Travaille, travaille...

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L'évolution technologique entraîne la mécanisation du travail depuis déjà le XIXè siècle, c'est-à-dire depuis deux siècles donc deux cent ans. Deux cent ans. Et cette évolution n'a de cesse de s'accroître. Entraînant la mécanisation du travail, il est peut-être vain de penser que nous pouvons créer plus d'emplois alors que nous les supprimons au fur et à mesure que nous inventons des machines toujours plus performantes. Quelle logique a donc la Loi Travail en donnant plus de droits aux entreprises, en flexibilisant (oui, oui je suis peut-être une gauchiste mais je connais le vocabulaire et signification des libéralistes) les heures de travail, c'est-à-dire en permettant que, par seul accord d'entreprise, on puisse passer de 44h à 46h de travail par semaine ou encore de 10h à 12h de travail par jour ? La logique de la Loi Travail, en inscrivant comme légale l'inversion de la hiérarchie des normes, sous couvert de dialogue social alors qu'un.esalarié.e a toujours moins de pouvoir que son employeur.se. Rappelons juste, au cas où certain.e.s l'auraient oublié, qu'un.e entrepreneur.se peut licencier son employé.e et de ce fait, ce.ttedernier.e est nécessairement soumis.e à cette menace de ne plus avoir de travail du jour au lendemain. C'est donc pour cela que le code du travail existe puisqu'il rééquilibre la relation employé.e/employeur.se en protégeant le.la salarié.e d'un total arbitraire de l'entrepreneur.se. Bien sûr tou.te.s les patron.nes ne sont pas des méchant.e.s sans foi ni loi mais le fait est qu'il en existe (Gattaz et le Medef, c'est pour vous !) donc on ne peut pas vouloir aider les PME et TPE en leur offrant des droits qui laissent porte ouverte aux grandes firmes multinationales de faire ce qu'elles veulent et exploiter les gens.

Mais bon, là je m'égare de mon sujet de départ. Donc revenons-en à nos moutons. (Nota Bene : Vous connaissez l'histoire des moutons de Panurges ? Si non, vous n'avez qu'à regarder la société actuelle et pas seulement française, je vous rassure, on n'est pas les seul.e.s !)

Donc, je disais, la mécanisation du travail entraîne suppression de ce même travail et puisque, soyons béni (ironie quand tu nous tiens), les avancées technologiques ne finiront jamais (l'être-humain est vraiment trop intelligent quand il s'agit de créer des gadgets, pour la vie politique, on repassera quand même...), il y aura toujours moins d'emploi. Alors qu'est-ce qu'on fait ? Une idée intéressante, c'est de réduire le temps de travail. En effet, si nous réduisons ce temps, d'une part, ça évitera de s'épuiser au travail et accessoirement d'avoir une vie en dehors du métro (ou tram ou voiture ou vélo, le vélo c'est bien, c'est écolo)/boulot/dodo. D'autre part, si une personne ne travaille plus autant qu'avant alors le temps de travail qu'elle n'a plus peut très bien se donner à une autre personne et donc là, magie, création d'emplois ! (Applaudissements ! *clapclap*).C'est ce qu'on appelle le partage du temps de travail si j'ai bien compris les gauchistes avec qui j'ai pu discuter de temps à autre.

Après, juste une petite idée comme ça, plus on va avancer technologiquement, moins il y aura de travail même si certains domaines resteront toujours nécessairement réalisés par des êtres humains (l'enseignement, le travail social, psy etc.),faudrait tout de même peut-être commencer à se questionner sur l'idée-même de travail... Je vous laisse donc avec Hannah Arendt, femme philosophe que je désespère étudier un jour à l'université (mes cher.e.sprofesseur.e.s si vous me lisez un jour, pensez-y *clindoeil*).

« C'est l'avènement de l'automatisation qui, en quelques décennies, probablement videra les usines et libèrera l'humanité de son fardeau le plus ancien et le plus naturel, le fardeau du travail, l'asservissement à la nécessité. [...] A cet égard, il semblerait que l'on s'est simplement servi du progrès scientifique et technique pour réaliser ce dont toutes les époques avaient rêvé sans jamais pouvoir y parvenir.

