𝑪𝒉𝒂𝒑𝒊𝒕𝒓𝒆 𝒅𝒊𝒙-𝒔𝒆𝒑𝒕

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EMERIA

Pour la première fois depuis plus d'une semaine, j'avais pu bénéficier d'un peu de calme. Le salon de nos appartements était désert. Crystal était avec son frère, Thalia passait du temps avec Azurian, nos gardes étaient pour certains en missions, pour d'autres à courir à gauche et à droite dans le palais.

Mais alors que je récupérais mon livre pour poursuivre ma lecture, la tranquillité de la pièce fut brisée par le bruit de la porte. Theodore entra dans la pièce.

— Oh, vous êtes là, dit-il en remarquant ma présence.

Il se laissa tomber à ma gauche, dans le canapé moelleux. Je reposai ma lecture.

— Je ne vous dérange pas ?

Je secouai la tête.

— Absolument pas.

Il se tourna vers moi, les sourcils froncés.

— Que faites-vous ici toute seule ? Crystal n'est donc pas avec vous ?

— Elle est avec le prince Emrys. Et pour être honnête, je me suis plus ou moins réfugiée ici. J'ai beau me sentir inactive, voire inutile, je n'ai aucune idée de quoi faire pour participer aux actions actuelles, et j'ai peur de plus traîner dans vos jambes qu'autre chose.

Theodore, les lèvres pincées, ferma les yeux.

— Je suis désolé, déclara-t-il. J'oublie sans cesse que la royauté est nouvelle pour vous, et que vous n'êtes pas habituée au langage politique ou stratégique. J'aurais dû mieux vous inclure, Thalia et vous, et vous aider à apprivoiser ce nouvel environnement.

— Vous êtes bien assez occupé comme ça, contredis-je. Et je vous en prie, tutoyez-moi. Je ne me ferai jamais au vouvoiement de la royauté, c'est tellement... peu naturel.

Theodore esquissa un sourire.

— D'accord, mais à condition que tu fasses de même.

Il reporta son regard sur le mur face à nous.

— Je me suis excusé de vous avoir accordé si peu d'attention à toutes les trois, il y a deux semaines. Mais je n'ai fait que continuer sur ma lancée erronée, confessa-t-il. Pourquoi est-ce si compliqué ?

Je posai une main sur son bras.

— Tu as beaucoup de préoccupations, beaucoup de soucis. D'abord, le décès de ton père, qui te propulse à la tête d'Ellysis. Ensuite, l'apparition des tricornes et de tous les ennuis qu'elles génèrent. Sans oublier les trois mariages que Lady Féolane t'a imposés... ta vie n'est clairement pas de tout repos. Tu n'as pas à t'en vouloir de ne pas en faire assez, alors que tu en fais déjà tant.

Un sourire triste apparut sur ses lèvres.

— Merci, Emeria. Parfois, j'ai l'impression que je ne parviendrai jamais à faire la moitié de ce que mon père accomplissait. Il était si exemplaire... tout était plus simple quand il était là. J'aurais aimé entendre plus de ses conseils avant de monter sur le trône. Maintenant, je ne peux m'en remettre qu'aux dieux.

Il fit une pause, avant de se tourner vers moi, l'air plus sérieux que jamais.

— Parle-moi de toi.

Je fronçai les sourcils. J'avais beau commencer à cerner la personnalité du roi, je ne m'attendais pas à cette requête.

— Que veux-tu que je te dise ?

— Tout. N'importe quoi. Parle-moi de ton enfance. De ton frère, de tes parents. De tes rêves. De tes peurs. De tes désirs. De ce qui t'attire, ce qui te passionne, ce qui te consume.

L'Éveil des tricornesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant