𝑪𝒉𝒂𝒑𝒊𝒕𝒓𝒆 𝑸𝒖𝒂𝒕𝒓𝒆

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-Thea Millers-

L'ascenseur nous amène jusqu'au palier où se trouve notre appartement. Dès que les portes s'ouvrent, je m'empresse de me débarrasser de mes talons hauts. Le frais du carrelage soulage la douleur de mes pieds instantanément. Je me promène pieds nus, savourant la libération de mes pieds comprimés pendant la soirée, jusqu'à notre porte d'entrée que Rod ouvre. Nous réprimons difficilement un soupir de bien-être en retrouvant le confort de notre logement. J'abandonne mes chaussures dans l'entrée et pars poser le reste de mes affaires dans ma chambre.

- Adam est vraiment sympa. Il a du charisme, je trouve, commence Rod innocemment.

Je fige mon mouvement et me redresse, seule dans ma chambre.

Je me disais bien que Rod était étrangement silencieux. Il est toujours assez euphorique quand on rentre de soirée. Il lui faut généralement au moins une heure avant de redescendre et de pouvoir aller se coucher.

Je décide de ne pas relever. Peu importe la réponse que je peux lui donner, je sais que ça ne fera que me retomber dessus d'une manière ou d'une autre. À la place, je tente de défaire la fermeture éclair de ma robe. N'y parvenant pas toute seule, je retourne dans le salon et montre mon dos à Rod qui comprend. Il vient jusqu'à ma hauteur et défait la première moitié de la fermeture, me laissant m'occuper du reste seule.

- Il te plaît, lâche-t-il soudainement.

Cette fois, je ne peux réprimer un ricanement. La franchise de Rod m'étonnera toujours. Je me retourne vers lui en levant un sourcil.

- Rod, s'il te plaît, ne pars pas dans des théories compliquées. Ne me jette pas dans les bras de ce type en espérant que ça s'arrange avec Julien.

- Julien n'a rien à voir dans l'histoire. Je te parle de toi et de toi seule.

Je soupire. Mon colocataire connaît trop bien mes goûts en matière d'homme. Après ces six ans de colocation, ce n'est pas si étonnant. Mais parfois, je souhaiterais pouvoir rester un mystère pour cet homme trop perspicace.

- Effectivement, Adam est totalement à mon goût, j'admets finalement. Il faudrait être difficile pour ne pas apprécier la vue. Mais il ne se passera jamais rien entre lui et moi, je décrète en partant dans sa chambre pour me changer.

Je pensais avoir mis fin à la conversation pendant que j'enlevais enfin cette robe mais Rod ne semble pas de cet avis.

- Il ne faut jamais dire « jamais », Thea, note-t-il en s'installant dans le canapé. D'autant qu'Adam t'a défendue.

- Face à Julien ? je pouffe depuis ma chambre. Pitié, on n'est plus des enfants. Il était probablement d'accord avec moi, il a donc appuyé mes propos. Ce n'était clairement pas pour se faire bien voir.

- Il n'y a pas que ça. Quand tu as répondu à ton assistant, il t'a défendu face à sa mère. Et en effet, ce n'était pas pour être dans tes bonnes grâces mais parce qu'il est ouvert d'esprit et qu'il accepte qu'une femme veuille réussir professionnellement !

Je me garde bien de lui préciser que j'ai très bien entendu cette partie également. Et la satisfaction que ces paroles m'ont procuré.

Si ces quelques mots en ma faveur suffisent à Rod pour se faire des films, je n'imagine sa réaction si je lui parlais de notre entrevue sur le balcon. 

- Et donc... je passe la tête par l'encadrement de la porte, les yeux plissés. Tout ça te fait penser qu'il en pince pour moi ? C'est ridicule !

Un Coup du DestinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant