Chapitre 7

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Je craignais que Clarke n'ait vendu notre appartement, mais il se trouve que mes clés déverrouillent aujourd'hui encore la porte d'entrée. Les lieux sont vides, il n'y a pas âme qui vive. Je me suis assurée que le Devil's Son soit absent avant d'y pénétrer, bien qu'une part de moi aurait souhaité le voir à nouveau.

J'allume les lumières et constate que rien n'a changé durant mon absence. Les meubles et les éléments de décoration sont à leur place, en revanche, une fine pellicule de poussière les recouvre. L'entretien de l'espace de vie est négligé. À moins que l'environnement ne soit plus habité...

Le cœur lourd, je traîne des pieds jusqu'à la pièce principale. Je dépose mon trousseau de clés et mon sac de sport sur le comptoir de la cuisine, tout près d'une feuille de papier froissée. Intriguée, je la déplie et y découvre les mots que j'avais rédigés à l'attention de Clarke, le jour de mon départ d'Ann Arbor, il y a trois ans. L'encre est à peine visible. Le temps, les larmes et la fureur du Devil's ont détérioré cette lettre dans laquelle je lui faisais mes au revoir. Je l'imagine non sans mal la réduire en boule lors de ses accès de colère. En revanche, je suis surprise qu'elle y ait survécu. Je pensais qu'il l'aurait jetée à la poubelle ou au fond des toilettes, après l'avoir déchirée en mille morceaux.

Je replie la feuille de papier et l'abandonne à l'endroit exact où je l'ai trouvée, quelque peu chamboulée. Cette soirée est haute en émotions, si bien que je ressens le besoin de m'asseoir un moment. Je pivote sur mes jambes et lorgne le canapé. C'est alors que j'aperçois sur le mur du fond une carte de l'Amérique épinglée.

Je contourne le meuble et m'en approche avec curiosité. Certains lieux sont mis en évidence tandis que d'autres sont barrés d'une croix dessinée au feutre rouge. J'aperçois mon prénom inscrit près de l'Ohio, suivi d'un point d'interrogation. Et plus loin, à droite de la carte, est affiché un article de presse qui relate l'arrestation des BloodBro.

Clarke m'a cherchée. Pendant tout ce temps, il n'a pas cessé de me chercher avec pour projet de me ramener à la maison. Au fond de moi, j'aurais aimé qu'il me retrouve. Je crois même qu'à une époque, je l'aurais suivi sans montrer trop de résistance.

Nom de Dieu, il faut que je sorte d'ici avant que les regrets ne causent l'implosion de mon cœur.

Je m'empresse de gagner mon ancienne chambre, puis m'engouffre dans mon dressing. J'ouvre mon sac de sport sur le sol et en sors les quatre grosses enveloppes de cash qui s'y trouvent.

Je gardais ce sac au fin fond du coffre de ma voiture depuis des années, au cas où je devrais fuir Hamilton de toute urgence, mais faute d'en avoir un autre en ma possession, j'ai pris celui-ci pour transporter quelques vêtements ce soir.

Je fourre dans le bagage les affaires qui me semblent nécessaires à mon séjour, puis le balance sur mon épaule. Je ramasse les enveloppes et, les bras encombrés, je retourne au salon, là où j'ai laissé mes clés.

Tout à coup, un son strident est émis en provenance du couloir menant à l'entrée. Si mon cœur s'affole et manque un battement, mon corps, lui, réagit instinctivement. Il est paré pour affronter n'importe quel ennemi. Je pivote sur mes jambes, solide sur mes appuis, et...

Rien.

Il n'y a personne, le couloir est vide. Je suis quelque peu perplexe, croyant même avoir été victime d'une hallucination auditive, jusqu'à ce que du mouvement à terre attire mon attention. Je découvre Heimdall , le chaton que Clarke et moi avons adopté à l'époque où nous vivions tous les deux dans cet appartement. Il émet un nouveau miaulement à mon attention en guise de bienvenue.

Un nœud se forme à l'intérieur de ma gorge et évolue en sanglot. Un sanglot bruyant que j'étouffe en plaquant ma paume sur ma bouche. Je me débarrasse de mes affaires, que j'abandonne sur le comptoir de la cuisine, puis tombe à genoux. Je tends la main en direction de Heimdall et le laisse venir à moi. Il sent mes doigts. Après quoi, il se frotte contre mes flancs et ronronne de plaisir. Alors, je m'autorise à le prendre dans mes bras. Il n'est plus aussi léger qu'à l'époque. Il a atteint sa taille adulte, après tout.

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⏰ Dernière mise à jour : May 30 ⏰

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