La fille du magma

1. Le temps qui file

Il est grandement conseillé d'avoir lu le Tome 1 de cette série s'intitulant "La mémoire de papier" et disponible sur mon compte avant de s'attaquer à ce Tome 2.
Si vous avez déjà découverts Seï par contre, je ne peux que vous souhaitez une bonne lecture sur le deuxième volet de ces aventures !

Espérant que cela vous plaira,
Bonne lecture.

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Un grincement du bois.
Un clapotis de cette eau aventurière finissant son aventure contre la coque.

Une odeur de papier et d'encre. Les premières voix, encore lointaines, des hommes de quart qui se réveillent avec le soleil. Cette boule de lumière dictant leurs journées et nuits, leurs cycles de vie.
Même si bien souvent, l'envie de le défier prenait les devants. Où était-ce l'appel des connaissances et du refuge que représentait pour elle la sombreur d'un monde sous les étoiles ? Peut-être un peu des deux, sans aucun doute.

Or Seïri n'était pas la seule dans ce cas-là. Des passionnés du travail comme elle, des hommes et des femmes qui n'obéissaient à aucune règles si ce n'est celles qu'ils se dictent eux-mêmes ; elle en connaissait des tas.
Et ils habitaient pour la plupart sur cet immense navire qui, aujourd'hui comme depuis bien longtemps, naviguait sur les mers du Nouveau Monde. Sur le Mobydick, l'équipage de Barbe Blanche était une grande famille. Et ce fait n'avait pas changé depuis bientôt deux ans que déjà, elle faisait partie de cette bande de pirates réunis sous la bannière d'un seul et même Père.

Une peau contre une autre. Un souffle lourd et fatigué glissant le long de son dos, contre son oreille. Un bras puissant fermement posé contre son ventre, se glissant sous sa chemise de nuit pour accéder à sa chaleur, terriblement humaine. Une couverture repliée sur leurs deux corps respirant à l'unisson, jusqu'à ce que leurs têtes dépassent à peine.
Il s'agissait de leur petit monde à eux. À nous, comme ils le disaient si bien l'un et l'autre. Dans cette cabine que seuls les fous osaient venir déranger désormais, et ce encore plus qu'avant. Avant qu'elle ne mette le pied sur ce navire, tout simplement.

Seïri, membre de l'équipage pirate de Barbe Blanche et cartographe de la 1ère flotte, sourit ; suivant le flot naturel de pensées qui, chaque matin, l'agressaient. De temps en temps elle le réalisait, à quel point elle était chanceuse ; et aussi, à quel point le temps quand il se décidait pouvait filer vite.
Ses cicatrices de ce vieux naufrage dont seule la froideur de la mer restait encore inscrite dans ses os en étaient l'illustration parfaites. Parfois elles la lançait, cette blessure à l'omoplate et surtout, cette marque inscrite dans sa nuque, si proche de son cerveau. La responsable de sa perte de mémoire qui désormais, n'avait plus d'importance à ses yeux.

Seï, comme les autres aimaient si bien la surnommer avait eu une vie. Or désormais, elle avait pleinement accepté celle qui lui offrait les bras à l'heure actuelle.
Certes parfois il lui venait des illuminations, on la questionnait, lui demandant si l'on pouvait l'aider à trouver des traces d'un passé qu'elle pourrait, potentiellement vouloir connaître.

Mais ce n'était rien de plus rien de moins que des idées passagères, ne restant jamais inscrite telle l'encre sur le papier. Car la jeune femme était heureuse, et des regrets ; eux qui hantaient les enchainés, elle n'en avait pas.
Enfin, elle en avait peut-être un. Et c'était celui de n'être pas assez rapide, celui de ne pouvoir représenter autant de pays, d'îles et de civilisations différentes qu'elle le voudrait. Ce à quoi Marco répondait toujours la même chose, à chaque fois.

"Si tu ne l'as pas fait, cela veut juste dire que tu ne devais pas le faire ; à la fin de la journée. Il y a un temps pour tout Seï."

Lui qui détestait toujours parler de son âge avec elle, appréciait bien jouer au vieillard quand il s'y mettait.