OBSIDIA [TERMINÉE]

- Chapitre II -

Musique : Warriors, Imagine Dragons

*

| LILITH |

Hier soir après avoir sauté du toit du bâtiment et atterris sur le matelas de chute en ayant fait une belle frayeur à mon frère, je suis rentrée à la base et suis partie me doucher pour me débarasser de la transpiration dûe à l'entrainement et revetir une tenue plus confortable que ma combinaison noire qui me collait au corps.

Vêtue de mon habituel jogging gris et de mon large tee shirt noir, j'attends calmement Grey dans son bureau. Assise les jambes croisées sur sa chaise en cuir marron, je joue avec son poignard que je fais légèrement tourner entre mes doigts. La lame brille aux dernières lueurs du soleil et je me permets d'observer mon reflet sur cette dernière. Mes longs cheveux noirs ressemblent à une crinière, malgré mon effort pour les attacher en un chignon coiffé-décoiffé tandis que mes yeux verts reflètent ma fatigue. Le symbole gravé sur la lame coupe mon visage en deux et le déforme de manière hideuse.

Perdue dans ma contemplation, je n'entends pas mon frère pénétrer le bureau - et non la première venue - et manque de faire une crise cardiaque. La lame que j'avais dans les mains tombe par terre et coupe le dessus de mon pied au passage. Une vive mais rapide brûlure se fait ressentir et je grimace de douleur. Voyant une goutte de sang perler le long de mon pied, Grey se dririge vers le placard où se situe une trousse de secours au cas où ce genre d'accident se reproduirait. Il revient tout souriant avec un pansement rouge à l'effigie de Flash McQueen et du désinfectant.

À genoux devant moi il bloque mon pied entre ses cuisses et applique le désinfectant avec un coton avant de coller le pansement. En voyant cette scène, mon cœur se serre et je repense à ces moments, où mon père, lorsque je me faisais mal, s'occupait de moi, son habituel sourire sur les lèvres et ses bisous magiques toujours prêts à apaiser les moindres bobos.

Une larme roule le long de ma joue et je renifle avant de me frotter les yeux. Grey arrête ses mouvements et ses épaules s'affaissent.

— Il te manque, n'est ce pas ? me questionne t'il

— Terriblement... murmurais-je.

— Je te promets qu'on le vengera. Et qu'on la retrouvera, peu importe le temps qu'il faudra. On la tuera.

Il me tend son petit doigt que j'enroule du mien, signe que notre promesse sera tenue à tout prix, même au prix de nos propres vies.

Un rire s'échappe de mes lèvres quand Grey vient m'ébouriffer les cheveux avant de commencer à me taquiner gentiment. Les mains à plat sur son torse, je le repousse avant de le voir s'asseoir directement sur son bureau. Il me rapproche de lui en tirant la chaise de sorte à ce que je sois plus proche de lui.

— J'ai quelque chose à t'annoncer Lilith

Ces quelques mots prononcés d'une voix grave et rocailleuse me font frissoner. Il reprend sans plus attendre, laissant le soulagement me submerger.

— Demain tu pars en mission solo.

Un sourire se peint sur mon visage quand je demande à mon frère ce que je vais devoir faire.

— Ça va te plaire. Tu te rappelles de la passion que papa t'a transmise rassure moi ? Me demande t il, ironiquement.

Je me rembrunis lorsqu'il parle de lui mais mon air joyeux revient au grand galop.

— Les voitures !? Demandais je, surexcitée.

Il confirme mes propos d'un hochement de tête. Mon coeur bondit dans ma poitrine et je me relève précipitamment, renversant au passage un stylo que je m'empresse de ramasser avant de le faire jouer entre mes doigts.

Les voitures, c'est le seul héritage et la seule passion que mon père m'a laissé avant de...

Ma gorge se noue rien qu'au fait d'y repenser et je me perds rapidement dans mes pensées avant d'être ramenée sur terre par la main de Grey sur mon avant bras.

— Je te fais un rapide topo de ce que tu vas devoir faire et après je te laisse aller te coucher puisque tu vas devoir partir aux aurores.

J'acquiesce distraitement, ressassant sans cesse les mêmes souvenirs en boucle par peur de l'oublier. Grey a dû remarquer que je ne l'écoutais pas puisqu'il m'interpelle avant de reprendre ses explications en étant sûr que je l'écoute cette fois ci sans me reprocher ma rêverie.

— Je disais donc que tu vas devoir courir contre le gang rival au mien pour une histoire de territoire de longue date et que je veux régler une fois pour toutes. Je te laisse le choix de la voiture dans le garage et y compris parmi les miennes. Tu vas devoir te rendre à environ vingt cinq kilomètres d'ici et disputer la course sur les routes tortueuses au milieu de la forêt de pins que nous avons l'habitude de traverser lors de nos missions communes.

Après les derniers réglages avec mon frère je suis partie dans l'aile est de la base, là où se trouve ma chambre et celle de mon frère. Tous ses soldats quant à eux dorment dans les dortoirs communs de l'aile ouest, je n'ai donc aucun risque de les croiser dans les couloirs et peux me balader comme je l'entends puisqu'ils me fuient comme la peste. Mes poumons réclament le maximum d'air possible, rendants ma respiration bruyante mais me permettant par ailleurs de faire redescendre la pression et la fatigue que mon corps a accumulé aujourd'hui. Une fois devant la porte de ma chambre, je baisse la poignée et pénètre dans mon cocon protecteur.

Baignée par les derniers rayons de soleil, l'aura émanant de la pièce m'apaise instinctivement. Le lit moelleux qui trône en son centre n'attend que moi et je n'attends pas plus pour m'y precipiter. Les draps sentent l'odeur de la lessive fraiche et propre et ma couette blanche sur laquelle de petits cœurs rouges figurent me fait sourire.

Le rouge - surtout bordeaux - étant ma couleur préférée, plusieurs touches sont présentes dans ma chambre. Les grandes fenêtres sur le côté droit donnent la vue sur la forêt bordant la base et une odeur de sapin parvient à mes narines. Les petites plantes disposées ça et là sont en parfaite harmonie avec les leds en forme d'étoiles qui font le tour de ma tête de lit. Complètement détendue et sereine mes yeux commencent à se fermer lorsque j'entends le parquet grincer et sens la présence de mon frère. A travers mes yeux mi-clos, je le vois s'approcher avant de m'embrasser sur le front et de sortir de la pièce.

- Bonne nuit... me murmure t il

Je crois lui avoir répondu mais n'en suis pas certaine puisque je tombe dans les bras de Morphée dès que la porte se referme derrière lui.