Cela n'est vrai, toutefois, qu'en apparence. L'époque moderne s'accompagne de la glorification théorique du travail et elle arrive en fait à transformer la société tout entière en une société de travailleurs. Le souhait se réalise donc, comme dans les contes de fée, au moment où il ne peut que mystifier. C'est une société de travailleurs que l'on va délivrer des chaînes du travail, et cette société ne sait plus rien des activités plus hautes et plus enrichissantes pour lesquelles il vaudrait la peine de gagner cette liberté. Dans cette société qui est égalitaire, car c'est ainsi que le travail fait vivre ensemble les hommes, il ne reste plus de classe, plus d'aristocratie politique ou spirituelle, qui puisse provoquer une restauration des autres facultés de l'homme. Même les présidents, les rois, les ministres voient dans leurs fonctions des emplois nécessaires à la vie en société, et parmi les intellectuels il ne reste que quelques solitaires pour considérer ce qu'ils font comme des œuvres et non comme des moyens de gagner leur vie. Ce que nous avons devant nous, c'est la perspective d'une société de travailleurs sans travail, c'est-à-dire privés de la seule activité qui leur reste. On ne peut rien imaginer de pire. »

S'engager. Quel que soit le combat. Faire que ce qu'on pense, écrit, dit soit réel, dans l'action. Pour ma part, cela fait quelques temps que je souhaitais que mes valeurs, mes écrits deviennent aussi un moteur dans ma vie, dans la vie. Aujourd'hui, j'ai fait ce pas et je continuerai de le faire tant que j'en aurai la possibilité. Lève la tête, va de l'avant, poursuis tes rêves, ce n'est pas seulement une phrase que j'ai balancé comme ça. C'est une ligne de conduite personnelle que je suis avec le plus grand des plaisirs après ce que j'ai pu me faire vivre. L'engagement, ce n'est pas seulement virtuellement ou à l'abri sur un ordi. L'engagement, c'est être présent dans le combat que l'on choisit. Combat qui peut être un succès, un échec ou entre les deux, peu importe. L'important, c'est de combattre avec envie, au pourcentage que notre vie nous permet. S'engager, c'est agir mais aussi penser. Ce qui fait qu'aujourd'hui, j'agis, c'est parce que j'ai déjà fait du chemin sur la route de la pensée et que l'envie d'agir s'est concrétisée de plus en plus au fil de ma réflexion. S'engager, ce n'est pas seulement tracter, demander d'être écouté, marteler les autres de nos idées, c'est aussi écouter les autres, leurs pensées, leurs ressentis et leurs idées. Aujourd'hui, on vit dans une société où ce sont souvent les mêmes qui sont entendu.e.s, cette sorte d'élite dans les médias qui nous laissent à nous peu de voix. Ça, je veux le changer et l'écriture me semble un de ces moyens mais l'action l'est aussi. Alors j'écris et j'agis sans jamais oublier que, si je fais partie de ces voix que l'on n'entend pas, il y en a pleins d'autres aussi. Si j'ai le moindre talent d'écriture, j'essaierai donc de devenir l'outil de toutes ces voix que l'on n'entend pas.

J'ai appris sans aucune formation, sur le terrain, sur le tas, me dépatouillant avec tout ce que je voyais, ressentais, vivais. Parce qu'aucune formation théorique ne vous apprendra la pratique et le meilleur enseignement est certainement celui que l'on vit, avec ses erreurs, ses doutes, ses peurs mais aussi ses réussites. Alors que je venais de commencer mon entrée dans la mobilisation, je suis partie à une coordination nationale étudiante, celle de Rennes 2 ou Rennes la Rouge. C'est là que je me suis rendue compte que la politique politicienne actuelle était partout même au milieu d'étudiant.e.s bien trop politisé.e.s pour ne pas se batailler entre syndicats, partis et autonomes. Un week-end épuisant de discussions, de débats plus ou moins utiles, de disputes pour savoir qui était le plus fort et qui prendrait le dessus. Mais un week-end aussi d'apprentissage, de découverte et de rencontres qui, si je ne le savais pas à ce moment-là, se referont plus tard.

La politique est un jeu de discussion de couloirs, de magouilles, de rapport de force et de qui l'obtiendra. Ce jeu, qu'il soit au niveau du gouvernement ou au niveau d'une mobilisation populaire, ne cesse de se répéter. C'est comme cela qu'on nous apprend à être politisé.e. Pour l'instant, et de ce que j'ai pu en voir, il ne me semble pas qu'il y ait de valeurs humaines dans la politique actuelle. Et vous ne pouvez pas savoir à quel point ce constat m'écœure. Pourtant, j'ai joué à ce jeu et j'y jouerai certainement encore quelques fois. Seulement voilà. La politique actuelle, si elle a commencé un jour, peut se terminer un autre. La force de ce jeu est détenue par les quelques-un.e.s qui le font et ces quelques-un.e.s, où qu'ils.elles soient dans la hiérarchie du pays, ne représentent pas un peuple entier qui a le pouvoir de se lever. Si notre régime politique est une démocratie, alors le peuple a la possibilité de se mettre debout et de crier son mécontentement, son dégoût contre cette politique indécente malgré ce qu'on veut nous faire croire. Ce n'est pas une minorité qui a pris le pouvoir, c'est la majorité qui le lui a laissé. Si la démocratie se perd, c'est parce que le peuple se tait.


Les années militantesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant