Amelys
-Le dernier arrivés nettoie le cartable de l'autre ! s'exclame mon frère lorsque les portes s'ouvrent, brisant le silence.
Je soupire, ne me pressant aucunement. Il jubile, étant le premier arrivé aux portes de l'immeuble, m'ajoutant des tâches que je ne vais certainement pas faire. Je suis pas sa boniche.
Sortant du hall pour aller à la voiture, mon regard s'arrête sur un homme nous fixant. Petit, rondouillard et chauve, il a les traits cachés sous une grand chapeau qui ressemblait à un bob de mauvais goût. Il semble avoir la quarantaine, et à un costard sous un manteau large, noir et usé, qui devait être cintré, mais qui n'est plus qu'une nappe informe, l'entourant de part et d'autre telles des ailes de corbeaux. Mais ternie par le temps, ce pauvre tissu n'a pas survécu.
Adossé à un lampadaire non loin de notre voiture, il nous suit du regard, d'un de ces regards que je trouve cruel par les cavités sombres qu'il a sous ses yeux, qui quand à eux sont petits et brillants de malveillance. On dirait qu'il n'a pas dormi depuis des semaines. Il ressemble vraiment à une fouine.
Je n'aurait pas été étonnée s'il se présentait comme un sbire de Dracula. Avec un nom ringard, pour un petit homme bizarre. Enfin bon, de toute façon si il venait me parler, je m'en irais rapidement dans le direction opposée. Et très loin..
Pas rassurée du tout par son regard qui n'engendre rien de bon tant que par sa tenue, je pousse mon frère en avant, lui qui réponds à ses amis. Il nous regarde traverser le trottoir pour nous rendre dans la voiture. Ses yeux nous lâchent une milliseconde pour regarder arriver le nouvel arrivant.
L'exact contraire du précédent.
Celui-là semble beaucoup plus jeune :grand et élancé, le visage caché par une capuche et des lunettes de soleil, il parait avoir dans la vingtaine : je ne vis pas ses traits, avec le masque qui cache le reste de son visage, mais une touffe de cheveux blond me surpris dans cette ensemble sombre.
On dirait une star. Son pull large ne peut cacher ses épaules carrées, et ses bras que je devine musclés ,sont croisés sur son torse. Plusieurs chaines argentées sont accrochées à son jean noir, celui-ci bouclé avec une ceinture de la même couleur. Ce côté discret mais m'as-tu-vu me plaît beaucoup (comme style, évidemment).
Voyant que je le regardait -fixait- il lève la main pour abaisser un peu sa capuche. Ma mâchoire se crispe d'indignation. Quel frimeur. C'est pas comme si je le mate pour demander son numéro où quelque chose comme ça. Les gars, c'est pas mon importance capitale.
Je remarque alors à son poignet une montre qui fait tâche au milieu de sa tenue moderne : elle semble vieille et usée, prête à être recyclée. Le genre de montre que mon père a à son poignet, héritage de grand-père. Sauf que c'est une montre à gousset.
Malgré leurs présences que je trouve assez étrange, je décide de ne plus les calculer. Je détourne alors le regard de ces hommes, quand Idris retire violemment ma main de son épaule :
-Pourquoi tu mets ta main sur mon épaule ? Tu me fais mal. J'te jure que j'vais finir par porter plainte.
Qu'est-ce que je devrais dire, moi ! T'es pas un ange non plus. Tu es juste la destruction incarnée.
Je m'étais même pas rendue compte de ma crispation. Idris me regarde en me « bazookant » du regard, comme il aime dire.
Sachez que pour son anniversaire de ses 18 ans, je demanderai à un maison d'édition de faire un dictionnaire français-Idris. À ne surtout pas acheter.
Je le fusille du regard : ça m'apprendra à être une grande-sœur protectrice. À la place, je le fourre dans la voiture, comme ça il aura une bonne raison de se plaindre. Je jette malgré moi un dernier coup d'œil vers les deux hommes, en train de parler. Ils stoppent soudainement leur conversation : je me retourne pour voir l'objet de leur arrêt ; mon père arrive.
Leurs attentions se concentrent alors sur le nouvel arrivant, qui se dirige vers nous. Idris sort alors de la voiture en me bousculant pour se ruer vers lui en se jetant dans ses bras pour se plaindre de la façon dont je l'ai balancé dans la voiture. Quel sale gosse.
Mon père m'observe à la dérobée ;il eut un rictus, puis murmura quelque chose à mon frère, en lui mettant quelque chose dans sa main. De la bouffe. Idris lui fait un large sourire. Qu'est-ce qu'il peut être facilement corrompu..
Il fait signe à l'un des gardes du corps qui l'accompagne, et l'un d'eux ramène Idris à la voiture. Je m'arrête ; depuis quand mon père a-t'il des gardes du corps ?
Idris s'accroche aux jambes de mon père, en criant qu'il ne veut pas aller avec cet homme qui va lui faire du mal, le torturer et pire encore et qu'il ne bougera pas d'ici sinon il l'aura sur la conscience de son meurtre. Je me frappe la tête ; quel idiot.
Angoissée, je tourne mon attention à nouveau vers les deux hommes, attendant mon frère : ils semblent absorbés par leurs téléphones. Le gars au bob semble prendre une photo ; des paparazzis. Le gars aux chaines tourne légèrement la tête vers moi ; il semble s'amuser de la situation, et de mon désarroi. Mon souffle se fait soudainement erratique.
-Papa !
Il se tourne subitement vers moi ;je me rends compte que j'ai crié un peu trop fort vu les passants en plus qui se retournent.
-Papa... Je... On va être en retard...
Il semble étonnée de ma réaction :à vrai dire, c'est bien la première fois que j'ai une envie pressante d'aller en cours. Il se gratte le menton impeccablement rasé après s'être assuré que tout allait bien aux alentours, puis détache mon frère de sa jambe, et lui met une tape sur les fesses.
-Sois un homme. À ce soir.
Idris me jette un regard assassin.
-Si t'aurais pas crier, je serais certainement dans le voiture de papa ! T'es vraiment nulle.
Je monte après que mon frère y soit, me faisant violence à ne pas prendre sa tête et la faire rebondir sur la portière, quand j'entends un rire dénué d'émotion :ce rire qui me fait froid dans le dos vient du frimeur.
Hésitant sérieusement à envoyer un message à mon père ; je me retourne à nouveau et les voient s'en-aller. Soupirant de soulagement, je les regarde partir. Je me suis sans doute inquiétée pour rien.
Il prenait des photos...
Faudrait que j'arrête de regarder des films d'horreurs et criminels avant de dormir, ma mère a raison, ça commence à me monter au cerveau... Je trésaille en pensant à elle. J'inspire pour chasser les larmes et regarde droit devant moi.
Mais malgré tout, un poids reste au niveau de mon cœur ; comme si j'avais un mauvais pressentiment.. Son rire en écho me rend nerveuse. C'est avec ce sentiment que je me rends au lycée, quasi vite oublié par Lua qui me saute au cou en m'annonçant sa grande nouvelle..
Nouveau chapitre ! Merci pour ceux qui lisent..
La prochaine fois, point de vue de notre garnement préféré !
N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez!
XX.
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Oméga
ActionAmelys Blanc à 17 ans quand tout bascule. Jeune fille solitaire, elle va apprendre à se méfier des apparences, parfois souvent trompeuses.. Son frère Idris et elle vont devoir apprendre à se soutenir mutuellement pour pouvoir remonter la pente, sou...