Episode Nuit Debout

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Et puis, je suis sortie du hall de la fac et est allée rencontrer la naissance du mouvement Nuit Debout. Assister aux Assemblées Générales où je ne disais mot, participer aux différentes commissions où je parlais un peu plus, faire vivre ce mouvement citoyen selon mes petites capacités, laissant ma pierre à l'édifice. Une expérience intéressante qui me montrait la démocratie directe, ses difficultés et ses nouveautés. Un jour où j'assistais à une AG, des journalistes de La Montagne sont passés, ils voulaient interviewer quelques Nuit Deboutistes. Je me souviens avoir répondu à quelques questions.

— Qu'est-ce que vous attendez avec Nuit Debout ?

— Une réelle démocratie comme on devrait l'avoir dans ce pays, comme on nous l'avait promis.

Tellement d'opprimé.e.s dans cette société, répression policière pour vouloir briser les barrières qui nous entourent, nous enferment dans un univers que l'on conteste, violent comme la peste. Non, ce n'est pas le nôtre, c'est celui de ces apôtres politiques qui font les sourds devant la réclame des gens. Ne rien faire et attendre, c'est plus facile que de se lever et de vouloir se faire entendre. Mais si nous restons passif.ve.s, cette société ne changera jamais. Je comprends la peur, je comprends l'individualisme et l'égoïsme. Après tout, tant que nous-mêmes et nos proches sont heureux.ses, pourquoi fragiliser ce maigre espoir d'une vie bien menée ? Parce que cet espoir est trop maigre et que la précarité ne choisit pas ses cibles. Elle est une vague qui finira par tou.te.s nous ensevelir. Légitimité tangible que de s'appeler humain si nous laissons crever ceux qui ne possèdent rien. Démocratie qu'on nous avait dit, liberté dont on nous avait martelé l'esprit. Je n'en ai jamais vu qu'un fantôme, un spectre qu'ont voulu d'anciens hommes. J'imagine bien la tête de mon grand-père en ces jours si fastidieux, lui qui s'est battu contre les nazis, maquisard, résistant. Que dirait-il devant ce gouvernement ? Que direz tous ces gens qui se sont battus auparavant pour un monde meilleur ? Monde qu'on ne cesse de détruire, où on laisse les maux nous ensevelir. S'ils ne veulent pas nous offrir ce qu'ils nous ont promis, alors c'est à nous de prendre en main notre démocratie.

Vendredi 29 avril 2016 a eu lieu une action de Nuit Debout, mouvement auquel je participe. Cette action a été votée et actée en Assemblée Populaire et Citoyenne, la commission action se chargeant ensuite des détails le jeudi 28 avril juste avant la projection du film « Je lutte donc je suis ». Cette action avait en visée la délibération lors du conseil municipal sur les emprunts toxiques, s'alliant donc avec le Collectif pour un Audit Citoyen 63 (CAC 63). Action aussi qui réagissait au tweet de monsieur le Maire de Clermont au sujet de Nuit Debout : « Insomniaque depuis plus de vingt ans je passe mes #‎NuitsDebout et j'en fais pas tout un plat » en modifiant des berceuses d'enfants connues et en demandant comme tenue vestimentaire pyjamas, oreillers... Est-il utile de préciser que l'action avait donc comme but d'être totalement bon enfant et sans violence ?

J'étais à l'Assemblée Populaire et Citoyenne lorsque le vote a eu lieu, j'étais à cette commission action le jeudi soir, j'étais présente toute la nuit de jeudi à vendredi, debout, sans dormir. C'est là que l'on vit réellement le nom « Nuit Debout », c'est là aussi que l'on comprend qu'on ne peut pas enchaîner toutes nos nuits sans dormir, que ce soit dans un mouvement social ou dans le cas d'un travail de nuit ou encore parce qu'on souffre d'insomnies ou parce qu'on multiplie les soirées entre amis. J'étais présente lorsque la construction en palette a été montée, quand elle a été installée et quand des voitures de police sont passées plusieurs fois en soirée et dans la nuit, qu'ils n'ont pris aucune peine de s'arrêter pour nous parler, preuve que l'on ne dérangeait personne. J'étais présente toute la journée du vendredi et ce qu'on a peu entendu, c'est que, dès 12h, la police nationale n'a cessé de nous mettre sous la pression de casser notre matériel, de ramasser toutes les palettes en bois. Nous donnant un quart d'heure, puis, une heure etc. Toute l'après-midi a été régie par cette pression. Je n'avais pas dormi, quelques-uns de mes camarades non plus, d'autres partiellement. Toute l'après-midi, nous avons été sous pression de la fatigue mais aussi de l'ordre donné de nous évacuer. Ordre donné par la préfète, sans réponse du maire à la demande des organisations syndicales.

Les années militantesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant