Le Son de la Guerre

10 4 0
                                    


Je suis devant la forêt.

De l'autre côté se trouvent les Terres Oubliées, et les Ikars.

Je suis sur le dos de Vahyr, perchée sur sa selle renforcée. L'armure est magnifique, et sûrement très solide. Elle recouvre les zones sensibles du corps de mon dragon : La naissance de ses pattes et de ses ailes, et une sorte de cuirasse recouvre son ventre. Elle est assez fine et ne le gênera pas pour ses mouvement. Son cou, sa tête, ses pattes, sa queue et ses ailes ne sont pas protégés mais ce ne sera pas nécessaire. Enfin je l'espère. Quant à la selle, elle a été attachée plus solidement, et rendue plus confortable pour un combat.

Je souffle par le nez et baisse les yeux sur ma propre tenue. J'ai un pantalon noir très moulant, une chemise de la même couleur rentrée dedans, et une cuirasse qui enserre ma poitrine et mon ventre. Autour de ma taille est attaché mon épée que j'ai nommé Shamash, du nom de notre Dieu de la Justice. Je trouve cela assez parlant.

J'ai noué mes cheveux noirs dans une tresse serrée qui balaie le bas de mon dos. Je pose une main sur le sommet de mon crane, là où se trouve ma couronne. Ça me fait bizarre, je ne l'ai porté qu'une fois : Le jour de mon couronnement. Elle est semblable à celle de mon père. Elle est fine et représente deux ailes de dragon qui se rejoignent au niveau de mon front. Je n'ai jamais été vêtue de la sorte, et ça me fait un drôle d'effet. Mais je suppose qu'il est temps de changer mes habitudes.

Je tourne la tête. Derrière moi se tiennent mes soldats, et quelques soldates. Ils sont nombreux à avoir été formés par Lenyra et Alec, qui sont debout à la droite de Vahyr, mais certains sont de simples habitants de mon continent. Des fermiers, des artisans, un peu de tout. Et il y a des femmes, pour la plupart de jeunes femmes d'une trentaine d'années, qui veulent se battre aux côtés de leur époux. Je dois reconnaître que mon armée a fière allure. Nous sommes très nombreux, mais surtout bien équipés. Je suis satisfaite de constater que les forges de mon continent sont très efficaces. Mes soldats et soldates sont munis d'épées, de lances, et de boucliers. Ils ont aussi des armures légères, qui ne sont pas encombrantes.

Je regarde à l'horizon, mes homologues ne sont pas encore là. Je décide donc de m'adresser à mes troupes. Je n'ai rien préparé, je n'avais même pas prévu de m'exprimer, mais je me dis que c'est peut-être une bonne idée. Pour nous garder motivés.

Vahyr, plus connecté que jamais à moi, comprend immédiatement et se tourne face à l'armée. Mes soldats me regardent, et mes yeux passent sur Lenyra et Alec qui me dévisagent. Mon frère hoche la tête pour m'encourager, et Lenyra me sourit.

- Vous êtes nombreux, et nombreuses, à avoir laissé vos familles pour prendre les armes. Je ne sais pas quoi vous dire, à part merci.

Je m'interrompt, et observe les visages tournés vers moi. La plupart affichent de la détermination, ou de la concentration. En tout cas ils m'écoutent. Je reprends :

- Je ne peux pas vous promettre que vous reverrez vos familles. Je ne sais pas ce qui nous attend. Mais je sais une chose, nous sommes forts.

Un soldat au milieu de la foule commence à frapper sur son bouclier avec son épée. Bientôt ils sont des dizaines à faire de même, et j'en ai des frissons.

Galvanisée, je reprends, plus fort :

- Nous ne laisserons pas les Ikars nous prendre nos terres ! Nous ne les laisserons pas nous asservir ! Nous sommes un peuple libre et nous le demeurerons !

Comme prise dans une transe, je sors Shamash de son fourreau et la brandis, alors que la voix de mon peuple s'élève comme le cri d'un dragon. D'autres armes se lèvent, les soldats frappent des pieds sur le sol, font vibrer leur bouclier, lancent des cris guerriers.

La Danse du Dragon et de l'ÉtoileOù les histoires vivent. Découvrez maintenant