Ma pensée politique s'est développée tout du long de la mobilisation et si, quelques parties sont pleinement intégrées à ce texte, j'en mets quelques-unes ici à la suite.
La répression policière lors d'un mouvement contestataire est inévitable mais jamais excusable. Inévitable puisqu'il serait naïf de croire qu'un pouvoir ne se défende pas, se laisse contester sans répliquer et c'est à cela que l'on voit que la démocratie ne rentre pas dans la ligne de compte. Démocratie ou dictature, un pouvoir gouvernemental cherchera toujours à casser un mouvement social qui montre les faiblesses et les incohérences dudit pouvoir. La seule « limite », et encore tout dépend où et contre qui, que fait plus ou moins un régime se disant démocratique dans une répression, c'est seulement qu'il ne faut pas taper trop fort, à chacun de voir jusqu'où ce « pas trop fort » a le droit d'aller, mais surtout de ne pas taper là où il pourrait y avoir trop de témoins de x coté et trop d'images à être possiblement divulguées. C'est là qu'on supprime les images, le matériel des journalistes indépendants et/ou de masse quand ils sont présents en passant par les simples smartphones. La répression policière et donc étatique doit toujours être bien vue pour les absents, c'est là qu'entre en scène une bataille idéologique qui naît d'ailleurs dès le début d'un mouvement contestataire. Et c'est parti pour les manipulations d'images, les médias de masse vous montreront les « méchants casseurs » tandis que les images venant du mouvement vous montreront les flics qui tabassent, ces « bavures » qui, pour en avoir vécu et vu quelques-unes, pour avoir écouté plusieurs témoignages, sont un quotidien et non des évènements rares.
Et dans ce flot d'images violentes, on en oublie le combat mené, les revendications ne sont plus diffusées, oubliées, recalées au dernier plan. Là, même s'il est important de signifier les violences policières, l'état a, de suite, gagné. L'opinion publique s'inquiète, s'emmêle les pinceaux, n'y comprend plus rien et aura plus de mal à rejoindre le mouvement puisqu'elle ne le comprend pas ou plus.
Pour les militants, la colère, la rage, la haine en même temps que la peur montent et divisent autant qu'elles solidarisent. L'état ne cesse de gagner. « Diviser pour mieux régner », bien sûr qu'on le connaît ce proverbe et on ne cesse de répéter que « L'union fait la force » mais on a beau le dire, on ne sait pas le vivre. S'unir, oui mais alors ils arrêtent de casser. S'unir, oui mais alors ils respectent nos modes d'actions. S'unir, oui mais nous campons chacun sur nos positions. Jugements, désolidarisation, oubli de la discussion. L'état n'a même plus à faire quoi que ce soit, hormis continuer à mettre une certaine pression sur chacun des camps du mouvement, à coups de matraques pour certains, à coups de menaces verbales pour d'autres.
Est-on plus militant lorsqu'on passe en première ligne, se faisant gazer et matraquer, en taguant les murs et en caillassant les banques ? Est-on plus militant lorsqu'on suit les organisations syndicales et politiques, participant aux manifestations et autres actions, en faisant grève ? Est-on plus militant dans l'illégalité ou la légalité ? Les deux façons d'agir n'ont-elles vraiment rien en commun, n'ont-elles pas le même but, ne mènent-elles pas le même combat ? Les désaccords doivent-il primer sur les accords ?
Le problème de fond de la politique, c'est qu'elle divise. D'un côté, les organisations empruntant un chemin légal de par leur nature. De l'autre, ceux et celles qui, outragés, révoltés, se tournent dans l'illégalité. Mais si les directions, elles, de par leur fonctionnement, s'inscrivent dans la légalité, un administré peut toujours, je dis bien toujours, se lever contre sa hiérarchie, anonymement ou non, masqué ou à visage découvert. Ainsi, sur le terrain, sur la réalité d'un mouvement, une union est bien créée, celle des êtres-humains et c'est cette union qui effraie, cette force du vivre-ensemble.
Et puis, pour tout un tas de raisons, ma pensée s'est notamment radicalisée sur le vote. Alors qu'il y a quelques années, l'année de mes dix-huit ans, je m'étais culpabilisée terriblement pour ne pas être allé voter aux élections départementales, aujourd'hui, voilà ma réflexion.
VOUS LISEZ
Les années militantes
Non-FictionMes années militantes quand j'étais à la faculté à Clermont, Montréal et Rennes.