20. Ta trace

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Pour la première fois depuis longtemps, la température avait baissé.
En lui. Et en dehors.

Un vent frais s'était levé sur la grande Marineford, depuis quelques jours maintenant. Un qui faisait respirer les habitants, rirent les soldats avant qu'enfin, ils n'aperçoivent l'amiral débarquer du bout du couloir ; un qui rafraichissait les idées et les espérances, même pour quelqu'un comme lui.
Un jouant avec les feuilles de ses bonzaïs qu'il taillait toujours avec un grand soin, frissonnant contre les tissus abandonnés de kimonos que personne n'avait touché depuis bien longtemps déjà.

Alors Akainu Sakazuki expira lentement la dernière bouffée de son cigare, écrasant son joint fumant d'une main autoritaire dans le cendrier de son bureau. La fenêtre était ouverte, laissant passer quelques courants d'air contre son visage qui, pour changer, n'était pas brûlant de haine.
Non, car cette dernière, bien qu'elle soit toujours présente, avait été reléguée autre part. Elle attendait son heure, celle où le rôle qu'elle jouerait pourrait être déterminant. Car son volcan intérieur s'était apaisé sous les dernières nouvelles qui lui étaient tombées sur la tête.

Et le bout de papier reposant devant lui jouait un rôle encore plus important dans toute cette histoire.
Une carte. Une simple carte. Comment donc une unique représentation de leur monde était elle capable d'autant chambouler ce dernier ? Voilà la question qu'il se posait désormais, et à laquelle il serait bien incapable de répondre.

Mais elle en serait capable, elle.
Sa fille. Sa fille à la crinière brune et aux prunelles si reconnaissables. Sa fille et son sourire, sa fille et ces cernes, sa fille et ces remontrances à son égard lorsqu'il travaillait trop alors qu'en vérité, elle n'avait qu'à se regarder elle-même dans un miroir pour se retrouver contrainte au silence.

Seïri.
C'était elle, la cartographe passionnée qui connaissait cet amour du papier et de la connaissance comme personne. Elle qui aimait profondément ces outils. Et elle surtout, la seule capable de le raisonner de quelque manière que ce soit. Sauf quand cela concernait sa sécurité, bien sûr.

L'homme de lave cligna des yeux durant quelques secondes, souriant presque tristement alors que des souvenirs pas forcément bienvenus s'invitaient dans son esprit. Il avait échoué sur ce point là.
La tombe blanche qu'il s'était forcé à faire construire deux ans plus tôt aux côtés de celle de sa femme le lui prouvait suffisamment. Mais ce qui importait à l'heure actuelle, c'était la réalité. Et celle-là le maintenait éveillé comme personne.

Elle lui donnait espoir. Et il la ressentait presque, cette joie qui n'avait pas habité ses veines depuis une éternité. Car sa fille était vivante.
Tout cela n'avait été qu'un mensonge. Une histoire inventée de toutes pièces par cette société que pourtant, il s'était juré de défendre jusqu'à la dernière de ses respirations. Une chimère qu'il n'avait jamais vraiment acceptée. Une s'opposant à toute logique.

Pas de corps. Pas de preuves. Pas d'assurance sur quoi que ce soit.
Voilà l'une de ses nombreuses déformations professionnelles

Sa chaise craqua sous son poids se déplaçant, l'homme se relevant dans un soupir presque satisfait.
Une fois n'était pas commune, il était chez lui. Chez eux.

Dans cette maison qu'il n'avait jamais voulu échanger contre une autre lorsqu'il s'était mis à gravir les échelons. Car il n'y était pas tant que ça, que Seïri y avait grandi et possédait des souvenirs précieux dans ces lieux qu'il ne se serait jamais permis de lui arracher.
Mais aussi, parce qu'il s'agissait du seul endroit au monde où lui se sentait vraiment tranquille, heureux. C'était au sein de ses murs qu'il avait connu les plus grands des bonheurs et même si ce temps était révolu depuis longtemps, les fantômes que ces mirages laissaient derrière eux lui suffisaient pleinement.

La fille du magmaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant