CHAPITRE XV

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Après le petit-déjeuner, la famille Ndour se dispersa pour vaquer à ses occupations quotidiennes. Les assiettes vides et les tasses à café encore tièdes restèrent sur la table, témoignages silencieux du repas tendu. Amsatou se dirigea vers la cuisine, suivie de près par Aminata, qui sentait l'inquiétude de sa mère.

Amsatou, une femme au regard doux mais pénétrant, se tourna vers Aminata en prenant un torchon pour essuyer les assiettes. Son visage était marqué par une anxiété qu'elle ne pouvait plus dissimuler. "Aminata, ma fille, tu sais quelque chose sur ce qui se passe entre tes frères ?" demanda-t-elle, ses yeux scrutant ceux de sa fille avec espoir.

Aminata, posant les assiettes dans l'évier, soupira légèrement. Elle savait que sa mère avait remarqué la tension palpable entre Ahmed et Hamdy. "Maman, je pense que cela a commencé depuis la fête que Hamdy avait organisé ," dit-elle en essayant de choisir ses mots avec soin.

Amsatou fronça les sourcils, ses mains cessant un instant leur mouvement. "La fête ? Que s'est-il passé exactement ?"

Aminata se tourna pour faire face à sa mère, son expression mêlant frustration et incompréhension. "Je ne sais pas tous les détails, mais depuis cette fête, ils sont constamment en désaccord. Ahmed et Hamdy étaient toujours proches, mais quelque chose a changé ce soir-là."

Amsatou secoua la tête, son inquiétude augmentant. "Cela doit être sérieux pour qu'ils se comportent ainsi. Je ne les ai jamais vus aussi distants l'un de l'autre."

Aminata hocha la tête, partageant l'inquiétude de sa mère. "Oui, maman. C'est vraiment inhabituel pour eux. Ils ne se disputent pas souvent, et quand c'est le cas, ils résolvent rapidement leurs différends. Mais là, c'est différent."

Amsatou essuya une assiette avec plus de vigueur, ses pensées tourbillonnant. "Je me demande si cela a à voir avec une fille. Les hommes peuvent être tellement compliqués quand il s'agit de leurs relations amoureuses."

Aminata se mordilla la lèvre, réfléchissant. "Il y avait Inaya à la fête. Peut-être que ça a un lien avec elle. Mais je n'en suis pas certaine."

Amsatou, surprenant un indice dans les mots de sa fille, s'arrêta un moment. "Inaya, tu dis ? Ahmed et Inaya étaient-ils proches ?"

"Je ne sais pas, maman. J'ai juste remarqué qu'ils parlaient souvent. Mais je ne pense pas que ce soit la seule raison. Peut-être qu'il y a plus que cela," répondit Aminata, incertaine.

Amsatou posa l'assiette et le torchon, se dirigeant vers Aminata et prenant ses mains dans les siennes. "Ma fille, il est important que nous comprenions ce qui se passe. Nos fils ne devraient pas laisser une femme ou quoi que ce soit d'autre détruire leur relation."

Aminata serra les mains de sa mère, sentant l'urgence de ses mots. "Maman, je ferai de mon mieux pour parler avec eux et comprendre ce qui se passe. Mais je pense que nous devons leur laisser un peu d'espace aussi. Ils doivent trouver un moyen de parler entre eux."

Amsatou soupira, ses épaules s'affaissant légèrement. "Tu as raison, Aminata. Mais cela ne m'empêche pas de m'inquiéter. J'espère juste qu'ils pourront résoudre cela rapidement. La famille doit rester unie, quoi qu'il arrive."

Aminata acquiesça, partageant la même préoccupation que sa mère. "Je vais essayer de parler à Ahmed d'abord. Il est peut-être plus disposé à me confier ce qui le tracasse."

Amsatou esquissa un faible sourire, reconnaissante du soutien de sa fille. "Merci, ma fille. Ta sagesse et ta patience nous sont précieuses en ce moment."

Elles continuèrent à ranger la cuisine en silence, chacune perdue dans ses pensées. Amsatou priait pour que la discorde entre ses fils se dissipe rapidement, tandis qu'Aminata réfléchissait à la meilleure approche pour parler à Ahmed. La famille Ndour avait toujours surmonté les obstacles ensemble, et elles espéraient que cette fois-ci ne serait pas différente.

Aminata, tenant fermement la petite main de sa fille Codou, se dirigea vers la chambre de son frère Ahmed. La maison était baignée d'une lumière douce du matin, filtrant à travers les rideaux en dentelle, créant une ambiance sereine mais empreinte de tension. Codou, avec ses yeux curieux et son sourire innocent, apportait une touche de légèreté à l'atmosphère lourde de la maison.

