Désespoir

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Ce n'est pas possible.

Elle nous fait une blague, elle va rouvrir les yeux, elle est évanouie.

Je n'arrive pas à détacher les yeux de la flaque de sang sous son crane, du sang qui coule de ses oreilles, et de sa poitrine qui est immobile.
Alec pleure toutes les larmes de son corps, et lui non plus ne peut pas détacher ses yeux d'elle.

Je me relève, manquant de tomber tant je n'ai plus d'énergie.

Je fais quelques pas hésitants, aveuglée par mes larmes. J'entends Alec qui sanglote de plus en plus fort, jusqu'à pousser un hurlement de rage et de détresse.

Je fais de tout petits pas, sans vraiment remarquer les cadavres qui jonchent le sol.

Soudain, je me retrouve contre quelqu'un, la tête contre une épaule, mon corps pressé contre un autre corps, chaud. Vivant.

Des bras m'enveloppent, des mains serrent mon corps, et je sens le cœur de la personne qui bat contre moi.

- Yliana tu es là.

La voix chuchote d'une voix tremblante d'émotion, et je réalise, c'est Orion.

Je reste contre lui, les bras le long du corps, les yeux grands ouverts, pendant quelques secondes, puis il me lâche.

Il prend délicatement mon menton entre son pouce et son index et me redresse la tête pour me regarder dans les yeux. Mes larmes ne tarissent pas, et je lis toute la tristesse et la compassions du monde dans son regard. Il sait pour Lysandra, elle n'est qu'à quelques pas derrière moi, avec Alec qui la pleure et la pleurera jusqu'à la fin de ses jours.

- Je suis désolé.

C'est la seule chose qu'il arrive à me dire.

Je ne réponds pas et je détourne le regard, avant de repartir à petits pas. Il ne me suit pas mais me regarde faire.

J'avance un peu et tombe sur Orlaith, étalée au sol, au milieu de Sorcières qui tentent de la ranimer en pleurant.

Je vois Aelwyn, abattue devant un grand nombre de ses soldats, morts.

Freya pleure son ours, qui a été abattu.

Je ne vois pas Therelos, je n'ai aucune idée d'où il est.
Et finalement, mon regard tombe sur Heyle, a qui ses sœurs Amazones font un bandage là où devrait se trouver son bras droit. Il lui ont coupé. Elle ne pleure pas, mais je vois que la douleur est atroce.

C'est impossible, ça ne peut pas être arrivé. Ce n'est pas réel. Je vais me réveiller et oublier cet affreux cauchemar.

Mais plus les minutes passent et plus je réalise.

Je suis celle qui s'en sort le mieux, pourtant je suis celle qui est à l'origine de tout ça.

Je n'entends même plus les cris, je n'entends plus le crépitement des flammes, je n'entends plus les pleurs.

Par contre je l'entends bien, la douleur qui dévore mon cœur, mon âme, et menace de me tuer.

Je sens un souffle chaud sur moi, et entends un roulement guttural. Je tourne la tête et arrive à percevoir, entre mes larmes, Vahyr qui me regarde.

Je me place face à son œil et reçois une série d'images : Deux enfants, un petit garçon brun et une petite fille blonde. Deux enfants maigres. Deux enfants vêtus de haillons. Deux enfants qui ont tout perdu. Deux enfants qui nous on rappelé Alec et Lysandra.
Caleb et Aglaé.
Alors je me souviens qu'ils sont toujours chez nous, qu'ils sont toujours près de miens, et que les Ikars sont partis par là.

La Danse du Dragon et de l'ÉtoileOù les histoires vivent. Découvrez maintenant