Chapitre 3 : Nailys

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La première réaction qui s'éveille dans mon corps est ce frisson qui parcourt ma peau, longeant mes bras, mon cou jusqu'à se dissiper dans le creux de mon dos, laissant place à des sueurs froides. Face à cette sensation étrange et inexpliquée, j'essaie de bouger. Seulement, une vive douleur me prend au crâne à un tel point que je veux me recroqueviller sur moi-même pour la diminuer. Mais aucune de mes tentatives de mouvement ne parvient à réussir. Pourquoi ? Pourquoi je n'arrive pas à bouger ? Mes poignées bougent, tournent dans tous les sens possibles, mais rien. Si ce n'est cette sensation de chaleur, de brûlure qui irradie autour de ma peau. Et ce contact désagréable contre une corde. Une corde ?

Une sueur froide descend le long de mon cou. Je suis attachée, mes pieds aussi. Je ne suis pas dans mon lit, non, je suis sur une chaise en métal. Ce froid qui mord ma peau à chaque mouvement.

Mon corps est secoué de tremblements, le froid et la peur qui s'infiltre en moi, ils m'oppressent. Cela m'empêche de réfléchir correctement pour me concentrer uniquement sur les sons et ma vision qui commence à parcourir la pièce de fond en comble.

La pièce est de plus en plus sombre, seule la lune laisse un brin de lumière pour pouvoir distinguer quelque forme, les couleurs ont disparu, laissant des teintes de gris parsemer la pièce... Il y a aussi en fond, le bruit de gouttelettes d'eau ; plock... plock... plock. Chaque gouttelette s'élance dans l'inconnu, dans le vide, jusqu'à atterrir sur le sol, s'écrasant à un rythme régulier. Les murs sont ternes. La fenêtre est en bois avec des morceaux cassés, abîmés. Et les vitres, n'en sont plus. Ce sont des trous qui laissent le vent s'engouffrer.

Où suis-je ? Je ne me souviens de rien, le vide, le néant. J'ai beau sonder mon esprit, rien ne se passe.

Sans prévenir, je vois un flash, une main. Calleuses, grandes, qui entoure mon pied. Elle tire sur ma cheville jusqu'à lui. Je glisse, dérape sur le sol humide. Il s'arrête quand je me retrouve à sa hauteur. Ces grands yeux glaciaux m'examinent avant de s'asseoir sur moi. Il se penche jusqu'à poser un objet froid sur ma gorge. Il reflète la lumière, c'est brillant... un couteau. Puis la seconde suivante, des paroles. Il recule, me lâche. Je tente de me relever, mais il me prend par le col de mon pull. Il ramène mon visage jusqu'au sien puis il m'envoie un coup dans la tempe. Je vois ma vision se troubler, mon corps se renverser en arrière et sombrer...

Mon flash se coupe brusquement. Une porte vient de s'ouvrir dans un bruit assourdissant, la lumière m'éblouit.

Il y a quelqu'un.

La porte rebondit contre la paroi du mur tandis qu'une silhouette avance. Je n'arrive pas à distinguer son visage à cause de la lumière venant de derrière lui.

Peu à peu, ma vision s'affine sur son visage qui m'est inconnu. Rien que cette vue me noue le ventre.

Alors que ma poitrine se soulève rapidement et que j'inspire et expire pour ralentir les battements effrénés de mon cœur, l'homme avance d'un pas vers moi. Il fait glisser une chaise que je n'avais pas vue, tapie dans l'ombre, et vient s'asseoir à califourchon dessus. Le dossier devant son buste, il passe ses avant-bras par-dessus. Puis, il penche la tête sur le côté en m'observant. Tout comme moi, aucun de ses mouvements ne m'échappe, bien trop aspirée par cette source de danger, aussi étrange qu'effrayante. Ses épaules ne sont pas très larges, et sa taille n'est pas étonnante. Mais il dégage tant de colère que j'ai du mal à déglutir sous ce regard d'acier. Je préfère tourner mon visage pour éviter cette confrontation. Je me force à ignorer ce danger, pourtant bien réel. Mais l'affronter est plus dur, plus risqué. Dangereux.

— Qu'est-ce que notre petite chose a fait aujourd'hui ? dit-il en remontant ses manches au niveau de ses coudes.

Dans quel merdier je me suis mise ?

Les Aigles NoirsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant