𝑪𝒉𝒂𝒑𝒊𝒕𝒓𝒆 𝑺𝒆𝒑𝒕

14 2 0
                                    

-Adam Anderson-

Notre deuxième journée à Sifnos se déroule dans une frénésie d'activités liées aux derniers préparatifs du mariage. Nous commençons la journée par la visite du lieu où se déroulera la fameuse cérémonie, un parc verdoyant et parsemé de parterres fleuris.

De retour à l'hôtel, Camilya et ma mère se sont penchées sur les derniers réajustement du plan de table. Notre grand-oncle Benjamin s'est désisté la veille parce qu'il ne pourra pas faire le voyage à cause de ses problèmes cardiaques. Mais problème : il devait servir de tampon entre notre cousine Charlotte et sa soeur Shelby. Maintenant que nous savons qu'il ne pourra pas prendre l'avion dans quelques jours pour nous rejoindre, c'est panique à bord.

- Sinon, on ne change rien et on laisse ses mégères s'entretuer, soupire Julien en voyant les deux femmes se prendre la tête dans la réorganisation des tables.

Camilya lève les yeux de son carnet dans la seconde et l'observe avec un regard mauvais.

- Concentre-toi sur tes petits sachets au lieu de parler pour rien dire, Thea est en train de te distancer.

Un coup d'oeil à la brune lui suffit pour constater qu'elle enchaîne sachet après sachet, complètement imperméable à la conversation. Il ne faut pas longtemps à mon frère pour se dépêcher de reprendre son activité.

Quand Julien et Thea ont commencé à se chamailler à côté de Camilya alors qu'elle était en plein désespoir à cause de nos cousines, ils ont vite déchanté. Contrairement à il y a quelques jours, la future mariée a rapidement mis fin à leur dispute en les assignant à la corvée des dragées.

Naturellement pour ces deux énergumènes, ça s'est vite transformé en une compétition à celui qui en préparerait le plus ou à celui qui ferait les plus beaux noeuds. Ainsi depuis une demi-heure, les deux gamins sont occupés et fichent la paix aux adultes qui travaillent. Du moins Camilya et ma mère. Mon père lit son journal silencieusement, sachant pertinemment qu'il lui suffira d'approuver le choix des deux femmes.

De mon côté, j'observe Thea, en face de moi, compter minutieusement le nombre de confiseries qu'elle laisse tomber dans les petits sachets en tulle bleus. Il est impensable qu'elle ne sente pas mon regard sur elle. Pourtant elle reste concentrée sur sa tâche, m'ignorant volontairement.

C'est d'ailleurs ce qu'elle s'évertue de faire depuis le début de la journée comme pour me rappeler que notre semblant de rapprochement de la veille ne veut strictement rien dire. Elle a temporairement abaissé ses remparts le temps d'une soirée pour les renforcer dès le lendemain.

Thea est une séductrice. Elle flirte avec le premier venu sans que cela ait une signification particulière pour elle. C'est sa façon de communiquer avec le monde autour d'elle. Alors qu'elle se soit efforcée toute la soirée de ne pas le faire avec moi m'amuse étrangement. Bien sûr, je ne suis pas le seul avec qui elle ne flirte pas. Mais je ne suis ni Julien, qu'elle déteste, ni mon père. Thea peut se voiler la face autant qu'elle le souhaite mais la lueur malicieuse dans ses yeux noisettes me prouve qu'elle aime autant que moi jouer à ce petit jeu.

Mes pensées sont interrompues quand Thea fait glisser une boîte de dragées jusqu'à moi. Le premier regard qu'elle me lance de la journée semble agacé, preuve que mon petit manège fonctionne.

- Plutôt que de rester planter ici à ne rien faire, rends-toi utile, articule-t-elle.

- C'est beaucoup de boulot de chercher ton attention.

Thea me fait les gros yeux avant de s'assurer que nos proches ne m'ont pas entendu.

- Arrête ça tout de suite, grogne Thea, en donnant discrètement un coup de pied sur mon tibia.

Un Coup du DestinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant