Chapitre 4 : Nailys

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Je laisse échapper un sanglot alors que ses bras m'entourent. Toute l'angoisse qui m'habite commence à se dissiper lentement, et je me retrouve submergée par les larmes. Tout ce que j'ai retenu en moi se libère enfin. Mes bras entourent également son corps, et je le serre davantage, comme pour m'assurer qu'il est bien vivant.

Je redécouvre son odeur, longtemps absente des vêtements que j'avais gardés en souvenir. Le son de son cœur battant à mes oreilles... Il est vivant. Devant moi.

Je ressens un tourbillon d'émotions, mais dans ses bras, une partie de ces émotions s'envole dans un soupir de soulagement. Et tout cet environnement terrifiant est réchauffé par sa présence. Étrangement, je me sens pratiquement en sécurité. La douceur de ses bras commence à dissiper la brutalité que je venais de subir.

Mais alors que le soulagement s'installe, un doute insidieux commence à émerger. Pourquoi est-il ici ? Pourquoi ne m'a-t-il pas cherchée plus tôt ? Mon esprit tourmenté se débat entre le réconfort de sa présence et la confusion de cette soudaine apparition.

J'essaie tant bien que mal de retenir mes émotions qui débordent. Elles sont trop fortes, comme un torrent qui déboule et ravage tout. Toutes mes pensées tourbillonnent, rien n'est clair. Tout est troublé. Je me sens terriblement fragile. Mon corps tremble contre le sien.

Tout me semble surréaliste. Peut-être même un cauchemar qui se finit par un rêve.

— Je suis là… insiste Eden, mon frère, en ponctuant sa parole d'une caresse réconfortante dans le dos.

Il affirme son existence. Pourtant, une partie de moi ne réalise pas encore que c'est bien lui.

Sa voix, je l'ai tellement imaginée. J'essayais de la retrouver dans chaque personne que je croisais dans la rue. Je cherchais ces yeux, là où ils n'étaient pas. Je cherchais cette odeur qui me rattachait à notre famille. Je tentais de retrouver ces cheveux blonds dans la foule... Les années ont tellement passé que j'avais oublié les détails de son visage. Son regard bleuté cherche le mien. L'une de ses mains effleure ma pommette boursouflée. Nos retrouvailles s'estompent face à la réalité de mon visage. Son regard s'attendrit et se teinte d'inquiétude.

— Qu'est-ce… commence-t-il, mais il suspend sa phrase.
Il n'a pas besoin de la finir. La situation est assez éloquente en elle-même.

Je me pose la même question que lui : qu'est-ce que je fais ici ?

Mes yeux quittent son visage pour risquer un coup d'œil aux deux hommes derrière moi. Je tombe sur celui qui m'a frappée. C'était peut-être lui qui avait la réponse à nos questions. Eden tourne la tête vers eux, interrogatif, mais il se heurte à de nouvelles questions.

— C'est qui celle-là ? demande celui à l'origine du bleu sur ma pommette.

Je sens le corps de mon frère se tendre, sa mâchoire se contracter, ses mains se refermer en deux solides poings et son regard bleuté lancer des éclairs à cet homme.

— C'est toi qui lui as fait ça ? questionne Eden en faisant référence à mon visage.

En réponse, l'homme soupire en laissant sa tête retomber sur le côté, l'air lassé.

— Oh, c'est bon, c'est comme ça qu'on procède avec tout le monde… Tu ne vas pas commencer à changer nos règles pour une fillette… Tu sais très bien avec qui elle était.

Mon demi-frère s'avance vers lui. Il se tient à quelques centimètres de son visage.

— Cette fillette, comme tu dis, c'est ma sœur, prononce-t-il lentement, découpant chacun de ses mots.

Les Aigles NoirsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant