Non mais pour qui cet abruti de Sirius Black se prend t'il exactement ? ( Pour lui-même, à priori. Après tout, c'est ce qu'on raconte sur lui ; non pas qu'elle se fie aux rumeurs, mais parfois, elles s'avèrent être vraies. Comme celle-ci. ) Tout le monde à Poudlard chuchote la même phrase ; Sirius est peut-être un charmeur, mais l'intelligence n'est pas l'une de ses admiratrices.
⸺ Mais quel abruti ce Sirius Black ! "Je peux savoir votre prénom ?" Je vais- Du calme, Deepali. Du calme. Ce n'est rien, pas vrai ? Tu es qui à Poudlard, de toute manière ? Personne. À part la fille de Malhotra, mais c'est peut-être mieux qu'on ne te voit pas comme cela. Et pour lui ? Personne. Pourquoi est-ce que ça t'affecte ? Aucune idée. Aucune foutue idée. Mais c'est mieux comme ça.
Est-elle en train de perdre la tête ? On s'en fiche, Deepali ! Qu'est-ce que cela peut bien te faire. ( C'est vrai, quoi ? ) Car, certes, Deepali n'est peut-être pas la sorcière la plus populaire de l'école, mais tout de même ! Ce gryffondor ne manque pas d'audace. Où était-ce de l'ignorance ? Le sorcier faisait-il juste semblant de ne pas savoir son nom ? Quoi qu'il en soit, prétendre ne pas la connaître, pour une raison ou une autre, c'est tout bonnement insultant. Même pour lui ! ( Et voilà une autre raison de détester Sirius Black qui lui est offerte sur un plateau d'argent. )
Peu importe. Elle ne va quand même pas laisser ce stupide garçon gâcher sa dernière semaine de vacances. Et surtout, elle ne va pas s'empêcher de faire ce que Black souhaite qu'elle fasse, juste parce qu'il le souhaite ; grossomodo, Marjorie aura le plaisir d'enlacer l'anglaise, même s'il risque d'être dans les parages. ( Il ne le sera pas, pas vrai ? Le hasard fait bien les choses. Sirius ne sera pas au "Black Dog" demain. C'est impossible. Non monsieur ! La chance est de son coté. Elle l'a toujours été. Contrairement à Amma. Elle se demande si Marjorie a appris la nouvelle. Sûrement. Tout le quartier de Fulham lui a adressé ses condoléances sur un bout de papier. Aucune raison que la nouvelle ne se soit pas propagée jusqu'à Vauxhall. )
La seule chose pour laquelle elle peut remercier Black est de lui avoir donné une distraction ; pour la première fois depuis une semaine, ce n'est pas à sa mère qu'elle pense en se couchant ; et allez savoir si c'est une bonne chose...
( ✷ Fulham s'endort. Patmol rôde. )
Le lendemain, le réveil de Deepali est d'une douceur inattendue. Le soleil de Londres caresse ses joues à travers la petite fenêtre couverte de rosée, un phénomène de plus en plus rare pour un matin de décembre en Angleterre. Emmitouflée dans sa couverture aux couleurs de la maison Poufsouffle, la brune s'étire bruyamment, des sons peu gracieux sortent de sa bouche, comblant le silence de la maison des Malhotra, vide. Dans un recoin de sa chambre, sa valise vomit encore des vêtements qu'elle n'a pas rangé dans ses placards en bois laqué. ( Il serait peut-être temps de s'y mettre... Son départ est bien plus proche que son arrivée. ) Dans la rue, une voiture en klaxonne une autre. Deepali se lève.
Machinalement, ses chaussons bleus se glissent sur ses pieds, son peignoir en soie s'enfile sur ses épaules et son peigne démêle ses cheveux de jais. Le miroir annonce une mauvaise nuit ; ses cernes quasi violettes ont empiré pendant les vacances. ( Pourquoi ses nuits sont-elles peu réparatrices ? La sorcière n'en a pas la moindre idée. )
⸺ Bon appétit, Deepali. ( Dit-elle face au bol de céréales sans saveur qui attend d'être mangé ; elle devrait faire des courses mais c'est Amma qui s'en chargeait et elle ne sait pas par quoi commencer et où se rendre et s'il faut prendre un sac et comment payer et quoi acheter et s'en sortir s'en elle. )
Une chose est sûre, l'angoisse la tuera. Enfin, si le silence ne le fait pas avant.
( ✷ Pleurs puis trajet vers l'Enfer. )