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Aminata était vêtue simplement, une robe longue et fluide aux couleurs pastel, contrastant avec les émotions complexes qu'elle ressentait. Son visage, habituellement serein, était marqué par une détermination palpable. Elle savait que la conversation avec Ahmed ne serait pas facile, mais il était nécessaire de comprendre ce qui troublait son frère et de tenter de rétablir la paix dans leur foyer.

En approchant de la porte de la chambre d'Ahmed, Aminata prit une profonde inspiration. Codou, sentant la gravité du moment, se serra un peu plus près de sa mère, cherchant réconfort et offrant silencieusement son soutien. Aminata frappa doucement à la porte avant de l'ouvrir lentement.

"Ahmed, c'est Aminata. Puis-je entrer ?" demanda-t-elle, sa voix douce mais ferme.

De l'autre côté de la porte, Ahmed était assis sur son lit, le regard perdu dans le vide. La chambre, ordonnée et bien rangée, était un contraste frappant avec l'esprit tourmenté de son occupant. En entendant la voix de sa sœur, Ahmed releva les yeux, ses traits se détendant légèrement à la vue de Codou. "Oui, bien sûr, entrez."

Aminata entra dans la chambre, tenant toujours Codou par la main. La petite fille trottina vers son oncle, s'asseyant à ses côtés et lui offrant un sourire rayonnant. "Tonton Ahmed, pourquoi es-tu triste ?" demanda-t-elle innocemment.

Ahmed ne put s'empêcher de sourire à la question de sa nièce, mais son sourire ne dura qu'un instant. Il caressa doucement la tête de Codou avant de se tourner vers Aminata. "Qu'est-ce qui t'amène ici, Aminata ?" demanda-t-il, tentant de cacher la douleur dans sa voix.

Aminata s'assit sur une chaise près du lit, son regard se posant avec douceur mais insistance sur son frère. "Ahmed, je suis inquiète pour toi et Hamdy. La tension entre vous deux est palpable, et maman s'inquiète énormément. Qu'est-ce qui se passe ?"

Ahmed soupira profondément, passant une main dans ses cheveux. "C'est compliqué, Aminata. Hamdy et moi... nous avons des différends en ce moment."

Aminata hocha la tête, incitant Ahmed à continuer. "C'est à propos d'Inaya, n'est-ce pas ?" demanda-t-elle, ne voulant pas tourner autour du pot.

Ahmed baissa les yeux, incapable de soutenir le regard de sa sœur. "Oui, c'est en partie à cause d'elle. Mais ce n'est pas seulement ça. Il y a des choses que Hamdy et moi devons régler entre nous."

Codou, sentant l'atmosphère devenir plus lourde, se glissa du lit et alla jouer avec une peluche dans un coin de la chambre. Aminata, voyant que sa fille était occupée, se rapprocha un peu plus d'Ahmed. "Écoute, Ahmed. Quoi qu'il se passe entre toi et Hamdy, vous devez en parler. La famille est trop précieuse pour laisser une dispute la détruire."

Ahmed leva les yeux vers sa sœur, une lueur de gratitude dans son regard. "Je sais, Aminata. Je sais que je dois parler à Hamdy, mais c'est difficile. Il y a tellement de ressentiment accumulé."

Aminata posa une main réconfortante sur l'épaule de son frère. "Tu es fort, Ahmed. Et je sais que Hamdy l'est aussi. Vous trouverez un moyen de surmonter cela. Parlez-vous, expliquez-vous. Pour le bien de la famille."

Ahmed hocha la tête, se sentant un peu apaisé par les paroles de sa sœur. "Merci, Aminata. Tu as raison. Je vais essayer de parler à Hamdy."

Aminata sourit, rassurée. "C'est tout ce que je demande. Nous sommes une famille, et nous devons nous soutenir les uns les autres, quoi qu'il arrive."

Alors qu'elle se levait pour partir, Codou revint vers son oncle, lui tendant la peluche qu'elle avait prise. "Tiens, tonton Ahmed. Ça va te rendre heureux."

Ahmed prit la peluche, un sourire sincère apparaissant sur son visage. "Merci, Codou. Tu es vraiment une petite fille spéciale."

Aminata et Codou quittèrent la chambre, laissant Ahmed avec ses pensées, mais aussi avec une nouvelle détermination de réparer les ponts avec son frère. La famille, après tout, était ce qui comptait le plus.

MON PIRE CAUCHEMAROù les histoires vivent. Découvrez maintenant