Une Nouvelle Aire

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- Yliana.

Une voix résonne, forte, puissante, venant de partout à la fois.

Je me tourne lentement.

Devant moi se tient un homme très particulier, dont je devine immédiatement l'identité.

Il est relativement grand, élancé. Ses cheveux courts sont d'un noir de jais, alors que ses yeux sont entièrement blancs. Son corps est recouvert de chaînes qui enserrent ses membres. Il est pieds nus, et porte un pagne autour de la taille.

Il me regarde droit dans les yeux, et semble lire en moi.

Il est le successeur d'Altara. Il est le nouveau Grand Prêtre.

- Je suis Atlas.

Sa voix fait vibrer mon corps entier, et je n'ose faire un pas pour m'approcher de lui. Setho vient de disparaître, et je suis un peu secouée.

Je ne sais pas quoi dire, mais il prend rapidement la parole.

- Les Dieux et Déesses vous soutiennent dans votre projet de quitter cette planète.

Je hoche la tête sans vraiment réfléchir, et murmure :

- Je croyais que les Grands Prêtres étaient liés à un souverain..

J'entends par là que, étant donné qu'il n'y a plus d'Humains sur cette planète, je ne vois pas à qui il sera lié, mais il ne me fait pas attendre pour me donner une réponse.

- Ceux qui m'ont précédé, et ceux qui vivront après moi, sont et seront liés à cette planète. Pas à une âme Humaine.

Il s'avance vers moi, et me dépasse.
Je me tourne et viens me mettre à côté de lui, face à l'océan. Il me dit, tout bas :

- Partez librement. Je veillerai sur cette planète. Je la porterai sur mes épaules s'il le faut.

Je sens qu'il dit vrai. Sa voix vibre de toute la puissance des Dieux, mais aussi de la fidélité dont les mortels peuvent faire preuve.

- Merci.

C'est tout ce que je trouve à répondre, mais je pense que ça lui importe peu.

- Où est le corps de Lysandra ?

Je suis surprise par sa question, et je ne peux m'empêcher de le dévisager avec incompréhension. Il ne détache pas ses yeux de l'océan, et je finis par abandonner l'idée de le pousser à me regarder.

Je prends une inspiration tremblotante et dis :

- Nous l'avons brûlé, et nous avons répandu ses cendres dans les airs, et dans l'océan. Comme elle l'a toujours voulu. Elle n'a pas de tombe, elle m'a toujours dit que l'idée qu'on vienne se recueillir quelque part où elle n'est pas la perturbait. Elle préférait qu'on puisse lui parler, la percevoir, de partout.

Un silence s'installe, rythmé par le chant des vagues s'abattant contre les falaises, puis Atlas reprend la parole.

- Elle était sage.

- Elle l'était.

Nous ne disons plus rien pendant un moment, puis je le sens bouger.

Je tourne la tête, et le vois fixer le soleil. Il ne flanche pas, ne plisse pas les yeux.

- Elle est là.

Je porte à mon tour mon attention sur l'astre brillant, mettant une main en visière sur mon front, et plissant les yeux, mais je ne vois pas ce qu'il veut dire.

La Danse du Dragon et de l'ÉtoileOù les histoires vivent. Découvrez maintenant