Invisible IV - L'Ombre éveillée

L'Éveil de l'Imperator

Ekrizdis entendait des bruits confus autour de lui. Les gazouillis des oiseaux et des murmures de conversation parvenaient à ses oreilles, mais il ne parvenait pas à saisir leurs significations. Il tenta d'ouvrir les yeux, mais quelque chose semblait bloquer ses paupières. Il serra les dents, remarquant que ses lèvres étaient toujours collées et cousues. Avec des mouvements tâtonnants, il porta ses mains à son visage, cherchant à comprendre s'il portait encore le masque. Sa respiration s'accéléra, l'angoisse montant en lui à l'idée de se retrouver à nouveau dans le sarcophage.

— Aïe, grogna une voix. Calme-toi, par Serpentard !

Mais Ekrizdis était agité. Son corps le faisait souffrir, chaque muscle criant de douleur. Il avait l'impression que son cerveau allait exploser sous l'assaut des stimuli sensoriels.

Titus se recula légèrement, observant le garçon lutter contre sa propre panique.

— Gamin ! s'énerva Titus. Repose tes bras ! Tu vas te faire mal !

La voix familière de Titus perça enfin à travers la brume de douleur et de confusion. Ekrizdis chercha désespérément une main, un contact rassurant. Titus saisit la main suppliante de son petit-fils, offrant un réconfort tangible.

— Il faut vraiment que tu te réveilles avant qu'on ait fini de te soigner, hein ? ricana Titus. Tu sais vraiment pas rester en place, Ekriz.

Ekrizdis sentit une vague de soulagement à travers la douleur. Il serra la main de Titus, essayant de se concentrer sur ce point de contact pour apaiser son esprit tourmenté. Les bruits autour de lui devenaient plus distincts, les conversations se mêlant au chant des oiseaux. Il réalisa qu'il n'était pas dans le sarcophage, mais quelque part où il était en sécurité. Il était allongé, sûrement dans un lit.

Titus continua de lui parler, sa voix grave et apaisante cherchant à ancrer Ekrizdis dans la réalité.

— Tu es en sécurité, Ekriz. Respire doucement, tout va bien se passer.

Ekrizdis inspira profondément, essayant de suivre les instructions de son grand-père. Il sentit la panique se dissiper lentement, remplacée par une fatigue accablante. Chaque fibre de son corps semblait crier de douleur, mais il savait qu'il n'était pas seul. Titus, Elara, et les autres étaient là pour veiller sur lui.

— Je vais enlever le plâtre sur ton visage, dit doucement Titus. Reste calme, d'accord ?

Ekrizdis hocha légèrement la tête, ressentant un mélange d'appréhension et de soulagement. Titus gratta doucement, évitant de causer davantage de douleur. Le garçon sentit enfin l'air frais sur son visage, une sensation de liberté après l'oppression du masque, puis du plâtre dur. Une larme s'échappa de chacun de ses yeux. Cette simple caresse de l'air était le plus beau moment depuis bien longtemps.

— Voilà, murmura Titus. C'est mieux, non ?

Ekrizdis cligna des yeux, ses paupières encore lourdes. La lumière était trop vive, mais il pouvait enfin voir les visages familiers autour de lui. Titus était penché au-dessus de lui, un sourire rassurant aux lèvres.

— Tu es de retour, Ekriz, dit Titus avec douceur. On va te soigner et tout ira bien.

Ekrizdis ferma les yeux, épuisé mais réconforté. Titus attrapa un ciseau fin et petit. Il profita du sommeil de son patient pour libérer la bouche une nouvelle fois. L'application du Dictame ne dérangea pas une seule fois Ekrizdis. Puis, Titus remis de la pâte sur la joue encore un peu abîmé après le décollage long et risqué du masque de fer.

— Je sais que je t'ai demandé beaucoup, murmura Titus. Mais je savais que tu y arriverais. Je l'avais vu le jour où tu m'as dit que tu aurais dû mordre plus fort Caius... Dans quel état, il t'avait abandonné dans ton petit sanctuaire où tu te sentais à l'abri...