Un Coup du Destin

𝑪𝒉𝒂𝒑𝒊𝒕𝒓𝒆 𝑻𝒓𝒆𝒊𝒛𝒆

-Adam Anderson-

Quand j'ouvre les yeux ce matin, j'ai l'agréable surprise de retrouver Thea à mes côtés. Sur le ventre, ses jambes se balancent doucement dans l'air tandis qu'elle est absorbée par l'écran de son ordinateur. Une lumière tamisée éclaire son visage concentré, et je ne peux m'empêcher de sourire en la regardant.

Ce n'est pas grand-chose, en apparence. Mais avec Thea, chaque petit geste est une avancée dont je peux me réjouir. De ce que j'ai compris, elle n'a jamais été dans une relation sérieuse. Les subtilités d'une intimité au-delà du charnel lui sont presque étrangères, non par incapacité, mais parce qu'elle n'a jamais éprouvé le besoin ou le désir de s'y aventurer. Elle s'est toujours contentée de relations simples et dénuées d'attaches.

Alors, le fait qu'elle ait pris ma demande en considération – qu'elle soit restée plutôt que de reprendre ses habitudes matinales – est pour moi une petite victoire. Certes, elle travaille déjà, fidèle à ses réflexes de bourreau de travail, mais une étape à la fois. Avec elle, tout se fait dans la nuance et la patience.

Même si ce que nous partageons reste temporaire, et qu'au départ cela semblait surtout physique, je ne peux m'empêcher de vouloir davantage. Je ne suis pas du genre à me contenter d'une simple connexion charnelle. J'ai besoin d'un contact plus profond, d'une affection partagée. Et avec Thea, c'est différent. Elle n'est pas juste une aventure parmi d'autres.

C'est l'amie la plus proche de ma future belle-sœur. Nos chemins seront forcément amenés à se croiser à nouveau. À vrai dire, je suis encore surpris que nos vies ne se soient pas connectées plus tôt. Peut-être est-ce une chance, finalement, que cela arrive maintenant.

Je l'observe en silence un instant de plus, cherchant à capturer ce moment suspendu. Il est trop tôt pour savoir où cela nous mènera, mais une chose est certaine : je ne peux pas – et ne veux pas – traiter Thea comme une femme de passage. Elle est bien plus que cela.

La lumière douce du matin baigne la chambre, dissipant tout doute sur le fait que la matinée est déjà bien avancée. Allongée à mes côtés, Thea est absorbée par l'écran de son ordinateur portable. Ses yeux ne quittent pas son travail, et pourtant, tout chez elle respire une sérénité tranquille.

Je prends un instant pour la contempler, fasciné par la manière dont chaque geste chez elle semble à la fois calculé et naturel. Finalement, je me redresse légèrement et roule sur le ventre pour me rapprocher. D'un geste lent, j'embrasse son épaule dénudée, profitant de la douceur de sa peau contre mes lèvres. Elle sourit doucement lorsque je pose mon menton dans le creux de son épaule, un sourire que je ressens plus que je ne le vois.

- Qu'est-ce que tu fais ? je lui demande, la voix encore alourdie par le sommeil.

- Je check mes mails, répond-elle sans détourner les yeux de l'écran.

Par curiosité, je laisse mon regard glisser sur la myriade de lignes affichées devant nous. La boîte mail de Thea est exactement ce à quoi je m'attendais : impeccablement organisée, mais saturée. Des dizaines, non, des centaines de mails non lus s'affichent. Rien que de les voir, une légère angoisse me gagne.

- Comment tu fais pour t'y retrouver avec tout ça ? je marmonne en roulant à nouveau sur le dos, comme si m'éloigner de cet écran pouvait me protéger du stress latent qu'il dégage.

Thea, qui a bien saisi mon malaise, laisse échapper un rire moqueur.

- Je ne t'ai jamais demandé dans quoi tu travailles, remarque-t-elle en refermant légèrement son ordinateur pour me jeter un coup d'œil.