa main d'un geste habile.

— Enfin, ce n'est qu'une théorie...

Il se redressa sur ses coudes, éveillé par l'intérêt.

— Le vieux copain de Lucy... l'Esprit. Il a dit qu'il y avait une troisième langue. J'ai passé des heures à essayer de comprendre ce que ça disait. Mais en fait, ça importe peu... Plutôt que d'essayer de comprendre la langue, je me suis demandée pourquoi il y en avait trois.

Sting s'efforçait de la regarder sans faillir, mais ses yeux cédaient seuls au poids de la fatigue. Un peu vexée, Blanche s'avança sans pourtant se défaire de son enthousiasme, et pour être certaine qu'il écouterait jusqu'au bout, elle le chevaucha sans en rougir.

Sting Eucliffe x OC : Le Trésor InterditOù les histoires vivent. Découvrez maintenant