𝑪𝒉𝒂𝒑𝒊𝒕𝒓𝒆 𝒄𝒊𝒏𝒒𝒖𝒂𝒏𝒕𝒆-𝒄𝒊𝒏𝒒

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THEODORE

Theodore arriva encore plus en colère à l'entrée des cachots. Pourquoi fallait-il que tout soit si compliqué ? Pourquoi fallait-il qu'une guerre éclate alors qu'il était sur le trône depuis si peu de temps ? Pourquoi fallait-il que le garde qu'il envoie pour protéger la vie d'Emeria soit un traître ? Pourquoi son père était-il mort si tôt ? Pourquoi Azurian devait-il participer à cette mission risquée ?

Il avait envie de hurler, frapper, crier, insulter. Mais il ne pouvait pas. Il était le roi, il devait rester digne. Pas question de piquer sa crise comme un adolescent alors qu'un royaume entier dépendait de lui.

Theodore arriva devant le seul cachot occupé. Le garde, les menottes accrochées au mur de pierre, le regarda approcher sans réaction. Les lieux étaient déserts.

— Soldat Juno, dit le roi.

L'intéressé ne lui répondit pas, s'abstenant également de le saluer, comme la courtoisie le devait. Très bien. Il voulait jouer ? Il allait être servi.

— Je vous ai demandé, il y a à peine une heure de cela, de protéger la vie de la reine Emeria, quoi qu'il en coûte. Est-ce bien exact ?

— C'est vrai, répondit-il.

— Et vous n'avez pas respecté cet engagement, continua Theodore.

— C'est exact.

Theodore prit une inspiration pour tenter de se calmer. Sans succès.

— Vous avez, au contraire, tenté de tuer la reine Emeria ?

Il sentait sa colère gronder dans sa voix, comme un animal en cage qui ne demandait qu'à s'échapper. Juno le regarda dans les yeux, et prit son temps pour répondre.

— C'est exact.

Theodore s'approcha. Il se tenait à présent face au traître, qui soutenait son regard.

— Soldat Juno, savez-vous que vos actes s'apparentent à une trahison de la royauté ?

— Oui.

Theodore perdit le contrôle. Sa voix monta en éclat, et il se retrouva à crier sur le prisonnier.

— Alors, puis-je savoir pourquoi vous avez osé vous attaquer à ma femme ?

Le soldat tressaillit. Il était rare que Theodore hausse la voix, encore moins en public.

— Vous serez puni pour vos actes, vous pouvez en être certain, reprit-il sur un ton plus bas.

À cet instant, le soldat releva les yeux vers lui et lui offrit un horrible sourire.

— Parce que vous pensez que ça m'arrêtera ? Ou que ça dissuadera la reine Ismene ?

Theodore le regarda se redresser. Le soldat parvenait à se tenir droit, malgré ses mouvements entravés par les menottes.

— Dites-moi, chère Majesté, comment expliquez-vous qu'autant de partisans d'Ismene se retrouvent près de vous ? Dans votre château, durant vos expéditions ?

Le sang de Theodore se glaça dans ses veines. Le ton du soldat ne lui annonçait rien de bon.

— Que voulez-vous dire par là, soldat ?

Ce dernier, satisfait d'avoir obtenu l'attention du roi, élargit son sourire démoniaque.

— Pensez-vous vraiment que nous aurions pu vous prendre plusieurs fois en embuscade si nous n'avions pas des espions jusque dans vos châteaux ?

L'Éveil des tricornesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant