hell's paradise

Valhalla

Mon premier amour,
Je l’ai croisée pour la première fois un lundi, 13 JANVIER 2004. Je m’en rappelle toujours comme si c’était hier, il y eût  de la rosée dans cette matinée là. Elle s’appelait Ella et moi Ila. Elle était venue avec sa mère. En effet son père décéda laissant sa jeune mère avec deux enfants ; l’ainée c’est elle. Elle était dans sa tenue d’écolière. Elle passa sans m’adresser mot. J’étais énervé car je m’entendais très bien avec tout le monde mais voir une gamine passée sans me saluer pour moi c’était un affront. Je commençai à la détester dès le bas âge.
Des années passèrent me voilà en cours moyen deuxième année, elle faisait la première année. Vu qu’en 2004 J’étais au cours préparatoire deuxième année et qu’elle faisait le CP1. Elle était toujours soit la première de classe ou la deuxième. Bien évidement que moi aussi. Il y avait une certaine alternance entre mon cousin et moi. Mais dépassant le CE2 j’ai pris les commandes et j’étais le seul capitaine à bord. Notre établissement était composé uniquement de primaire et en ce moment j’étais nommé responsable de la cours. C’était aussi le moment des lettres folles où chacun envoyait à son conjoint une lettre. On ne connaissait pas les SMS. Par exemple :
« -Salut mon amour,
Comment tu vas ? Quant à moi je porte à merveille. Les gens disent souvent qu’une fille sans amour est une salade sans vinaigre ou une rivière sans poisson. Mon amour pour toi dépasse le mont Kilimandjaro de 100km. Quand je ne te vois pas je n’arrive pas à manger. Je t’aime beaucoup, j’attends ta réponse, écris et donne la à ton petit frère ».
Si elle t’aime aussi tu as droit à une lettre au cas contraire on te souligne tes fautes. J’en recevais pleinement des autres filles mais ça ne m’intéressait pas car je ne pouvais pas perdre mon temps mais j’en écrivais pour les autres. Ella s’entendait avec tout le monde sauf avec moi. Que dire de moi elle ne laissait même pas ses sentiments apparaitre ni amour ni haine. Je la voyais souvent avec un camarade de sa classe, je restais dans notre classe la fixait ; si mes yeux pouvaient sortir de l’orbite pour rejoindre les siens, ils n’hésiteraient pas. Je répondis rigoureusement en écrivant sur le mur de l’école Ella love Sani avec ma main gauche. Le lendemain on punissait cette orpheline, j’étais dans notre classe entrain de corriger un problème. J’attendais les coups de fouet de son maitre cela me procurais de la joie une satisfaction mentale. C’est après j’ai appris que le camarade était le fils de son oncle chez qui elle était. Elle savait que c’était moi aussi, mais impuissante. L’autorité c’est l’autorité.
Sans remords, sans regret je donnerai tout pour recommencer. Elle tenait à son cousin plus que tout. J’ai ordonné à mon petit de bien bastonner son cousin le reste je gérerai. Ce qui était dit, était fait. Dans mon rapport oral bien évidemment au surveillant : c’est Ella et son cousin, je tentais de les séparer même, mais elle m’a mordue. Belle journée encore pour moi. Trois jours après, on quittait la maison pour l’école, soudain il commença à pleuvoir. Comme c’est la saison pluvieuse j’avais toujours mon parapluie pliable dans mon sac. Je l’ai fait sortir pour me protéger contre la pluie. En cours de route je l’ai croisée sous un arbre entrain de se protéger contre la pluie sous un arbre, elle était toute trempée. Je n’ai ni regarder dans sa direction ni regarder dans la direction contraire tête haute comme un fonctionnaire anglais. Après la pluie elle était là. Au primaire, la majorité amenait à manger de la maison. Avant que les élèves ne rentrent en classe j’ai profité pour ajouter du sable dans sa nourriture juste un petit peu pour qu’elle ne puisse pas manger. A la récréation elle n’avait pas mangé. De surcroit les vendeuses n’ont pas pu venir à cause de la pluie.
L’année tirait à sa fin, je passai mon examen avec succès. Je quittai le primaire pour le collège. Ella rentra au CM2. Enfin elle est libre. Le monstre que j’étais à ses yeux quittera l’école. Un soir son oncle m’a convoqué inquiet je me rendis chez eux. «J’aimerai bien que tu assistes Ella dans ses études », tels sont ces propos. On commença dès le lendemain. On faisait cours seulement dans la matinée je faisais la sieste. Donc après la sieste, aux environs de 19H on commença et finir jusqu’à 23H sachant qu’elle a cours le lendemain. J’aimais aussi la gronder quand son oncle passait pour la mosquée. J’étais comme un roi chez elle. Je l’induisais en erreur mais elle était attentionnée.
J’ai toujours eu de l’influence même après avoir quitté l’école primaire. On me chargeait de déposer les dossiers des candidats au niveau de l’inspection. J’ai pris son dossier pour y mettre mes galettes accompagnées de bouillie chaude. Je m’étais régalé sur l’avenir de cette jeune fille. La veille de l’examen où les noms devraient sortir. Tous les élèves ont pu voir leur nom et numéro de table, sauf elle. Les vacances étaient très dures et ont beaucoup duré pour Ella. Pour moi c’est déjà bon deux classes de différences.  
Après cette année de calvaire, elle obtint son certificat d’étude l’année suivante. Elle commença à grandir peu à peu. Les traces féminines faisaient leur apparition. J’appréciais! Nous voilà en 2010, sa mère allait se remarier et elles allaient quitter le pays. Alors que j’étais dans mes calculs. Après le mariage elles quittèrent pour une longue période. Sans message ni appelle entre nous, c’étais un silence de cimetière. Parlant de cimetière, sa maman passa aussi à l’eau-de-là. Elle est morte. Ella va me revenir. Le malheur des autres…
Ella était revenue chez son oncle, elle était devenue belle comme l’astre de la nuit. Avec un teint adapté à son corps, claire. Ce n’est pas l’effet des produits. C’est ce que l’on appelle « Dieu donné ». Elle a un visage angélique le corps d’une femme qui n’a pas connu le soleil. On pouvait apercevoir les veines de son corps. Aucun bouton. Ella attirait tous les regards même ceux des vieux richards qui veulent tomber sur tous ceux qui portent pagnes. J’étais dans mon coin. Je pouvais faire la navette de chez nous jusqu’à leur maison 11 fois dans la journée juste pour pouvoir lui glisser mot. Mais impossible. Je suis tombé éperdument amoureux où des fois en buvant je voyais ce visage que j’avais tant fait souffrir. L’amour est comme la mort, il pénètre n’importe quand, n’importe où, n’importe comment. L’amour est cruel et ses retombés sont amers. Ni Ella, ni moi n’aurions pensé que ce jour là aurait arrivé. Le jour où j’allais trembler devant une fille. Ce jour où le mot « aimer » va peser sur mes lèvres. Rêve ou réalité. Comment procéder ? Je fis de son cousin un ami et c’est lui qui allait m’aider. Je partais chez eux de temps en temps. Elle devenait de plus en plus belle comme une rose dans la saison pluvieuse. Je devais adresser ma demande par une lettre car en face je sais qu’elle ne m’écouterait pas. J’ai fait des semaines sur cette lettre ne sachant pas par où commencer
« Ella,
Salut, je n’oserais pas te demander  comment tu allais après tous ce que je t’avais fait endurer. En effet cette note porte sur deux points. D’une part le pardon. Je souffre comme le laps de temps qu’à une personne pendue avant de mourir. J’agonise, mes yeux, mes narines, ma voix pleurent et regrettent. Le manque de maturité m’a fait faire des choses horribles qui ne seront jamais acceptées par le commun des mortels. Rien ne peut justifier mon animosité envers toi. Tu es si limpide comme l’eau de roches. Si tu vivais à cette époque de Marie, il y aurait une concurrence entre vous. Mon cœur gèle et se fragilise comme la couche d’ozone. J’étais plus qu’un monstre plus pire que Léviathan dont parlait Hobbs. Comment me faire pardonner ? Existerait-elle une potion magique pour me permettre de t’effacer tout le mal que je t’ai fait subir ? Hélas non, Je ne dispose que de ce moyen inefficace pour y parvenir. Les chrétiens dans leur invocations disent pardonnes nous Seigneur comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés maintenant et à l’heure de notre mort. Je te supplie de me pardonner.
D’autre part sans en abuser mon cœur ressent ce que Roméo ressentait pour Juliette. La déesse de l’amour m’a touché depuis Rome. Je ne peux que t’aimer. Tu es belle depuis le berceau. J’aime tous tes morceaux. Je suis bref je ne veux pas être long comme un museau. L’amour est ironique, il se moque des Hommes ».

Après l’introduction de la lettre chez elle. Je ne fréquentais plus leur quartier. J’étais devenu rare. Sept jours se sont passés. Un Dimanche, aux environs de 16h avec sa réponse en main. J’étais à l’autre bout du goudron avec des écouteurs dans les oreilles Dj Arafat était à la mode à l’époque. Elle criait mon prénom, ne pouvant l’entendre elle courait pour traverser le goudron. Une minute de silence paaafff. Un camion citerne l’a renversée jusqu’à mes pieds. Figé, immobile durant une demie heure. Il a fallu l’intervention des usagers de la route. Mais elle était morte. Son sang coulait sur mon visage. Ses beaux yeux écrasés. Sa tête séparée de son corps.
Je passerai sans parler de mon état car je vous mentirai. Ni conscient ni vivant. Après les trois jours qui suivaient sa mort,  j’hésitais toujours pour ouvrir la lettre d’Ella. Finalement je l’ouvris :

« Mon cher Ila
Salut, comment tu vas ? J’ai lu et relu ton message. J’ai été touchée profondément par tes mots. Si seulement tu savais combien de fois j’ai de l’estime pour toi. Je priais Dieu exceptionnellement pour toi, pour deux choses : que tu changes à mon égard, qu’un jour une de tes lettres me parvienne. Mes prières ont été exhaussées. Je ne t’ai jamais haï même pas pour une seconde. Je t’aimais pour ton intelligence. La seule chose qu’il te faut c’est de t’excuser auprès de mon cousin. Que Dieu te protège ! »

Que Dieu me protège était sa dernière phrase. Elle était morte dans la souffrance. Je l’ai tuée.