CHAPITRE 11 : Si je te parle pas, me parle pas

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Matthis

Mercredi 09 août 2023, 06h55

Heure locale

Maxime est endormi sur moi. Sa main fait des allers-retours sur mon bras involontairement. Je n'arrive plus à dormir depuis au moins deux heures. J'ai pu enfin aller dormir tôt, vu que les garçons n'étaient pas là hier soir. Pendant qu'on marchait, ils ont décidé à 21h30 d'aller en soirée, mais pas moi. Déjà, j'ai cru que j'allais m'évanouir quand ils m'ont dit ça, ma batterie sociale était totalement à plat. Les gars ont bien évidemment râlé après moi, surtout Sidjil, en me disant que, je cite, je suis "pas drôle et qu'on peut jamais s'amuser avec toi". Me retenir de me foutre de sa gueule fut bien compliqué, surtout quand Max a insulté toute sa famille et lui avec pour m'avoir balancé ça. C'est pas comme si il savait pas, en plus. A peine cinq minutes après être rentré, je me suis endormi, jusqu'à environ minuit. Heure à laquelle Max est arrivé. J'ai rien eu besoin de dire, il est venu de lui-même, étant donné qu'il dort dans la même chambre qu'Elian, normalement. Je crois qu'on a vraiment trop pris l'habitude de dormir ensemble. On a bien dû parler une heure avant de s'endormir pour de bon. J'ai bien fait de rester à la maison, finalement.

Comme à chaque fois que je me lève avant lui, je n'ose pas bouger de peur de le réveiller brusquement. Je passe donc le temps à regarder par la fenêtre, dont j'ai complètement oublié de fermer le volet hier soir. La lumière n'est pas trop forte, et le paysage en vaut franchement le coup. Je retrace sans fin les lignes fines de sa colonne vertébrale, pour prolonger le moment. Je ne peux pas m'empêcher de glisser un doigt timide sur la peau brûlante de sa nuque, sentant la chaleur dégagée par son corps endormi. Son souffle régulier rythme mes pensées, créant une atmosphère paisible dans la chambre encore baignée dans la pénombre du soleil levant. Je parviens à m'assoupir une petite heure avant de me réveiller, pour de bon cette fois. Je continue mon occupation de tout à l'heure. Soudain, un léger frisson parcourt son échine et ses paupières papillonnent doucement. Il émerge lentement de son sommeil. Ses yeux, encore embués de fatigue, s'ouvrent lentement pour rencontrer les miens dans un échange silencieux. Un léger sourire étire ses lèvres alors qu'il s'étire de tout son long, comme un chat sortant de sa torpeur. Sa voix, encore ensommeillée, brise le silence matinal alors qu'il murmure un "bonjour" à peine audible. Je lui souris tendrement, mes doigts glissant doucement hors de sa nuque pour trouver sa main, perchée sur mon épaule. On ne dit rien pendant plusieurs minutes, profitant simplement du calme avant la tempête. Tempête qui ne tarde pas à arriver quand j'entends les premières notes de Bande Organisée résonner à fond dans toute la maison. Probablement l'oeuvre d'Elian et Nicolas, encore.

— Me dis qu'ils ont osé, dès le matin comme ça là ? me lance Maxime, un air mi-exaspéré, mi-amusé sur le visage.

Il tente de s'extirper des draps. Faut dire qu'il est bien emmêlé dedans, et que je veux pas forcément qu'il parte.

— Faut croire hein. En même temps, est-ce que ça t'étonne, honnêtement ?

— Honnêtement ? Non. Par contre, tu sais que je t'adore, mais est-ce que tu pourrais me lâcher steuplé ? J'ai vraiment envie de pisser là.

—Tu pouvais pas y aller hier soir genre ?

— Non mais alors toi. Genre t'as pas remarqué que j'étais déf' hier ?

— Oui bon ça va aussi hein... En tous cas t'avais pas l'air si démonté que ça pour venir dormir avec moi, j'te rappelle.

— Pardon ? Répète un peu pour voir ?!

— Jamais de la vie, tocard !

Sur ces belles paroles, je fuis dans la salle de bains avant qu'il ne puisse me rattraper. Au moins, il pourra quand même aller aux toilettes. Putain de merde, mais quel con ! Vraiment je me demande parfois ce que j'ai dans le crâne parfois. Je m'affaire à aller prendre ma douche pour m'occuper l'esprit et ne pas rester inactif. Sinon Max va se douter de quelque chose. Maintenant, j'ai l'habitude. Je me tourne dos au miroir et me déshabille. Je lance ma playlist et me glisse sous l'eau brûlante. Allez savoir pourquoi, même en plein mois d'août sous quarante degrés, je me lave toujours à l'eau très chaude. Même si à chaque fois, ça me fait des marques rouges sur la peau, avec tout ce qu'il s'est passé récemment, on n'est plus à ça près. J'essaie de faire vite pour ne pas trop faire attendre les gars. Je m'habille simple ; short et t-shirt blanc. En descendant, je me rends compte que Bande Organisée tourne encore et que Maxime est déjà en bas. Je salue tout le monde, en bon extraverti que je sui. Hum hum. Bref. Tout le monde, sauf Sidjil, me répond. Oh comme c'est bizarre ! Max s'avance vers moi et passe ses bras autour de mon cou, se serrant contre moi. Il me plante un baiser sur la joue. Baiser que je lui rends, bien évidemment. C'est sa manière à lui de me dire bonjour quand il y a du monde autour de nous. Tous les regards sont braqués sur nous. Celui de Sidjil, encore une fois, est littéralement vissé sur Maxime. Je me retiens très fort de faire un commentaire. La prise de mon ami se resserre sur mes épaules, me faisant très clairement comprendre de ne rien faire. Elian et Nicolas n'ont visiblement rien remarqué puisqu'ils continuent leur conversation dans le plus grand des calmes. Sidjil, quant à lui, me fixe, d'un œil sombre, que ses iris noirs accentuent. On dirait vraiment un tueur en série. Le pire c'est qu'il a le culot d'être jaloux après avoir fait espérer Max pendant littéralement six mois. Faut doser au bout d'un moment. Quand je pense au jour où je balancerai à Sidjil mes quatre vérités, putain ce que ça fera du bien ! Je m'installe avec le groupe pour manger au moins une pomme ce matin.

L'enfer c'est les autres [Ships YTB aléatoires ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant