Chapitre 6

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Amelys


Nous sortons de cours, et j'accompagne Lua à son arrêt. Arrivée, nous apercevons au loin une ombre noire surgir derrière nous et toucher l'épaule de mon amie. Oh,non.  Effrayées, nous nous mettons à accélérer, quand Lua se prit un lampadaire, tandis que je prenais au passage ma petite bombe lacrymogène qui est dans mon sac, la main sur le déclencheur, prête à dégainer.

Surprise par le bruit métallique, je me retournais pour voir juste à temps l'homme encapuchonné la retirer pour dévoiler enfin son visage :c'était Dan. Il se précipita sur Lua, en se confondant en excuses : elle se tenait le nez, râlant et repoussant Dan, en le traitant de crétin sans cervelle. Devant le chaos que représentait cette scène, je me mis à éclater de rire ; Lua cessa d'écarter son copain pour me jeter un regard noir, suivi d'un signe très affectif qui choqua son homme, le laissant silencieux, les yeux grands ouverts. Ce qui, évidemment, fit redoubler mon rire :

-Mon Dieu ! M'écriais-je, suffoquant, ne fais plus jamais ça ! J'ai eu la frousse de ma vie..

-Ha. Ha, tout le monde te croirait c'est certain avec la tronche que tu te payes, railla ma meilleure amie. J'aimerais bien te voir à ma place en situation inverse...Avec tes fringues dans une flaque et le nez pété, espèce de bobo avec ses fringues de créateurs.

Je m'essuyais les joues, mouillée par mes larmes, m'offusquant de ce qu'elle venait de me dire. Car je ne porte (presque) jamais de fringues de marques ; pour moi, c'est une façon d'étaler sa richesse et de creuser un fossé entre les personnes d'une autre classe sociale, et de cacher les choses simples de la vie qu'on ne peut avoir..

L'argent n'achète pas tout..

Aussi, je ne comprends pas les filles de notre lycée, qui en plus de se vanter, critiquent les autres et entres elles. Ce genre de vêtements, je les mets que peu souvent : uniquement chez mon oncle paternel et ma mégère de tante. Ce frère à mon père a toujours été jaloux de sa réussite, et de sa femme. Alors, vu qu'ils nous traitent comme dessous-merdes, je leur rappelle qui sont les gueux et les riches dans l'histoire. La tante ne rattrape rien dans notre relation :méfiante et jalouse, nous détestant accessoirement, alors réciproquement, ont lui donne un petit nom affectueux : le Dragon. Quand à l'oncle, c'est le Tarsier.

Ces deux-là se sont bien trouvés. Ce couple n'a pas d'enfants: comme il ne me supporte pas (en même temps, je ne fais pas trop grand chose pour qu'il m'aime : un lointain souvenir de crème épilatoire à la place d'un shampoing me reviens...), il fondent sur mon frère. Lui qui aime l'attention, il est servit.. Contre sa volonté.

Dans ces moments-là, il me fait vraiment pitié.

La seule que j'apprécie, c'est ma tante maternelle : cette dame de 60 ans, habitants les hauts-quartiers grâce à une allocation que mon père lui envoie, se dit voyante, et est un peu folle sur les bords ; mais c'est ce qui fait son charme. Femme seule, abandonnée par son fiancée quand elle fut en cloque, fini par se réfugié dans les sciences surnaturelles, et de faire vœu de célibat.

Mais pas vœu de solitude : elle a quand même gardé ses deux fils, deux jumeaux de 14 ans, des substituts exécrables, ils se font un malin plaisir à me traiter de tout les noms, notamment d'homosexuelle, car je n'ai jamais eut de petits-amis. Mon frère, qui les déteste, est dans ces moments de notre vie de mon côté, et prend même ma défense en m'aidant à les enfermer dans le placard sombre sous l'escalier. J'ai une vidéo absolument mémorable.

Alors que j'allais sortir une réplique cinglante, elle se leva, et se précipita sur moi :

-J'ai maaaal...

-Désolée, princesse, lui dit Dan, tout penaud en regardant sa petite-amie, je voulais juste vous faire une petite surprise. Même si je ne m'attendais pas à un tel accueil de votre part..

-T'es dingue, répliqua Lua, ne me touche pas ! Ça t'apprendras à nous faire peur, continue-t'elle en le frappant. J'ai faillit avoir une crise cardiaque en plus, par ta faute. Et arrête de m'appeler princesse, je déteste ça.

Son air énervée ne fit pas tomber la résolution de Dan à la prendre dans ses bras. Je les regardent tout les deux : j'ai l'impression de tenir la chandelle ; Lua, vite réconciliée avec elle-même, accepte de tomber dans ses bras. Il faut croire que l'absence de son père chez elle accentue son besoin d'un homme à ses côtés : c'est pour ça que j'ai accepté d'être son amie ; une fille qui se suffit à elle même sans avoir besoin de garçon pour la pousser au meilleur est la chose que j'ai toujours apprécier chez Lua... Mais bon. Danni est apparut.

Peut-être devrais-je mandater son paternel de revenir en France ?

Enfin, depuis ce matin, je me demande sérieusement comment ils ont pu tomber amoureux. Ce sont vraiment deux opposés ; Daniel Durameau, est rigide, sérieux, droit surtout, comme dans ses baskets. Il est champion de judo catégorie -60kg au niveau national deux fois ; les codes moraux, il les connaît.

Cheveux lisse, coupé au bol, blond et yeux noirs, il est musclé et athlétique, carrure accentuée par ses heures de sports quotidiennes. Premier en tout, il n'a pas d'ennemis ; il faut dire que lui et ses parents sont connus pour aider les français sans-abris, donnant des couvertures et des soupes chaudes l'hiver, et du réconfort dans leur centre de secours. Ce qui aide fortement à inspirer le respect.

Mais il a également un côté que je n'aime pas ; il est trop parfait. Je n'aime pas les garçons trop parfaits ; ils ne me semblent pas net sur certains points. En exemple, il n'a jamais invité personne chez lui : pourtant, il habite les quartiers chics du 16e. Pas de quoi avoir honte.

Pour moi, c'est le genre de gars qui mérite de rester avec ces filles superficielles qui ont été ses petites-amies pendant les deux années qui ont suivis son intégration au lycée.

Oui, je l'admets, je suis une hypocrite. Mais j'ai jamais dis que je l'aime : Lua le sais très bien.

Quand à elle, Lua Leroy, cette traîtresse ne connaît aucune limite : son père, déçu de ne pas avoir de fils parmi ses 4 enfants, éleva la petite dernière comme un garçon manqué jusqu'à ses 10 ans, où elle commença à avoir une part de féminité lorsque son père fut missionné en Amérique pour éduquer de jeunes futurs marins au métier.

C'est sa mère qui la forçait à s'habiller -en public au moins- en jeune fille élégante. Mais je sais que la première fois que je suis venue chez elle, je pris peur en voyant la largeur de ses épaules, ressorties par un débardeur avec un pantalon militaire qu'elle tien de son père. N'en faisant qu'à sa tête, réagissant au car de tour, cela lui a valut quelques problèmes par le passé(rassurez-vous, un petit nez cassé, mais pas elle, les autres).

Comme je disais. Des opposés. Après quelques petites blagues, voyant l'heure qui passait, je fit la bise à l'une, un au revoir à l'autre, pour les laisser enfin seuls jusqu'à l'arrivée de leurs bus, et me rendre à pieds jusqu'au point de rendez-vous convenu avec Georges pour me ramener à la maison.

Voilà pourquoi je pense que le célibat, c'est mieux.


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