𝑪𝒉𝒂𝒑𝒊𝒕𝒓𝒆 𝒄𝒊𝒏𝒒𝒖𝒂𝒏𝒕𝒆-𝒕𝒓𝒐𝒊𝒔

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AZURIAN

Azurian et ses compagnons voyageaient depuis plusieurs heures. Ils étaient partis du royaume d'Ellysis au petit matin, mais le palais d'Aderi n'était pas la porte à côté. Ils ne firent qu'une escale, pendant laquelle Azurian apprit à connaître plus amplement ses collègues. Rejane était la plus âgée d'entre eux, vite talonnée par Ludmylla. Le plus jeune soldat après Azurian était Sebastian, et il restait de sept ans son aîné. Et il y avait évidemment le prince Emrys, qui n'avait que dix-sept ans, c'est-à-dire deux ans de moins qu'Azurian.

S'il avait appris à connaître Emrys durant leurs réunions de stratégie, avec Eira et Theodore, il ne connaissait pas encore bien les gardes royaux. Il apprit rapidement que Sebastian et Ludmylla passaient quatre-vingt pourcents de leur temps à se chamailler, et les vingt pourcents restants à charrier leurs amis.

Ils arrivèrent à Aderi en début de soirée, comme il était prévu. Ludmylla leur avait assuré que la relève de la garde se déroulait à ce moment-là, ce qui leur permettrait d'en profiter pour se faufiler à l'intérieur.

En observant le château, Azurian réalisa que c'était probablement à cet endroit que Thalia logeait. Se savoir aussi proche de sa meilleure amie lui serra l'estomac. Allait-il la croiser ?

Conformément au plan, elle et Sebastian se dirigèrent vers les écuries, marchant d'un pas assuré, les rennes de leurs montures à la main, comme s'ils rentraient d'une patrouille. Un garde les laissa passer avec un petit sourire, le deuxième fronça les sourcils. Ludmylla lui dit quelque chose et il se détendit. Alors, une fois qu'ils furent dans leur dos, elle lui asséna un violent coup sur la tête. Sebastian l'imita et bientôt les deux gardes furent inconscients.

Azurian, Piper, Rejane, Jonah, Denzel et Emrys les rejoignirent. Ensemble, ils ligotèrent et bâillonnèrent les deux gardes, puis les enfermèrent dans la sellerie.

— Voilà le passage des domestiques, chuchota Ludmylla en pointant une porte.

Ils devaient se faufiler par là pour atteindre les cachots, itinéraire qui serait beaucoup plus discret que d'emprunter les couloirs principaux. Ludmylla les guida dans le dédale des couloirs et des escaliers. Elle donnait l'impression de pouvoir s'y retrouver les yeux fermés.

Elle tenta d'ouvrir une porte, qui refusa de coopérer. Elle fronça les sourcils, réessaya, sans succès.

— C'est bizarre, déclara-t-elle. Elle n'était jamais fermée, avant.

Piper haussa les épaules.

— Peut-être que c'est une nouvelle précaution depuis la guerre.

— En tout cas, toujours est-il que c'est fermé et que je n'ai pas les clés, répondit Ludmylla.

Sebastian poussa une petite exclamation dédaigneuse.

— Il y a une solution très simple à ça ! Si vous voulez bien me laisser passer, mesdames...

Il envoya valser ses dreadlocks rousses par-dessus son épaule et se dirigea face à la porte, la tête haute. Ludmylla leva les yeux au ciel à son passage, mais s'écarta tout de même. Sebastian fit craquer ses jointures, sauta sur place, prit son élan et fonça sur la porte. Au moment où il levait son pied pour défoncer la charnière, un cliquetis se fit entendre et la porte s'ouvrit. Une domestique effrayée apparut, poussant un cri et baissant les yeux sur Sebastian qui s'était écroulé à ses pieds.

Ludmylla était aussi à terre, morte de rire. Piper devait se tenir à Jonah pour ne pas imiter sa collègue, et Emrys donnait l'impression qu'il allait rappeler ce moment à Sebastian pour les huit mois prochains minimum. Rejane, en revanche, semblait reconsidérer son choix de carrière.

L'Éveil des tricornesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant