CHAPITRE X

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INAYA IBRAHIM TOURÈ

Ahmed entra dans le bureau d'Inaya en claquant la porte derrière lui, son visage marqué par la colère. Inaya leva les yeux de ses documents, surprise par son arrivée brusque.

"Qu'est-ce qui ne va pas, Ahmed ?" demanda-t-elle calmement.

"Qu'est-ce qui ne va pas ?" répliqua Ahmed, la voix tremblante de rage. "Tu oses me demander ça après ce que j'ai vu hier soir ? Pourquoi as-tu embrassé Hamdy ? Pourquoi ne l'as-tu pas repoussé ? Est-ce que tu es une femme facile que tous les hommes peuvent se taper ?"

Inaya, choquée par ses accusations, se leva lentement de sa chaise. "Ahmed, tu dépasses les bornes. Je ne suis pas une femme facile, et je ne mérite pas ce genre de propos de ta part. Hamdy m'a surprise, et je n'ai pas eu le temps de réagir comme je l'aurais voulu. Mais cela ne te donne pas le droit de me juger et de m'insulter de cette manière."

Ahmed serra les poings, ses yeux lançant des éclairs. "Je te croyais différente, Inaya. Je pensais que tu étais quelqu'un de valeur, mais tu m'as déçu. Tu m'as profondément déçu."

Inaya, essayant de contenir sa propre colère et son incompréhension, répondit avec fermeté. "Je n'ai rien fait pour mériter ton jugement. Tu n'as pas le droit de me parler ainsi. Je suis outrée par tes accusations, et je refuse de me justifier davantage devant toi."

Ahmed s'approcha d'elle, son visage à quelques centimètres du sien. "Tu es à moi, Inaya. À moi et à personne d'autre, même pas à mon frère. Je suis Ahmed Abdel Ndour, et je ne partage jamais une femme."

La tension était palpable dans la pièce. Inaya, tremblante de rage et de frustration, recula d'un pas. "Tu es complètement fou, Ahmed. Personne ne possède personne ici. Tu n'as aucun droit sur moi."

Ahmed, incapable de contenir sa fureur, tourna les talons et claqua la porte en sortant du bureau, laissant Inaya seule, tremblante d'émotion. La situation était devenue explosive, menaçant de faire éclater des relations déjà fragiles.

Après le départ brutal de Ahmed, Inaya resta immobile, le cœur lourd et l'esprit en tourmente. Elle se sentait tiraillée entre la colère, la tristesse et un profond sentiment de culpabilité. Les paroles d’Ahmed résonnaient encore dans sa tête : "Tu es à moi et à personne d'autre. Même pas à mon frère."

Elle se dirigea lentement vers la fenêtre, ses pas résonnant faiblement dans le silence oppressant du bureau. Les lumières de la ville s'étendaient devant elle, mais elle n'y trouvait aucun réconfort. Une vague de remords l'envahit en repensant au baiser échangé avec Hamdy. Ce moment de faiblesse, de confusion, où elle s'était laissée emporter par des émotions contradictoires.

Inaya ferma les yeux, une main pressée contre la vitre froide. "Qu'est-ce que j'ai fait ?" se demanda-t-elle, une boule se formant dans sa gorge. Elle se sentait mal d'avoir embrassé Hamdy, comme si elle avait trahi quelque chose de précieux, quelque chose qu'elle ne pouvait pas encore nommer mais qui pesait lourdement sur son cœur.

Elle revoyait le visage d'Ahmed, ses yeux brillants de colère et de jalousie. "Pourquoi est-ce que ça s'est passé comme ça ?" pensait-elle, la douleur se mêlant à la confusion. Elle avait toujours été forte, indépendante, et voilà qu'en un instant, tout semblait basculer.

Les souvenirs de leur première rencontre lui revinrent en mémoire. La maladresse touchante de Ahmed, la tasse de café renversée sur sa robe, ce moment où leurs regards s'étaient croisés pour la première fois. Elle se rappela la chaleur qui l'avait envahie à cet instant, une chaleur qu'elle n'avait jamais vraiment oubliée.

MON PIRE CAUCHEMAROù les histoires vivent. Découvrez maintenant