La Danse du Dragon et de l'Étoile

Don d'une Vie

Quand Vahyr se pose au sol et que je découvre ce qui va devenir notre champ de bataille, je sens une drôle de sensation m'envahir.

Je tourne la tête sur ma droite. Notre armée hétéroclite est là, fière, puissante, déterminée. A sa tête se tiennent mes cinq homologues. Tout le monde a les yeux rivés sur les Ikars.

Je pose mon regard sur eux. Ils sont à une grande distance de nous, et je constate qu'ils sont bien préparés.

Je dirais qu'il y a une dizaine de grands vaisseaux posés au sol, et devant eux il y a des Ikars. Beaucoup de Ikars. Ils sont bien armés, et entièrement recouverts d'armures. Ils sont en formation bien organisée, en lignes, et ils ne bougent pas.

Mais ce qui m'intéresse c'est ce que j'ai en face de moi, du côté des Ikars. Un dragon, et sur son dos, Lysandra. Elle est tournée vers moi, et je devine qu'elle me regarde. La dragonne est plus petite que Vahyr, mais très semblable dans son apparence. La plus grande différence est que ses écailles ont des reflets rouges, alors que celles de Vahyr ont des reflets argentés.

Je pensais que voir ma sœur dans le camp d'en face me briserait le cœur, que je n'arriverais plus à bouger. Mais il n'en est rien. Parce que je sais que je peux la convaincre de revenir, et je sais qu'elle ne nous fera pas de mal. Elle en est incapable. Tout comme moi je serais incapable de lui faire du mal.

Je lève les yeux au dessus de l'armée Ikars. Dans le ciel flottent des vaisseaux légèrement plus petits que ceux au sol. Je devine que ce sont les vaisseaux de guerre. Je ne saurais dire où se trouve Orion, mais je sens que je le découvrirais bien assez vite.

Ils attendent que nous lancions l'attaque. Je dois y aller.

La voix d'Altara résonne dans mon esprit. Mais je ne bouge pas, je n'esquisse pas le moindre geste.

Quelques secondes s'écoulent puis je vois la Grande Prêtresse s'avancer, soutenue par deux soldats Humains.

Ils l'emmènent jusqu'au centre du champ de bataille, entre nos deux armées. Le soleil qui se lève se reflète dans ses voiles blancs, qui sont gonflés par le vent.

Mes deux soldats la lâchent et reviennent auprès de nous.

Ça commence.

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Mes jambes ne me portent plus.

Quel âge ai-je ? 20Ans ? 50Ans? 80Ans ? Ou peut-être 125ans ? Je ne sais même plus.

Tout ce que je sais c'est que j'ai bien vécu. Que j'ai accompli ma mission.

Le Grand Prêtre Setho m'a trouvé posée contre le flanc d'une louve morte, et il a su que j'étais destinée à lui succéder. Il m'a prit sous son aile, m'a élevé et enseigné tout ce qu'il savait.

Puis un jour il a été démit de ses fonctions et je n'ai pas pu lui dire au revoir. J'ai tout de suite su que c'était à moi de reprendre le flambeau.

Je l'ai fait du mieux que j'ai pu. J'ai soigné, donné des conseils, délivré des prophéties, écouté les Dieux. Mais surtout j'ai élevé Atlas, mon successeur.

Quand j'ai été appelée dehors ce soir là, j'ai tout de suite su que ma fin était proche. Je ne saurais dire ce que j'ai ressenti en voyant ce bébé au pied de l'arbre. Nous, les messagers des Dieux, sommes programmés à ne pas avoir d'émotions. Nous devons être neutres.

Mais je crois que là je commence à ressentir une émotion bien connue de tous les Êtres Vivants. Une émotion que je lis sur le visage de toutes ces personnes autour de moi.