𝑪𝒉𝒂𝒑𝒊𝒕𝒓𝒆 𝑸𝒖𝒂𝒕𝒐𝒓𝒛𝒆

6 2 0
                                    

-Thea Millers-

Je souffle, essuyant une goutte de sueur sur mon front. Nous avons enfin cessé de nous lancer des piques, mais le silence entre Julien et moi est tout aussi lourd. Je lui jette un coup d'œil furtif. Il est planté là, les bras croisés, l'air aussi agacé que moi. Mais malgré la tension, je n'arrive pas à m'empêcher de sourire intérieurement : il a toujours ce petit côté chien vexé après un affrontement, et ça me fait me sentir légèrement moins seule dans cette situation.

- Tu vois ce que tu m'as fait faire ? je finis par lâcher, le regard planté dans le vide. On s'est complètement perdus à cause de ton arrogance.

Julien soupire bruyamment, comme si l'air qu'il respire était devenu plus lourd.

- Parce que tu crois que j'ai envie de passer l'après-midi à marcher à travers des cailloux et des buissons en ta compagnie, peut-être ? rétorque-t-il en me lançant un regard noir

Je le fixe, exaspérée. Je pourrais répondre, mais cela ne ferait qu'attiser les braises de notre dispute. J'essaie de me concentrer sur l'environnement qui nous entoure. C'est beau, ici, et pourtant, je me sens plus perdue que jamais, dans tous les sens du terme.

Je réalise que plus aucun bruit ne parvient de nos amis devant nous. Pas un bruit de pas, pas une voix. Rien. Pas même un touriste.

Je regarde autour de moi, cherchant des signes de leur présence, mais il n'y a que le paysage aride et l'horizon lointain. L'air est lourd, et l'odeur de la mer semble plus distante maintenant.

- Tu crois qu'ils sont partis sans nous ? demande Julien, l'ironie dans sa voix évidente, mais un brin de nervosité s'y glisse.

Je serre les dents. Cela m'agace, mais au fond, je sais que ce n'est pas totalement impossible. Ils ont dû en avoir marre de nous attendre après tout. Si nos chamailleries les ont poussés à nous laisser derrière, ce ne serait pas si surprenant. Mais dans le même temps, une petite boule d'angoisse se forme dans mon ventre.

- Peut-être qu'on devrait essayer de les appeler ?

Je tente de sortir mon téléphone, mais rien. Pas de réseau. Je jette un coup d'œil à Julien, qui fait de même de son côté. Même constat : aucun signal.

- Super, souffle Julien. On est définitivement dans la merde.

Je reste muette, mais je ne peux qu'approuver intérieurement. La vérité, c'est que ni lui ni moi n'avons de carte, ni la moindre idée de la direction à prendre. Rod et Adam, les seuls qui semblaient connaître l'itinéraire, sont introuvables, et le sentier semble s'étirer à l'infini.

Je savais que cette randonnée était une mauvaise idée. Tout ce voyage est une erreur. C'était censé être quelques jours de détente avant la cérémonie. Au lieu de ça, je suis coincée dans les montagnes, au milieu de nulle part, en compagnie de la dernière personne avec qui je voulais passer du temps sur cette île.

Le soleil commence à décliner, et je n'ose pas imaginer à quoi ressemblera ce sentier une fois la nuit tombée. Julien, de son côté, tente encore d'appeler quelqu'un, sans succès.

- Arrêtons-nous deux minutes, on tourne en rond, ça ne sert à rien.

Je m'assieds le long du sentier, mes yeux se perdant dans l'horizon. Le soleil teinte la mer d'un dégradé de pourpres et de roses, les collines projettent de longues ombres, et la lumière dorée baigne tout dans une douceur irréelle. L'air est chargé de l'odeur du sel et des pins. Ce moment pourrait être parfait, absolument parfait... s'il n'était pas gâché par la présence de Julien.

Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : 4 days ago ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

Un Coup du DestinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant